Jeudi 25 novembre : Toujours à Rabat

Hier soir, Amina nous a supplié de rester jusqu’à samedi matin. Nous n’avons pu résister à son souhait. La visite de Rabat et de Salé n’étant pas terminée.

A peine le petit déjeuner terminé le chauffeur de taxi arrive et nos embarque, direction musée archéologique vivement conseillé par Paul. Nous avons un réel aperçu des différents sites de fouilles du pays, passés et présents.

De jolis bronzes, de beaux nus qui me font prendre conscience du poids de la religion. La jeune fille qui nous accompagne ne comprend pas pourquoi on ne leur met pas une jupe. « Celui qui veut voir il soulève la jupe » dit-elle à Amina. Cette histoire de jupe fait partie des fous rire de la journée, le sketch est revenu à plusieurs reprises. Nous avons pu aussi admirer le buste de Jubas II. Beaucoup de similitude avec nos sites gallo romain. (Pièces de monnaie, lampe à huile, fibules, poteries…).

Hier après midi, Amina nous avait aussi amenés au bazar, sorte de souk situé à côté des Ouaïdas, copie conforme de ce que je trouve au Sénégal, ou ailleurs, je crois qu’ils se ressemblent un peu tous. J’ai pu admirer de beaux tapis entre autres. Ce qui caractérise celui-ci, c’est qu’il est abrité par une grande verrière qui lui apporte un style particulier.

En sortant du musée archéologique, nous passons par la villa des Arts, site culturel entièrement rénové qui abrite de grandes expositions. Il y a justement une belle exposition du peintre André Elbez , peintre franco marocain. Il est présent, à un moment je pourrai discuter avec lui. Ce qui est particulier chez cet artiste, c’est qu’il détruit son œuvre et la met dans des vitrines. La deuxième partie est à voir à Casablanca, j’aimerais la voir.

Puis, nous descendons l’avenue Mohamed V, je prends quelques photos souvenirs. Nous sommes aujourd’hui dans une phase touristique, pourquoi pas ?

Entrée dans la Médina Souika pour y effectuer quelques courses et direction El Ouja,  dans la campagne où nous sommes invités. Grand repas tagine de poulet safran, salade de riz, verte et haricots verts. Nous mangeons par terre. (Feul arld en arabe, orthographe incertaine). Le repas, bien sûr se prolonge, Amina et moi ne bougerons pas, nous ferons une sieste sur place, la première depuis le départ !

Goûter, thé, gâteaux, et encore les crêpes locales… Toujours allongée  sur les peaux et tapis qui jonchent le sol de la pièce où nous nous trouvons. Nous allons récupérer les kilos perdus.

Jamaa, une jeune fille de la famille,  fait de la tapisserie artisanale, Abdelkrim le frère lui a été potier pendant presque 20 ans. Ce sont des personnes qui ont des dons naturels. Dommage qu’ils ne soient pas monnayés à leur juste niveau. Nous repartirons bien sûr avec un petit exemplaire de sa fabrication.

Retour, un peu d’Internet, et repas d’Amina. Une soupe de légumes que nous n’oublierons pas. Amina est une cuisinière hors paire. Il fait bon vivre chez elle. A tous points de vue.

Journée calme,  repos  avant de repartir pour de nouvelles aventures.   Oui, vraiment rien d’extraordinaire à raconter.

J’ai de belles photos à vous communiquer mais quel travail…

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Mardi 23 novembre : Rabat

Réveil tranquille. Alain découvre l’environnement d’Amina qui le met tout de suite à l’aise. Puis, nous partons dans le quartier. Comme la veille, elle est aussi interpellée par les gens de la rue. En plus, elle est d’une courtoisie extrême, si bien que pour chaque personne qu’elle rencontre dans une boutique ou ailleurs, il y a tout le cérémonial de rigueur. Nous rechargeons nos téléphones, celui d’Alain est bloqué, il s’est fait avoir avec une carte piratée, le mien repart. Il faut faire attention à tout.

Ensuite, direction banque, photographe pour les photos d’identité de la demande de visa (pour le passage en Mauritanie).

Ier acte :

On rentre chez le photographe, il y a du monde en attente. On me fait asseoir. Il doit prendre en photo quelqu’un dans la pièce qui sert de studio. Mais il ordonne les opérations comme un militaire. Un pauvre monsieur très handicapé ressort avec une dame, complètement affaibli.

On pourrait imaginer qu’il va développer la photo, non, le photographe boit un coup d’eau à la bouteille, il bricole, puis on le voit prendre ses batteries et les mettre en charge, il s’assoit ensuite et modifie une photo sur Photoshop, il gesticule se relève boit à nouveau, se rassoit…  un drôle de type bien nerveux. Il ne parle à personne.

A un moment donné, on se regarde tous les trois, même pensée, nous sortons et partons sans dire au revoir !

2ème acte :

Chez la potière, on s’achète un super moule à tagine pour trois fois rien. « Monsieur Paul », nous le ramènera du Maroc au printemps prochain. Nous sommes très contents. C’est du naturel, du vrai artisanat local.

3ème acte :

Nouvelle séance chez un autre photographe. Un couple très ouvert à l’opposé du type que nous venons de rencontrer. Prise de vue en studio, il nous prend pour un couple et veut nous photographier sur un genre de canapé doré ! On lui explique que l’on veut des photos officielles pour visa. On rit. Nous avons l’impression d’être au spectacle, enfin, moi surtout.

Les photos sont retouchées et développées par la dame qui parle très bien le français. Elle me rajeunit de 20 ans ! Du coup, je lui en fais faire plusieurs pour offrir, ce n’est pas tous les jours que j’ai encore 40 ans !!!

On parle du projet. Je leur donne l’adresse du site. Les gens sont très intéressés par sa nature et sont très touchés par ce que l’on fait pour l’Afrique. Ils veulent en savoir plus.

4ème acte :

Scènes de rue, les jeunes vendeurs aiment se faire photographier et j’adore les capter dans mon viseur, notre joie est partagée. On s’amuse, on rit, on s’étonne mutuellement, Amina est au centre de la partie. Nous terminons chez son marchand de légumes privilégié, toute la famille vient nous saluer. La fille de la maison revient avec nous, elle va aider Amina à faire le couscous, car il est déjà tard. Je pensais qu’elles n’y parviendraient et bien non, en une heure trente, tout est prêt.

Le couscous :

Royal, le mot n’est pas trop fort. Léger, très digeste, malgré la viande de mouton. Quel plat. On s’est régalé jusque plus faim. Je ne dirai pas à s’en faire péter la sous ventrière, car nous n’en avons plus mais, à s’en gaver.

Merci Amina, tu ne sais pas quel plaisir tu nous as procuré. C’était notre premier couscous marocain (à tous les deux). Du coup, le repas s’est prolongé et le chauffeur de taxi nous a patiemment attendus.

Départ à l’ambassade de Mauritanie. Papiers en main nous débarquons à l’ambassade. Trop tard, les visas ne sont enregistrés que le matin à partir de 9 heures. Nous reviendrons demain.

Direction le site de Sala (Chellah) présente les vestiges de la première occupation humaine de Rabat. La ville entourée d’une muraille date de 144 après JC, elle semble être une vraie cité à l’image de celle de Nasium (mon village) puisque, l’époque romaine y a laissé ses traces : thermes, forum, hammam, fontaine…

Quel calme autour de la fontaine aux anguilles. Trente cinq chats vivent en harmonie autour de cette fontaine sous la surveillance du marabout local. Des nids de cigogne font concurrence à ceux d’Alsace. Ils sont posés sur les minarets et non sur les églises ou sur les arbres. Nous assistons au retour des occupants à la tombée de la nuit. C’est phénoménal ces vols d’oiseaux qui arrivent de partout. Une multitude d’aigrettes viennent s’installer dans les arbres autour des cigognes pour la nuit. Nous ressentons une plénitude qu’il est difficile de décrire. Le ciel est en harmonie. Coucher de soleil, ciel très doux.

J’ai dit hier que je n’aimais pas Rabat, je rectifie, je n’aime pas le quartier que j’ai visité. Ceux traversés aujourd’hui me séduisent plus, il faut dire aussi que le soleil a brillé toute la journée sur la ville et que je suis soulagée de tous mes problèmes.

Nous terminons la promenade par la tour Hassan illuminée mais fermée, nous y reviendrons demain.

Retour à la maison, sortie dans Salé le soir, séance cybercafé, heureux de passer nos textes et de récupérer vos messages. Mais nouvelle immersion dans le quartier. Tout le monde sait que je suis la voisine de « Monsieur Paul » et me demande de ses nouvelles. Ils ne comprennent pas qu’il ne soit venu avec moi !

Nous terminons la soirée en mangeant la deuxième partie du couscous…

Amina nous remplit de bonheur, c’est l’expression d’Alain !

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Lundi 22 novembre 2010 : Rabat

Nuit douce et calme dans un lit douillet. Petit déjeuner léger volontairement.

Je vais essayer de profiter de ces quelques jours à Rabat pour rééquilibrer un peu la nourriture.

La douleur à la cuisse s’estompe de jours en  jours.  Je pense que le muscle n’aura pas de séquelles, les hématomes apparaissent maintenant en soulageant la douleur, je pense.

Nous partons à la recherche d’un marchand de vélo à la pointe. Cela existe ici, il faut seulement le trouver. Les Décathlon d’Espagne l’était au niveau des marques, du matériel, peut être que celui de Rabat le sera également.

Mais avant, quelques écarts, nous allons manger chez la voisine qui a préparé le Tagine au mouton. Visite de la maison, cérémonial de circonstance. Ecran plat mural qu’on m’allume et feuilleton, pub de m… On ne se parle plus, scotchées devant ce mur d’images complètement surréalistes par rapport au contexte où nous nous trouvons. Alors je pose des questions : qu’est-ce que ces émissions vous apportent, je donne l’exemple du Sénégal où toute la convivialité que j’ai connue au début est disparue avec l’arrivée de la télé. Finalement, Fatima éteint le poste et nos retrouvons la discussion.

Elle le rallumera plus tard pour me montrer les CD du mariage de sa sœur. Un vrai mariage de princesse et de prince. Fastueux, la cérémonie, la réception, la mise en scène et le reportage. (J’ai vu un CD environ, il y en avait 5 !)

Puis, nous prenons le taxi, le chauffeur est un ami d’Amina, un vieux monsieur à la Mercedes qui a fait plus que son temps. Il me fait découvrir les quartiers en même temps qu’il conduit. Nous arrivons dans la Médina de Salé. Manifestement, ce n’est pas là que nous allons trouver une solution, les réparateurs de vélo n’ont que quelques vieilles pièces et n’ont jamais vu une roue comme celles que je leur présente. Je demande où se trouve le Décathlon de Rabat, personne ne connaît. Le chauffeur encore moins. Le problème, c’est que je ne domine pas la situation. Direction Rabat, je demande à un couple de femmes qui me paraissent  évoluée en comparaison aux coutumes locales. Elles me confirment que les marques là sont bien présentes à Rabat, mais je ne pourrai y aller. Le chauffeur et Amina en décide autrement et me font rencontrer un  ènième bricoleur, mais oh, surprise, c’est le bon.  En fait, le pneu d’origine a dû être abimé par le mec de Ceuta qui me l’a retiré la première fois. Je ne vois que cela. Je trouve donc un nouveau pneu de route, il me retend le rayon qui bouge et m’assure que je peux repartir.

Je me sens exténuée, je n’aime pas Rabat, qui a dû être superbe en son temps et qui fait aujourd’hui l’effet d’une ville à bout de souffle. A revoir demain, peut être dans un contexte différent car j’étais morte d’angoisse  à cause du vélo.

Nous regagnons Salé par la côte, mais je ne prends aucun plaisir à regarder les illuminations de la plage ou des avenues. Je m’endormirais dans le taxi si je me laissais aller maintenant que tout est fini.

 Coup de téléphone : Alain est à Salé. Ah, celui là, c’est quand on ne l’attend plus qu’il se pointe ! Je passe le téléphone à Amina qui essaie de le situer avec le gars du télé centre d’où il appelle. Nous tournons dans des quartiers malfamés pendant une heure avant de le retrouver. Heureusement, le vieux monsieur est charmant et ne perd pas patience, on ne peut plus le situer, son téléphone n’est plus activé, et le rappel du télé centre n’est pas possible. Et soudain, je le découvre sur le trottoir opposé, ouf…  Tour du prochain rond point et c’est bon. Le chauffeur met vélo et bagages dans le taxi et retour à la maison.

Amina prend le temps de nous préparer un excellent repas poisson légumes, toutes les deux nous nous couchons exténuées.

Demain demande de visa pour la Mauritanie.

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Dimanche 21 novembre 2010 : Ksar es Seghir – Rabat

Il me fallait regagner une grande ville rapidement pour régler mes problèmes, il y avait deux solutions :

 -  Faire une déclaration à mon assurance, et faire marcher le service rapatriement sur Rabat, mais j’ai compris que cela posait un sérieux problème à la personne qui m’a renversée.

-  J’ai préféré la solution intermédiaire. Il m’a donc proposé de m’amener à Rabat chez Amina où je devais arriver d’ici quelques jours.

Ce monsieur est chef d’entreprise de maçonnerie, il emploie 38 personnes. Abdelha est son « homme de confiance », il est comptable et gestionnaire de l’entreprise. Ils ont un bon contact ensemble. Dans la voiture, j’ai pu mesurer la complicité qui les lie. Intéressant de voyager avec des Marocains, en l’espace de 3 jours, j’ai un aperçu réel de la vie au pays. Abdelha fait une analyse lucide de la situation, du monde aussi, j’apprécie sa compagnie.

Il m’a aussi expliqué le contexte local par rapport au trafic de drogue. Cet un phénomène d’une ampleur que je n’imaginais pas. Dans la vie, il y a de curieuses circonstances, quand j’ai surplombé la mer en Espagne et quand j’étais sur le bateau, je pensais à l’importance de cet espace de mer, la jonction de l’océan et de la méditerranée : la plaque tournante du commerce entre les deux continents, le passage des clandestins, les trafics de toutes sortes, c’est facile de franchir une distance de 14 km avec les bolides de la mer. Quatre moteurs puissants à l’arrière. Trois hommes à bord. Tout est organisé. El les caisses bien répertoriées et rangées.

Le soir sur Thalassa, je découvrais une émission sur les narcotrafiquants entre le Maroc et l’Espagne. Tout à fait ce qu’Abdelha venait de m’expliquait. Sans commentaires.

Vous devez penser que j’ai fréquenté de drôles de personnages, non, rassurez-vous, ils sont comme vous et moi. Mais ils fument du hasch et du shitt. Ils m’ont tout montré. Ils fumaient même dans la voiture et voulait que je tire sur leur clope ! Nous avons beaucoup rit. Il y a aussi Mohamed, qui touche un peu à la peinture et qui revend de la poterie. Celui là, c’est aussi un personnage. Il a toujours sa pipe berbère à la main et prend ses doses régulièrement. Adhelha vient tirer régulièrement dessus. Le patron les engueule régulièrement dés qu’il arrive, ils arrêtent et recommence à l’occasion.

Au moment du départ, je vais faire mes adieux à l’artiste dans l’abri qui doit lui servir de gîte. Quelle ne fut ma surprise, j’y découvre un grand jeune noir. Un clandestin en attente de passage sûrement. On cause, il m’ex plique, je comprends, je lui parle de mon expédition. Echange qui me touche, que de souffrance dans ce monde… Je mesure une fois de plus les inégalités, que faire ?

Nous partons, j’ai touche  de près et pour de vrai tous les axes que je  défends….

Nous prenons l’autoroute, copie conforme de ceux de France, et pour cause, ce sont les sociétés françaises qui les ont installées.

J’y découvre un certain nombre d’installations géantes, un site de défense américain. Les serres de cultures de la fraise, des bananes. Et puis la construction d’une immense d’une usine Renault qui s’implante à une centaine de Km de Rabat, nouvelle délocalisation ou nouveau marché ?

Nouveau contact téléphonique avec Amina et nous  trouvons sa maison à Salé sans problème. Elle nous accueille chaleureusement, c’est une femme au grand cœur. Je le savais puisque c’est l’amie de Paul. Paul, pour ceux qui ne le connaisse pas, c’est mon voisin, il a travaillé en tant que géologue pratiquement toute sa carrière au Maroc. C’est lui qui a constitué les cartes géologiques du  Maroc, celle de la région de Marrakech en particulier. Avec Amina, je suis donc en lieu sûr.

D’emblée, elle a offert une petite collation à tout le monde. J’aime ces contacts entre personnes qui ne sont jamais rencontrées. Belle fraternité. C’est gai, c’est sincère et je comprends que je suis au centre de leur discussion. Ils repartiront assez rapidement, Amina prend leur adresse et passera les voir un de ces jours.

Visite de la maison d’Amina très accueillante,  puis de l’étage de Paul. Jolies poteries anciennes au centre de son espace. On y trouve aussi de magnifiques et nombreux exemplaires de la région de Fès ici et là. Des peintures locales et des photos souvenirs décorent les murs.

Tous les murs sont recouverts de céramiques typiques. Celles de sa maison, bleus, vertes, ocres, elles apportent aux pièces un aspect particulièrement chaleureux du « bien vivre ».

Petites discussions entre femmes, et nous voilà parties visiter le quartier. Commerces, salles de jeux, étalages de rue, cyber café. J’ai l’impression d’être au Sénégal, couleur de peau en moins. C’est très convivial. Amina connaît tout le monde. Le problème, c’est que nous n’avançons pas ! Cela me fait rire et je me sens bien au milieu de ces gens.

Je passe au cybercafé rapidement pour dire que je n’ai plus d’accès Internet facile. Ici, au Maroc, le réseau Internet wifi n’existe pas, sauf peut être dans les grandes villes, je ne sais encore. Par contre, les gens disposent d’un petit modem et se connectent individuellement. A partir de maintenant, je vais donc préparer mes textes sur mon ordi et les passer au moyen de ma clef USB dans les cybers.

Nouveau tagine aux pruneaux, avec du veau cette fois, c’est délicieux.

Et nuit réparatrice en perspective. Demain, je cherche des solutions pour remettre mon matériel en état.

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Samedi 20 novembre : Ksar es Seghir

Je fais du sur place, et cela ne me plaît pas bien.

Ce matin, mon guide s’est pointé plus tard que prévu ce qui m’a permis d’alimenter encore un jour ou deux en photos. Je suis loin d’avoir terminé.

L’hôtel où je me trouve fait bar restaurant mais n’ouvre qu’à midi. Pas de chocolat au lait ce matin… Heureusement que j’avais quelques réserves sur place.

Mes deux gars sont arrivés pas très frais. La fête ou autre chose. Vélo dans le 4X4, direction Ceuta, cette fois. Après recherche, ils trouvent un gars qui accepte de faire le travail. Mais on doit attendre, qu’importe, je donnerai beaucoup de temps pour récupérer ma roue en état. Nous allons donc déjeuner dans  un café sur la corniche. Grand petit déjeuner avec pain marocain.

Abdelah me raconte une partie de sa vie. Ses études (licence sciences humaines), ses ratés, ses aventures et ce qu’il voudrait construire… C’est un jeune homme foncièrement bon, il doit s’en sortir. Avec lui, j’apprends beaucoup sur la vie du pays, du secteur.

La roue du vélo est réparée, enfin, on nous dit,  j’essaie, cela ne me satisfait pas, mais je n’ai pas confiance en ce type alors que celui de la veille était très bien mais n’avait pas la bonne clef. Finalement en rentrant, on s’aperçoit que le pneu est mal remonté. Un autre jeune est appelé. Celui-ci s’y prend bien, il redresse la roue remonte le pneu mais il est toujours en vrille. Il fait un essai avec un pneu neuf,  le problème est réglé, mais le rayon n’est pas réparé et un pneu VTT sur du bitume pas évident ;

 

Affaire à suivre, là où cela se corse, c’est que j’ai le muscle de la cuisse touché. Demain, je fais un diagnostic.

Bon, j’ai vu le pays, Tanger hier, Ceuta aujourd’hui, le Maroc est un joli pays. Un peu vallonné sur le secteur, par contre, c’est drôle les montées ne me font plus peur.

Et les paysages sont impressionnants, admirables. Le port qui est ouvert depuis 3 mois est en train de bouleverser cette région. Par exemple, une maison est décorée un peu bizarrement, je demande pourquoi ? Les propriétaires sont expropriés. Ils contestent. Superbe maison en bord de mer, coin idyllique. Toute une vie de labeur, imaginez…

On construit aussi un barrage à proximité, pour alimenter le port, si j’ai bien compris. En eau, en électricité ? Il n’a pas su me dire.

Il y a aussi beaucoup d’éoliennes sur les hauteurs de cette pointe du pays. Je pensais que l’on en trouver qu’en Europe.

Je mange nourriture locale, c’est excellent. Un genre de ragoût de bœuf aux pruneaux, je ne vous dis pas. Ce soir poissons à volonté… Et j’adore le pain.

Voilà, la journée, j’assume.

Alain, n’est pas perdu, il est déjà arrivé à Meknés, mais le coquin, il ne donnait de nouvelles à personnes !

Voilà le point du jour !

J’ai vu que Sarko vous avait fait « un long bavardage confus », comme je vous plains et que les magrébins lorrains avaient tué illégalement 160 moutons. Ils ne disent pas si c’est dans leur baignoire ! (Je plaisante)

Où en est l’équipe de foot de Nancy ? André, tu me dis sur facebook ?

J’ai aussi une grande pensée à toutes et tous ceux qui sont sur le marché du monde de Nancy dans le cadre de la SSI.

Allez bye.

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Dimanche 14 novembre : Visite de Gibraltar : 50 km

Par SMS, je propose à Alain de me rejoindre étant donné le prix de la chambre et qu’elle se situe à proximité du port pour l’embarquement futur.

Je l’attends au croisement, là où je suis allée prendre un chocolat, j’ai trouvé une boutique ouverte, j’y ai achète des gâteaux de Valencia (genre de biscuits), délicieux.

Arrivée d’Alain, le père Moreno lui attribue une chambre pas très agréable, même avec l’aération, c’est difficilement tenable, mais Alain ne veut pas que j’en demande une autre. Ah, les canalisations espagnoles, quel problème, elles doivent être branchées sur les fosses septiques, pas possible autrement.

Ne nous plaignons pas de la France.

C’est sûr qu’en comparaison avec les palaces des « Albergue juvenil », c’est l’opposé côté confort.

Bon, nous décidons en attendant que nos colis arrivent d’aller visiter Gibraltar bien que le temps ne soit pas très agréable : profiter et découvrir un maximum de sites, de ville, telle est ma devise.

Après s’être égarés sur de petites plages, il faut se résigner à reprendre l’autovia, nous parcourons 25 km pour atteindre notre but.  En même temps, nous pénétrons dans la vie citadine un dimanche matin.

Les gens vont à la messe. Ici la religion est très présente,  les personnes pratiquantes m’apparaissent plus nombreuses qu’en France même si le pays connaît aussi un net recul. C’est une population plus jeune qui fréquente l’église. La vierge est vénérée partout jusque dans les vitrines, endroits publics ou privés. Sur les rétroviseurs intérieurs de voiture, le chapelet est là. Croyance ou superstition ?

Quelques photos, un avion qui rejoint le ciel, sur une piste très courte, nous verrons quelques instants plus tard que la piste et la route sont confondues, feux rouges au moment des envols, c’est drôle tout cela.

Il existe une vie bouillonnante à Gibraltar, un peu en dehors du monde. Douane, contrôle deux fois. Entrée dans la GB traditionnelle où rigidité et flegme anglais s’opposent.

Petite paëlla en passant, la dernière avant le Maroc. (La meilleure aussi) Nous ne pénétrerons pas vraiment la ville, nous comprenons rapidement que boutiques d’alcool ou de gadgets se succèdent, à quoi bon continuer ?

Nous remontons sur nos vélos pour cette fois, atteindre la pointe de l’Europe. Le ciel est de plus en plus gris et menaçants. Surprise à l’arrivée, la route débouche sur une mosquée qui domine le site. Un peu plus loin, une petite église semble lui donner la réplique.

Mais sur la mer : vues gigantesques.

Les photos seront ternes, on ne peut pas avoir toujours les conditions idéales à la prise de vue. Nous repartons rapidement, enfin je crois, Alain ne me suit pas, alors que d’habitude, il me double rapidement. La pluie commence à tomber, il a dû reprendre la même rive qu’à l’allée alors que je contourne le site. Je pensais qu’on allait se retrouver à la douane. Personne. La pluie, le vent redoublent de puissance. Je décide d’appuyer sur les pédales et de rentrer au plus vite. Alain rentrera beaucoup plus tard, roue à nouveau dégonflée.

Bonne douche, je cuisine les gambas achetées la veille et riz (sans curry). La lessive sera pour demain.

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Photo du jour

Photo du jour Devant l'Europe et L'Afrique

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Samedi 13 novembre : Marbella – Algésiras 96 km

Départ à 9 h 30, l’étape devrait être assez longue.

Alain qui a repéré la veille des rues typiques dans le quartier ancien nous les fait descendre pour regagner la fameuse nationale 340.

Petit village dissimulé dans la grandeur de la ville. Que des merveilles ! Minuscules ruelles, petites places : les murs sont recouverts de chaux.  Les devantures de magasins ou  restaurants sont dans le style. La verdure  grimpe partout, d’une façade à l’autre, d’une rue à l’autre. Dommage, les bougainvilliers sont en  hibernation.

Photos que je vous ferai bientôt partager. Puis, on s’élance sur le bitume. Pas plus évident que la veille, j’ai hâte d’en finir avec cette route. Heureusement, elle longe la côte, et l’on peut distinguer régulièrement la grande bleue.

Nous roulons bien, pour 13 heures nous avons fait moitié du parcours. En faite, la distance est plus courte que prévue.

Repas sur une plage de l’Estepona. Je n’ai pas d’appétit. Plus envie de sandwich. J’essaie de trouver quelque chose qui me change, je vais acheter un kebab mouton. C’est mieux. Il faut dire que mes intestins n’ont pas trop  aimé le dernier repas du restaurant…

Du coup, nous envisageons un repas riz pour le soir car ceux de mon compagnon ne sont guère mieux que les miens.

L’ambiance de la plage n’est pas terrible, bout de route devant un burgerking, c’est comme cela qu’on les appelle ? Et anniversaire d’une jeune Barbie. Tout le folklore y est, la couronne, les plateaux et les parents qui attendent sagement que cela se passe.

Cet évènement contraste avec le style de petites filles que nous avons souvent  rencontrées. Petit gilet bleu marine, et jupe plissée de bon goût (Style kilt anglais). Ce sont souvent les uniformes des écoles privées, je pense.  Un soir avec Claude, nous les avions remarquées, elles jouaient à la corde comme dans ma jeunesse. (La princesse à marier). C’est loin tout cela, peut être que la Wii va un jour reprendre tous ces jeux, ce qui permettrait de les remettre au goût du jour !!! Bon, je m’évade, mais vous savez, le fait d’être en dehors de tout,  procure un retour sur le passé, sans pour autant dériver, rassurez-vous. D’ailleurs, la route nous ramène souvent à la réalité.

On passe toujours sur de jolis ponts. Quand mes photos seront au point, je pourrai faire une planche de ponts. La différence avec ceux de France, c’est qu’ici, les rios sont à sec ou pratiquement. Il ne passe plus d’eau sous les ponts, une rigole au mieux.  J’imagine le jour où ils vont se remettre à couler, le déluge de détritus que la mer va recevoir d’un seul coup….

Ce que je n’ai pas dit également, c’est qu’à l’entrée et sortie, de pratiquement chaque ville balnéaire, on rencontre soit une stèle, soit une flèche, soit un ancien bateau ou encore un symbole local.  C’est à celle qui en imposera le plus pour attirer le touriste !

Le repas ne se prolongera pas et n’aura pas le même retentissement que la veille, d’autant plus qu’il n’y aura pas de piste le long de la plage, que j’ensable ma gazelle et que nous nous empêtrons dans un « urbanisationnes » (sorte de lotissement) Pour sortir de là, nous devrons emprunter  le passage surplombant l’autoroute, c’est dur de pousser, de tirer le vélo mais pas d’autres solutions pour retrouver le sens de la marche. Pas gai ; mais sitôt sur le vélo, j’oublie tout et repars dans mes rêves.

Algésiras approche, on veut faire quelques courses pour le repas du soir, et il me manque une chambre à air pour la remorque, celle de Décathlon ne convient pas, pas de solution pour l’instant.

Puis on gagne Algésiras pour trouver l’auberge de jeunesse, on découvre qu’elle est à 8 ou 10 km, il faut faire vite mais ce que l’on ne sait pas, c’est que ce n’est que de la montée et la nuit nous surprend rapidement.

Je monte bien, même en fin d’étape, plus rien à voir avec mes débuts où j’étais trop fatiguée. Mais le danger apparaît, je me fais klaxonner à plusieurs reprises, bien que je roule sur le côté et que j’ai ma lumière rouge à l’arrière… J’ai la peur qui me monte, j’ai hâte d’arriver. Alain est juste devant moi. A un moment, il n’y a plus de bande de sécurité, je descends et marche.  Je m’arrête pour remettre mon gilet de sécurité, Alain ne s’aperçoit pas de mon arrêt.

J’attends une dizaine de minutes au centre d’un bourg, puis j’en ai marre, il reste environ 3 km, je n’ai plus envie de prendre ce genre de risques, je décide de faire demi tour et de prendre un hôtel s’il le faut. La bande  de sécurité de la descente est bien plus large que celle de la montée, ouf, plus de soucis. A l’entrée de la ville, je demande à une femme qui s’inquiète de me voir tirer cet engin aérodynamique, où je pourrais trouver une chambre. Elle m’envoie chez Moreno. Je trouve sans  difficultés, sonne et je vois apparaître une sorte de Francis Blanche, en pyjama, robe de chambre, digne des Tontons Flingueurs, malgré la situation burlesque, je me sens rassurée, il m’ouvre son garage, range gazelle et attelage et je monte à la chambre !!!

Ambiance pension de famille des années 50, personnage, meubles, lit, tou mais le matelas est bon ! Comme il en existait à Lourdes ! Qu’importe, je suis soulagée, et en plus, j’ai Internet gratuit.

Au fait, c’est mon anniversaire, plutôt raté, mais ce n’est pas grave, j’ai eu plein d’appels que je n’ai entendus, j’ai aussi plusieurs SMS, merci à tous.

A 22 heures, je reçois  un SMS d’Alain qui demande où je suis. Notre tandem, n’est pas au point.

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Mardi 9 novembre 2010 Alméria Camping la Garrofa

Photos également prise du bus

Après l’envol de Claude

Des serres à perte de vue

Des serres à perte de vue

Nous vous écrivons de la gare routière d’Alméria :

Quelle nuit !        

Même avec les pierres, tout bougeait.

Claude m’appelle quelque temps après être couchées. Elle pense que nous devrions déménager dans les toilettes. Je lui réponds : « Oui, mais si notre matériel s’envole ? » Finalement, nous resterons sous la tente, mais nuit dantesque ! Ce que nous avons vécu là était pire que la tempête vécue par Claude en Normandie en 2005.

Au matin, le vent n’est pas calmé, il faut se rendre à l’évidence, nous ne pouvons pas reprendre le vélo. Rangement du matériel, petit déjeuner dans les toilettes (impossible d’ouvrir quoi que ce soit dehors et surtout pas le camping gaz).

Puis, nous reprenons vélo pour gagner à nouveau Alméria et la station de bus. Je suis morte de trouille, le vent me déporte vers le large, et il n’y a que 30 cm de hauteur au parapet. Dessous c’est la mer à 50 mètres. Je marche en implorant la bonne étoile que cela s’arrête vite.

On gagne la gare routière péniblement et à peine arrivées, nous tombons sur un jeune couple en tandem qui vit la même situation que nous. Ils ont dû aussi prendre le bus et choisissent de faire une journée de repos en espérant des jours meilleurs. Discussions, échange d’adresse blog, et peut être retrouvailles au FSM, car de Casablanca, ils doivent partir au Sénégal pour plusieurs mois.

Plus tard, nous verrons encore de nouveaux cyclistes dans la même situation.

Nous devons attendre le bus jusque 15 h 30 et envisageons de visiter la ville, plan en main, nous essayons de partir gaiement. On fait 300 m et je vois Claude prête à s’envoler. Dommage que je n’avais pas la caméra, c’était du sensationnel. Hallucinant ! Les gens semblaient flotter sur les trottoirs. Il faut se rendre à l’évidence, on ne peut plus avancer. On retourne squatter la gare et attendons sagement notre bus.

C’est dommage que l’on ne puisse pas continuer. Mais si on veut être à Malaga le 11, nous n’avons pas d’autres solutions. Nous avons les dates à respecter, mais nous avons aussi promis de ne prendre aucun risque alors la sagesse l’emporte.

Nous devrions retrouver Alain ce soir ! Oui, nous l’avons retrouvé et nous sommes à l’auberge de jeunesse de Malaga.

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Lundi 8 novembre 2010 : Aguilas – Almédia en bus

Réveil de bonne heure pour aller prendre le bus à 9 h 40. C’est ce que nous avons décidé car une nouvelle épreuve de montagne nous attend et mon genou est loin d’être au top, la nuit a encore été pénible.  Le gardien du camping nous a tiré les horaires hier soir.

Pendant la toilette, une dame engage la conversation sur ces deux bonnes femmes à vélo, elle est irlandaise, me voilà partie dans une discussion avec mes quatre mots d’anglais. Je lui explique le sens du projet. Elle est à la fois étonnée, n’en croit pas ses oreilles, me fait répéter  et sans que je ne m’en rende compte elle me saute au coup et m’embrasse pour m’encourager à persévérer. Nous vivons une véritable chaîne de l’amitié.

Le petit déjeuner est bref puisque dans notre Sierra espagnole, il n’y avait pas de boulanger et que le dimanche, c’est difficile d’en trouver.

Nous voilà partie à la recherche d’un bus, trouver déjà la gare routière. Nous arrivons à l’heure. Pas de bus mais des personnes qui attendent. Un bus, deux bus, trois bus arrivent chargent et pas le nôtre. Renseignements pris il ne viendra que pour midi. Claude qui meurt de faim, va chercher quelques courses. J’en profite pour avancer dans le carnet de route. Puis un chauffeur nous fait savoir qu’on ne prend pas les vélos dans la soute. Aie.

Finalement, nous tombons sur un chauffeur compréhensif qui les accepte, ainsi que mon carrosse bien sûr. Deux heures de route et nous voilà au cœur de la ville. Nous en sortons immédiatement pour chercher le camping qui doit être assez proche.

Dés la sortie de la gare routière nous sommes en lutte avec un vent que nous n’avons jamais connu. Celui des environs de Séte n’était rien à côté de celui là. Nous tenons à peine sur le vélo. A plusieurs reprises, nous avons failli être projetées à terre. Claude a failli rentrer dans une voiture. Moi, j’ai peur. Peur de tomber, peur pour mes genoux. Je fais plusieurs descentes à pieds. Heureusement le camping annoncé à trois km est bien à cette distance. Nous nous y installons péniblement. Nous sandwicherons, ferons la lessive qui sèche en une heure, nous nettoyons le vélo, la remorque…. Finalement, nous ne voyons pas comment nous pourrions faire à manger dans ces conditions là, nous sommes fatiguées de ce vent atroce, nous décidons d’aller au petit restaurant du camping. On se console comme on peut !

Entre temps le monsieur de la réception a bien voulu me laisser son ordinateur pour ajouter un plus au carnet de route.

Actuellement, nous sommes respectivement dans nos tentes, nous ne savons pas encore comment nous allons pouvoir dormir. Nous venons de les « arrimer » avec des grosses pierres  en réduisant la prise au vent pour qu’elles ne s’envolent pas. C’est assez impressionnant, la mer gronde mais comme nous sommes environ à 50 mètres du bord, Claude n’est pas gênée par les vagues.

Personnellement, je n’ai jamais connu cela même sur l’Atlantique.

Les jours passent, on devrait être à Malaga pour le 11 novembre, si cela continue, on devra prendre à nouveau le bus.

Quel vacarme même  avec les boules Quiés, la nuit s’annonce mouvementée.

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