Vendredi 26 :
Il n’y a pas grand-chose à signaler sur la journée d’hier vendredi, je n’en ferai pas un compte rendu spécifique. Le matin, révision et rangement du matériel. Quand j’ai remonté la roue du vélo, elle n’était pas encore au point, nous sommes retournés chez un mécano. Un jeune d’à peine 20 ans a tout de suite compris ce qui n’allait pas, du coup, je lui ai fait remettre le pneu d’origine, il fallait simplement bien le centrer et surtout le gonfler à bloc. Et tout à été réglé. Enfin, je pouvais repartir confiante. Entre temps, un jeune gamin, sans doute, me dérobe ma gourde. C’est plutôt embêtant.
Au sujet de mon vélo, je tiens à remercier mon fils du choix qu’il a fait pour les roues. Si j’en avais eu une normale, je peux vous dire qu’elle aurait été complément repliée par le choc avec le 4 X 4.
L’après midi, Amina tenait à nous faire visiter Salé, la grande mosquée en particulier, je ne sais pas ce qui s’est passé un type a voulu nous guider et nous n’avons eu que des ennuis, je n’avais qu’une idée en tête sortir de là, le plus rapidement possible.
Le chauffeur de taxi n’a pas écouté la demande d’Amina qui voulait repasser par une pâtisserie qu’elle connaît bien. Du coup, arrivée à la maison, elle lui a demandé de la reconduire dans Salé ville. Ah, cette femme, elle est repartie faire des achats pour nous remplir les sacoches de gâteaux, fruits et j’en passe.
La soirée a été un peu tristounet… Ce matin, nous avons du mal à la quitter, il faut dominer ses sentiments. Espérons qu’elle va pouvoir obtenir son passeport cette année, et venir découvrir la France et … mon village.
Amina aura été notre logeuse, notre restauratrice, notre guide, notre facilitateur, notre interprète pour ces jours passés à Salé et Rabat, j’aurais aimé l’emmener dans mon carrosse africain, d’autant plus qu’elle était d’accord ! Je tiens à la remercier vivement ainsi que Paul qui bien sûr y est pour beaucoup dans cet accueil marocain.
Samedi :
Nous avons de bons conseils, donc nous traversons Salé et Rabat pour gagner la route du bord de mer sans problème. Le temps, ce matin, n’est pas terrible, nous faisons avec, comme on dit, vent fort tantôt de côté, tantôt de face, puis le soleil apparaît, ce qui change tout, puisque la mer passe du gris au bleu/vert. Mais le vent ne faiblit pas, au contraire il ne fait que progresser.
La route est bonne, comme c’est samedi, elle est sans doute moins fréquentée qu’en pleine semaine. Il y une bonne largeur pour la bande de sécurité, nous roulons donc sur cette partie. Le revêtement est de bonne qualité. Peu de montées, seulement quelques côtes à 3 ou 4 %, cela pourrait être une étape idéale si ce n’était le vent.
D’un côté, nous avons la mer, une côte assez rocheuse, les vagues bien sûr, sont à la fête. De l’autre, c’est la campagne. Comme il pleut un peu, tout est vert. C’est beau.
Dans cette partie du Maroc, les gens conduisent mieux, je ne me sens pas en insécurité. Cela me soulage car j’avoue que je suis assez traumatisée par l’accident.
A chaque rond point, la gendarmerie royale est présente. Quel étonnement quand, les gendarmes se mettent au garde à vous pour mon passage !
Tout au long de la route, nous rencontrons des petits paysans qui viennent vendre leurs produits. Légumes, champignons, volailles aussi. Des poules superbes comme on n’en voit pratiquement plus en France. Un grand étalage fruits et légumes me fait rêver. Nos bagages sont plein à craquer et la charge est lourde à traîner, n’en rajoutons pas.
Pour le repas, nous arrêtons sur une aire de station service, car jusqu’ici nous n’avons pas trouvé grand-chose. J’ai des vivres mais il faut mieux les garder au cas où ? Alain est sorti quand je me fais interpeller par les voisins de table, qui s’étonnent de la présence des deux cyclistes. Ils n’en reviennent pas de la distance déjà parcourue, pourtant ce voyage est à la portée de tout sportif qui en a envie. Si j’arrive à le faire, cela veut dire qu’une majorité de personnes ferait encore beaucoup mieux que moi ! Nous discutons un moment, mais je ne parle pas trop de la nature du projet ni de ce qui va se dérouler à Dakar, mieux vaut rester discrète par moment… Ce monsieur est accompagné de deux français, d’un allemand et d’un marocain. Et nous consommons le repas. Poulet au safran et frites. J’essaie de préserver mon système digestif et ne tâte pas trop de la nourriture pigmentée. Nous jetons un œil sur l’alignement de tajine qui mijote doucement sur le côté. Je n’ai pas le réflexe photo dommage.
Une demi-heure plus tard, il se lève et vient nous dire qu’il a réglé la note. Alors là, heureusement que nous sommes assis, nous ne réalisons pas bien ce qui nous arrive. C’est pourtant bien cela. Que dire, que faire, sinon accepter ? En sortant, les hommes tournent autour de la remorque. N’ont jamais vu cet engin, sans doute ! Belle leçon encore.
Sous le coup de l’émotion, j’oublie de le photographier. On échange nos adresses, il est intéressé par la suite du parcours. Il nous donne aussi quelques conseils. Attention au sud marocain… C’est un administrateur des « Grands Moulins SKIRAT ».
Nous enfourchons à nouveau les bécanes, nous devons lutter de plus en plus fortement contre ce vent qui ne cesse de s’intensifier.
C’est l’automne ici aussi, les arbres ne jaunissent pas comme en France, par contre, à Rabat notamment, c’est la taille. Des garnitures des jardins, mais aussi des palmiers dans les villes. On taille les palmes et on rase le tronc. La verdure est présente partout dans la ville de Rabat. En plus des travaux du tramway, nous avons dû affronter aussi le travail des jardiniers.
La pluie se met à tomber sous le soleil, un immense arc en ciel envoute le ciel derrière nous. C’est une petite pluie qui ne dure pas mais qui traduit bien que le temps est détraqué.
Nous terminons dans une vraie tempête, dans le style de ce que nous avons connu en Espagne. Pour une reprise, c’en est une ! Nous ne pouvons atteindre Casa, il reste 30 km, c’est préférable de chercher un hébergement à Mohammédia.
Après un contact infructueux dans un hôtel, nous acceptons la proposition de passer la nuit dans un appartement meublé. Et quelle surprise ! Nous pénétrons dans un salon immense. Je ne comprends rien de ce que je découvre, il me faut un temps pour réaliser lorsque nos vélos sont rangés dans une courette contigüe et que nous nous trouvons seuls que ce décor nous appartient pour la nuit.
C’est immense, des tentures, du velours, des coussins, il y en a partout, tout en bleu. Il ne manque qu’Internet ! Je pense que ce lieu appartient à des personnes d’un rang assez aisé de la société marocaine, du monde du droit sans doute à voir les livres dans la pièce voisine, qui ont dû être mutés quelque part.
Nous prenons un repas léger de riz et divers, j’essaie de recadrer mon système digestif après ces jours de repas gargantuesques.
Nous prenons quand même nos précautions pour la nuit en attachant les vélos, mettant sécurité aux portes, etc, etc. Je passe une nuit agréable dans un grand lit d’un mètre soixante de largeur.