Dimanche 28 novembre 2010 : Mohammédia – Casablanca 26 km

Petit déjeuner raisonnable, et c’est parti. Non, presque, le vélo d’Alain est crevé. Changement de chambre à air sur le trottoir car une personne vient récupérer la clef de l’appart.

Un monsieur accoste Alain, il est marocain et réside en Suède. Il vient passer ses vacances régulièrement ici. Il donne quelques conseils, ne pas boire d’eau du robinet par exemple. C’est ce que je fais. Les gens nous parlent beaucoup, il faut se faire violence pour les quitter.

Essai de gonflage dans les stations sans résultats malgré l’adaptateur que je possède et qui fonctionnait en Espagne. C’est dimanche les boutiques sont fermées.

Nous prenons la route côtière mais ne voyons pas la mer, on la respire simplement. Nous traversons une zone industrielle sans grand intérêt.

Je constate que le Maroc est un pays en pleine évolution. L’industrie est présente. Des travaux de grandes ampleurs sont programmés ici et là dans tous les domaines surtout touristique et même culturel. A Rabat par exemple, se construit un grand musée d’art contemporain. J’ai oublié de dire aussi qu’un tramway doit relier Salé à Rabat, il devrait entrer en fonction rapidement.

Nous pénétrons Casablanca sans nous en rendre compte, et subitement, j’aperçois la grande mosquée. Nous ne sommes plus loin du centre ville. Un panneau indique aussi l’auberge de jeunesse, nous sommes donc aux abords de la Médina. Il reste à la pénétrer pour trouver l’hôtel de la victoire. Je pousse le vélo quand un monsieur d’un certain âge se dirige vers moi. Plus de soucis à se faire, il nous y emmène et devient ainsi notre guide de Casablanca. Il s’appelle Mohamed Buizi. Il a vécu  en France, travaillait dans un centre de personnes âgées dans le 5ème arrondissement de Paris situé à côté de la résidence du Président Mitterrand. Il est photographe de métier. Dans la suite de la discussion, on comprend tout de suite que c’est un artiste avec toute la philosophie qui en découle.

Il a été élevé dans un orphelinat financé par le ministère jeunesse et sports français à la sortie de la guerre et ne l’oubliera jamais. Il nous cite tous les noms des personnes qui géraient cet établissement. Quand il comprend que j’étais de Jeunesse et Sports, il me demande de lui retrouver le livre où était inscrit son nom. Je doute que le musée de jeunesse et sports ait des traces de cette institution, mais sait-on jamais ?

Il nous explique que Madame Liautey, qui les visitait régulièrement, le prenait dans ses bras elle arrivait avec des camions de matériel dont des jouets de toutes sortes. Ses yeux brillent, je suis époustouflée par cette mémoire intacte. Dans l’après midi, je le filmerai.

Il nous emmène dans le secteur d’un petit marché de quartier très familier. Nous goûterons à la cuisine traditionnelle faite sur place par des fatmas impressionnantes tant par le verbe que par la taille. C’est drôle tout cela. Le repas poisson est excellent. Mohamed me conseille de prendre le reste de citron et de me laver les mains à la fontaine toute proche. Très délicat en plus, cet homme.

Il y a une grosse manifestation en ville, à cause des évènements de Laâyoune. J’aimerais voir même si je pense que c’est partisan. Ce monsieur se propose de m’y emmener. Pas envie de voir la mosquée que je connais déjà pour y l’avoir visitée de long en large il y a deux à trois ans. Hélas, la manif est terminée, elle commençait ce matin à 10 heures. Les manifestants s’éparpillent, en brandissant soit le drapeau, soit la photo du roi sur la poitrine. La jeunesse semble beaucoup plus patriotique que la nôtre. Mais est-ce spontané ?

Nous revenons dans son secteur de prédilection, le petit café devant l’auberge de jeunesse, là où je l’ai trouvé ce matin. Il me parle de son travail, ici. Il a été 10 ans père aubergiste. De ce qu’il y a vécu. Il a trois vies cet homme ! De ses rencontres aussi, avec la femme du président canadien qui venait s’y installer pour rencontrer les gens, trouver la vraie vie. Il me montre des témoignages de jeunes internationaux, me parle de l’histoire de la ville, m’emmène au port d’où l’on se fait virer par un policier un peu sectaire…

Il a aussi la magie en prédilection et me fait trois ou quatre tours qui me laissent pantoise. Quel homme !

Entre temps, les commerçants de la Médina ouvrent les magasins, l’animation reprend son cours. C’est bientôt l’effervescence d’un dimanche après midi.

A la terrasse du café, un couple de jeunes vient s’installer à nos côtés. On discute d’emblée. La jeune fille n’est pas voilée, manifestement, elle tient un discours différent de celles que j’ai pu rencontrer jusqu’ici. C’est bien. Peut être la manière de vivre de la future génération ? Nous terminerons la soirée ensemble ; ces deux jeunes nous emmènent dans un quartier populaire pour acheter des sandwichs aux crevettes délicieux, puis à déguster une soupe d’escargots et nous font visiter la ville illuminée en nous donnant des détails explicatifs très judicieux pour une approche plus facile.

Il existe une association de femmes qui géré l’implantation des boutiques de ce fameux breuvage d’escargot. Cette tâche est réservée aux femmes seules. Toutes les implantations sont numérotées. Retenez le N° 66, succulent parait-il. Personnellement, je n’ai pas osé y goûter, je suis fragile et doit faire attention à tout, j’ai de trop mauvais souvenirs de mes voyages sénégalais, la prudence est donc de rigueur.

 Retour à la case départ, au petit café de la place du commerce, je me dérobe discrètement pour aller faire un petit tour au cyber bien que je n’aie pas de textes « prêts à poster ». Une discussion avec mes proches est toujours la bienvenue et me permet de poursuivre dans les meilleures conditions.

Demain la route doit continuer vers Marrakech.

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