Dimanche 12 décembre 2010 Essaouira – Tamanar 80 km

Fin de nuit crispante, les crevettes passent mal. Sans commentaire.

Alain n’est pas mieux que moi. L’origine de son trouble n’est pas le même que moi. Il a mangé des œufs un peu périmé chez Gérard. Ils ont été intoxiqués tous les deux.

Je suis contente car ses mollets ne sont guère plus vigoureux que les miens. Nous allons donc à un rythme moins  cadencé qui me convient bien pour un nouveau départ plein sud. Le vent et le beau temps sont revenus. Je ne sais pas comment je me débrouille, ce matin, un vent souffle encore de côté/face. Il ne durera pas, chance.

Gérard nous aide à sortir de la ville. Finalement, je ne l’ai pas rencontré comme je l’aurais souhaité. Dommage, mais on se reverra, à Paris ou ailleurs.

Nous grimpons et tombons tout de suite dans des paysages fantastiques de montagne, le soleil nous accompagne, nous changeons de paysage, de climat également. Nous attaquons tout de suite des côtes à 4 voire 6 %. C’est la même difficulté qu’en Espagne. Pas les mêmes angoisses certes.

Pour certains, le bonheur est dans le pré, moi, il est sur le vélo. Même avec les intestins en vrille ! C’est beau, c’est calme, les arganiers bordent les routes, je ne connaissais pas cet arbre, je ne connaissais pas le travail de ramassage et d’exploitation de ce fruits.

Nous faisons des photos. Les paysages nous offrent un espace de paix qu’il est difficile de décrire. C’est vaste, les arbres sont vieux, ressemblent un peu à l’olivier, mais après avoir traversé la région, on ne fait plus la confusion.

Ils font le régal des chèvres qui les escaladent et dégustent le fruit merveilleux. D’après ce que me dit Alain, les gens récupèrent les noyaux dans les selles des bestiaux, il a déjà été digéré, donc l’amande est plus facile à récupérer.

Lors d’un arrêt, je suis attirée par de petits bruits secs et vifs, serait-ce celui de l’éclatement de ces fruits. Nous pénétrons dans une coopérative de femmes. Elles sont à même le sol, c’est un travail méticuleux et précis, tout est organisé. Elles sont regroupées en coopérative. Une plus jeune vient aussitôt nous expliquer la chaîne de l’extraction des matières premières pour faire de l’huile alimentaire et des produits de beauté. Elle veut ensuite nous en vendre, bien sûr. Mais à vélo, rien n’est permis, vous vous en doutez.

En donnant une petite pièce aux femmes, je les félicite de leur initiative et je les encourage à continuer. J’explique que je vais participer au Forum Social Mondial pour défendre les initiatives d’agriculture familiale, pour que ce type de projets se développent et réduisent ainsi la faim dans le monde. Elles discutent aussitôt entre elles et semblent contentes de cet échange. Aussitôt, une jeune fille vient me glisser une savonnette dans la main de leur part. C’est très gênant, mais il faut savoir accepter.

Nous mangeons au bord d’un oued asséché, du pain de la vache qui rit, du yaourt, de la banane… Je ne sais plus quoi manger, je n’ai plus d’appétit, j’ai mal à l’estomac. Quelle barbe…

Un jeune vient nous voir, il veut un dirham. On lui donne une banane qu’il ne mangera pas. Il reste assis à côté de nous. Pendant ce temps, sur la route, nous assistons à  un défilé d’hommes à dos d’âne, ils reviennent du marché de la ville d’à côté. J’aime le pas cadencé de ces animaux et de celui qui les guide. Je vais les filmer un jour. Tous nous font un salut respectueux et gracieux.

Tous les gens nous regardent avec émerveillement sur la route, dans les villages et villes traversés. Les cyclistes sont rares, mais une femme sur cet engin multicolore, cela doit l’être encore plus. On m’encourage, on m’applaudit. Cela ne veut pas dire qu’Alain ne l’est pas, mais je roule souvent derrière lui à une centaine de mètres. Je ne vois pas les réactions à son niveau. Je dis bonjour à tous les gens, ou je donne un petit signe de la main, de la tête. Il faut échanger à tous niveaux.

La route se poursuit, on s’est donné Tamanar comme point de chute. Nous ne pourrons dépasser, cette ville. Nous avons bien eu 50 km de montagne sur les 80 parcourus. Il faut les passer. Y aura-t-il un hôtel pour dormir ? Une ferme aurait fait notre affaire seulement celles que l’on nous a proposées étaient encore trop loin de notre but. Dommage.

Nous arrivons dans une ville assez animée, celle d’un dimanche soir au Maroc, les hommes sont aux terrasses des cafés. Pas d’hôtel. Pas de camping. On se renseigne auprès d’un gendarme, qui ne peut répondre, on nous envoie à la station Africaia, pas de solutions. On s’arrête à la gendarmerie, le garde est à côté de ses pompes, il nous envoie à 30 km, rouler de nuit mon brave monsieur quand on est fatigué ? Vous n’y pensez pas.

Finalement, on revient à l’entrée du village, on demande à un commerçant de dormir sur la terrasse devant le restaurant. C’est accepté. Nuit bruyante, et sommeil saccadé

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