Dimanche 21 novembre 2010 : Ksar es Seghir – Rabat

Il me fallait regagner une grande ville rapidement pour régler mes problèmes, il y avait deux solutions :

 -  Faire une déclaration à mon assurance, et faire marcher le service rapatriement sur Rabat, mais j’ai compris que cela posait un sérieux problème à la personne qui m’a renversée.

-  J’ai préféré la solution intermédiaire. Il m’a donc proposé de m’amener à Rabat chez Amina où je devais arriver d’ici quelques jours.

Ce monsieur est chef d’entreprise de maçonnerie, il emploie 38 personnes. Abdelha est son « homme de confiance », il est comptable et gestionnaire de l’entreprise. Ils ont un bon contact ensemble. Dans la voiture, j’ai pu mesurer la complicité qui les lie. Intéressant de voyager avec des Marocains, en l’espace de 3 jours, j’ai un aperçu réel de la vie au pays. Abdelha fait une analyse lucide de la situation, du monde aussi, j’apprécie sa compagnie.

Il m’a aussi expliqué le contexte local par rapport au trafic de drogue. Cet un phénomène d’une ampleur que je n’imaginais pas. Dans la vie, il y a de curieuses circonstances, quand j’ai surplombé la mer en Espagne et quand j’étais sur le bateau, je pensais à l’importance de cet espace de mer, la jonction de l’océan et de la méditerranée : la plaque tournante du commerce entre les deux continents, le passage des clandestins, les trafics de toutes sortes, c’est facile de franchir une distance de 14 km avec les bolides de la mer. Quatre moteurs puissants à l’arrière. Trois hommes à bord. Tout est organisé. El les caisses bien répertoriées et rangées.

Le soir sur Thalassa, je découvrais une émission sur les narcotrafiquants entre le Maroc et l’Espagne. Tout à fait ce qu’Abdelha venait de m’expliquait. Sans commentaires.

Vous devez penser que j’ai fréquenté de drôles de personnages, non, rassurez-vous, ils sont comme vous et moi. Mais ils fument du hasch et du shitt. Ils m’ont tout montré. Ils fumaient même dans la voiture et voulait que je tire sur leur clope ! Nous avons beaucoup rit. Il y a aussi Mohamed, qui touche un peu à la peinture et qui revend de la poterie. Celui là, c’est aussi un personnage. Il a toujours sa pipe berbère à la main et prend ses doses régulièrement. Adhelha vient tirer régulièrement dessus. Le patron les engueule régulièrement dés qu’il arrive, ils arrêtent et recommence à l’occasion.

Au moment du départ, je vais faire mes adieux à l’artiste dans l’abri qui doit lui servir de gîte. Quelle ne fut ma surprise, j’y découvre un grand jeune noir. Un clandestin en attente de passage sûrement. On cause, il m’ex plique, je comprends, je lui parle de mon expédition. Echange qui me touche, que de souffrance dans ce monde… Je mesure une fois de plus les inégalités, que faire ?

Nous partons, j’ai touche  de près et pour de vrai tous les axes que je  défends….

Nous prenons l’autoroute, copie conforme de ceux de France, et pour cause, ce sont les sociétés françaises qui les ont installées.

J’y découvre un certain nombre d’installations géantes, un site de défense américain. Les serres de cultures de la fraise, des bananes. Et puis la construction d’une immense d’une usine Renault qui s’implante à une centaine de Km de Rabat, nouvelle délocalisation ou nouveau marché ?

Nouveau contact téléphonique avec Amina et nous  trouvons sa maison à Salé sans problème. Elle nous accueille chaleureusement, c’est une femme au grand cœur. Je le savais puisque c’est l’amie de Paul. Paul, pour ceux qui ne le connaisse pas, c’est mon voisin, il a travaillé en tant que géologue pratiquement toute sa carrière au Maroc. C’est lui qui a constitué les cartes géologiques du  Maroc, celle de la région de Marrakech en particulier. Avec Amina, je suis donc en lieu sûr.

D’emblée, elle a offert une petite collation à tout le monde. J’aime ces contacts entre personnes qui ne sont jamais rencontrées. Belle fraternité. C’est gai, c’est sincère et je comprends que je suis au centre de leur discussion. Ils repartiront assez rapidement, Amina prend leur adresse et passera les voir un de ces jours.

Visite de la maison d’Amina très accueillante,  puis de l’étage de Paul. Jolies poteries anciennes au centre de son espace. On y trouve aussi de magnifiques et nombreux exemplaires de la région de Fès ici et là. Des peintures locales et des photos souvenirs décorent les murs.

Tous les murs sont recouverts de céramiques typiques. Celles de sa maison, bleus, vertes, ocres, elles apportent aux pièces un aspect particulièrement chaleureux du « bien vivre ».

Petites discussions entre femmes, et nous voilà parties visiter le quartier. Commerces, salles de jeux, étalages de rue, cyber café. J’ai l’impression d’être au Sénégal, couleur de peau en moins. C’est très convivial. Amina connaît tout le monde. Le problème, c’est que nous n’avançons pas ! Cela me fait rire et je me sens bien au milieu de ces gens.

Je passe au cybercafé rapidement pour dire que je n’ai plus d’accès Internet facile. Ici, au Maroc, le réseau Internet wifi n’existe pas, sauf peut être dans les grandes villes, je ne sais encore. Par contre, les gens disposent d’un petit modem et se connectent individuellement. A partir de maintenant, je vais donc préparer mes textes sur mon ordi et les passer au moyen de ma clef USB dans les cybers.

Nouveau tagine aux pruneaux, avec du veau cette fois, c’est délicieux.

Et nuit réparatrice en perspective. Demain, je cherche des solutions pour remettre mon matériel en état.

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