Réveil tranquille. Alain découvre l’environnement d’Amina qui le met tout de suite à l’aise. Puis, nous partons dans le quartier. Comme la veille, elle est aussi interpellée par les gens de la rue. En plus, elle est d’une courtoisie extrême, si bien que pour chaque personne qu’elle rencontre dans une boutique ou ailleurs, il y a tout le cérémonial de rigueur. Nous rechargeons nos téléphones, celui d’Alain est bloqué, il s’est fait avoir avec une carte piratée, le mien repart. Il faut faire attention à tout.
Ensuite, direction banque, photographe pour les photos d’identité de la demande de visa (pour le passage en Mauritanie).
Ier acte :
On rentre chez le photographe, il y a du monde en attente. On me fait asseoir. Il doit prendre en photo quelqu’un dans la pièce qui sert de studio. Mais il ordonne les opérations comme un militaire. Un pauvre monsieur très handicapé ressort avec une dame, complètement affaibli.
On pourrait imaginer qu’il va développer la photo, non, le photographe boit un coup d’eau à la bouteille, il bricole, puis on le voit prendre ses batteries et les mettre en charge, il s’assoit ensuite et modifie une photo sur Photoshop, il gesticule se relève boit à nouveau, se rassoit… un drôle de type bien nerveux. Il ne parle à personne.
A un moment donné, on se regarde tous les trois, même pensée, nous sortons et partons sans dire au revoir !
2ème acte :
Chez la potière, on s’achète un super moule à tagine pour trois fois rien. « Monsieur Paul », nous le ramènera du Maroc au printemps prochain. Nous sommes très contents. C’est du naturel, du vrai artisanat local.
3ème acte :
Nouvelle séance chez un autre photographe. Un couple très ouvert à l’opposé du type que nous venons de rencontrer. Prise de vue en studio, il nous prend pour un couple et veut nous photographier sur un genre de canapé doré ! On lui explique que l’on veut des photos officielles pour visa. On rit. Nous avons l’impression d’être au spectacle, enfin, moi surtout.
Les photos sont retouchées et développées par la dame qui parle très bien le français. Elle me rajeunit de 20 ans ! Du coup, je lui en fais faire plusieurs pour offrir, ce n’est pas tous les jours que j’ai encore 40 ans !!!
On parle du projet. Je leur donne l’adresse du site. Les gens sont très intéressés par sa nature et sont très touchés par ce que l’on fait pour l’Afrique. Ils veulent en savoir plus.
4ème acte :
Scènes de rue, les jeunes vendeurs aiment se faire photographier et j’adore les capter dans mon viseur, notre joie est partagée. On s’amuse, on rit, on s’étonne mutuellement, Amina est au centre de la partie. Nous terminons chez son marchand de légumes privilégié, toute la famille vient nous saluer. La fille de la maison revient avec nous, elle va aider Amina à faire le couscous, car il est déjà tard. Je pensais qu’elles n’y parviendraient et bien non, en une heure trente, tout est prêt.
Le couscous :
Royal, le mot n’est pas trop fort. Léger, très digeste, malgré la viande de mouton. Quel plat. On s’est régalé jusque plus faim. Je ne dirai pas à s’en faire péter la sous ventrière, car nous n’en avons plus mais, à s’en gaver.
Merci Amina, tu ne sais pas quel plaisir tu nous as procuré. C’était notre premier couscous marocain (à tous les deux). Du coup, le repas s’est prolongé et le chauffeur de taxi nous a patiemment attendus.
Départ à l’ambassade de Mauritanie. Papiers en main nous débarquons à l’ambassade. Trop tard, les visas ne sont enregistrés que le matin à partir de 9 heures. Nous reviendrons demain.
Direction le site de Sala (Chellah) présente les vestiges de la première occupation humaine de Rabat. La ville entourée d’une muraille date de 144 après JC, elle semble être une vraie cité à l’image de celle de Nasium (mon village) puisque, l’époque romaine y a laissé ses traces : thermes, forum, hammam, fontaine…
Quel calme autour de la fontaine aux anguilles. Trente cinq chats vivent en harmonie autour de cette fontaine sous la surveillance du marabout local. Des nids de cigogne font concurrence à ceux d’Alsace. Ils sont posés sur les minarets et non sur les églises ou sur les arbres. Nous assistons au retour des occupants à la tombée de la nuit. C’est phénoménal ces vols d’oiseaux qui arrivent de partout. Une multitude d’aigrettes viennent s’installer dans les arbres autour des cigognes pour la nuit. Nous ressentons une plénitude qu’il est difficile de décrire. Le ciel est en harmonie. Coucher de soleil, ciel très doux.
J’ai dit hier que je n’aimais pas Rabat, je rectifie, je n’aime pas le quartier que j’ai visité. Ceux traversés aujourd’hui me séduisent plus, il faut dire aussi que le soleil a brillé toute la journée sur la ville et que je suis soulagée de tous mes problèmes.
Nous terminons la promenade par la tour Hassan illuminée mais fermée, nous y reviendrons demain.
Retour à la maison, sortie dans Salé le soir, séance cybercafé, heureux de passer nos textes et de récupérer vos messages. Mais nouvelle immersion dans le quartier. Tout le monde sait que je suis la voisine de « Monsieur Paul » et me demande de ses nouvelles. Ils ne comprennent pas qu’il ne soit venu avec moi !
Nous terminons la soirée en mangeant la deuxième partie du couscous…
Amina nous remplit de bonheur, c’est l’expression d’Alain !