L’étape doit être courte, une cinquantaine de km. Nous nous réveillons calmement, enfin, je pense. Sylvain me dit qu’il lui manque un certain nombre d’affaires. (Gourdes, compteurs de Syvain, piquets d’Alain ont disparu).
Dans la nuit, j’ai entendu marcher, j’ai cru que mon voisin se relevait, je n’ai pas voulu jouer à la nana qui surveille tout et suis repartie dans le sommeil. C’est moche, Sylvain n’a déjà pas grand-chose, et le peu qu’il avait, on lui a pris. Sa pince à outils aussi.
Cela me dégoute de voir qu’on s’en prenne à de pauvres cyclistes. Bon, le déjeuner fait passer la pilule. En partant, je le signalerai quand même à la réception. Le gardien joue l’ignorance et accuse presque Sylvain d’avoir tenté le diable parce qu’il n’a pas de tente. On se sauve rapidement. Rien à dire.
Une première côte pour sortir de la ville, quelques achats arrivés en haut dont de l’eau. Sylvain m’annonce que ce n’est pas la bonne direction, m’étonne pas !
On redescend pour remonter aussitôt. Tout de suite des hauteurs exceptionnelles à grimper, avec un vent de face aussi exceptionnel que sont les côtes. Mais on n’a pas le choix, c’est aussi beau aussi paisible que la veille. Le problème, c’est qu’on souffre tellement à pousser sur les pédales que l’on ne peut pas profiter du paysage.
Il fait chaud, on consomme de l’eau. Nous devons franchir la dernière barre de l’Anti Atlas. Nous avons pris cette route pour éviter les grosses difficultés de celle de Tiznit à Guelmim. Il ne faut pas rêver, que ce soit sur l’une ou sur l’autre, il faut dépasser cette région.
Les deux hommes en bavent autant que moi. Nous nous arrêton en haut d’une bosse, mais nous mangeons en contre bas de la route, sous les cocotiers, près d’un puis. Nous avons parcouru 16 km à la vitesse de 8,9 km à l’heure… Désespérant, le vent ne tombe pas, il single le front, la tête au bout d’un moment semble coincée dans un étau.
Soudain, devant nous, se trouve un grand gars costaud que nous avons entre aperçu la veille. Il fait du vélo couché. Il passe avec son mini bus jaune bien aménagé, il a vu nos vélos et s’arrête pour nous faire coucou. Le vélo est suspendu à l’arrière de son mini bus.
Petite causerie, il va prendre un bain à la cité thermale près de Guelmim. Il est déjà remonté dans sa voiture quand je vais lui demander s’il peut prendre ma remorque. Il est d’accord, mais comment la récupérer le soir. Finalement, mon matériel chargé, je pars avec lui. Soulagée à la fois, mais complètement déçue. Je voulais terminer tout à vélo étant donné les deux sauts de puce que j’ai déjà effectués en Espagne et à mon arrivée au Maroc. Et comme un moment de honte est vite passé, je passe un agréable après midi avec ce monsieur très sympathique mais sûrement très marginal.
Premier arrêt aux thermes d’Abaynou. C’est une petite station thermale située dans l’enceinte d’un camping qui contient 4 camping car ! L’eau sort à 39°, elle est réputée pour ses vertus thérapeutiques contre les maladies de peau et les rhumatismes.
Je pense à Alain qui serait renforcé dans son point de vue sur les auto caristes. Un couple de la soixantaine (les bénéficiaires des trente glorieuses comme il les appelle) sont étendus dans leur chaise relax comme deux statues et lisent bras et jambes écartés leur quotidien favori « style Voici » ou autres.
Il est vrai que la scène est pour le moins cocasse ! Faire autant de km pour cela.
Ensuite, direction Guelmim pour se restaurer. Il est déjà un peu tard pour trouver un restaurant. Un jeune guidera mon chauffeur pour atteindre le centre ville. Mon équipier mange énormément, mais là, il est battu. Bénito, (il doit bien peser 130 kg) se fait servir deux repas après le traditionnel plat de crudités. Je suis ébahie de voir avec quel plaisir, il s’envoie le tout. Je ris, je le lui dis d’ailleurs. Il me renvoie la balle et explique alors au jeune marocain que je pars pour Dakar et me traite de folle.
Puis on reprend la direction de la sortie de la ville où on s’arrête à la porte d’entrée. Les villes marocaines sont souventabritée de remparts, quand ce n’est le cas, souvent les villes construisent de fausses portes.
Je remets le matériel en état de rouler, j’attends mes deux gaillards qui arrivent plus qu’épuisés. Heureusement que j’ai fait ce choix.
L’hôtel que j’ai retenu ne leur convient pas, nous en trouvons une à 40 dirhams au lieu de 50 mais il faut payer la douche chaude, cela revient au même et là-bas elle était beaucoup plus clean. Enfin, il faut savoir s’incliner dés fois.
Repas poulet/frites, cyber. Tout marche, je place quelques articles et promets le reste pour le lendemain. Dodo bien mérité ensuite.
Je ne sais pas ce que l’Avatar et son cyclo racontent sur leur carnet de route. Pas le temps de lire le site et comme on ne communique pas à ce sujet, je ne demande rien. Lisa, son épouse, dit que nous n’avons pas les mêmes points de vue sur les évènements ou personnes rencontrées. Normal, chacun les vit avec son ressenti, sa culture, sa manière de ressentir les choses.
Quant à ce journal de bord, qu’on veuille bien me pardonner les fautes, les répétitions. Je n’ai pas toujours le temps de les relire à froid. Ce sont des notes que je prends au fil des jours pour me souvenir des gens, du burlesque comme des émotions, du vécu tout simplement. N’y voyez donc pas une prose littéraire, je n’en ai aucune prétention.
Allez à bientôt, demain, journée de repos.