Mercredi 15 décembre 2010 Agadir – Tiznit 103 km

Départ qui n’en finit pas ce matin, pourtant je ne suis pas trop fatiguée, mais il y a des jours où le rangement se fait plus facilement. Il faut dire que les toilettes sont à l’autre bout du camp, que les douches ne fonctionnent pas, que pour préparer le petit déjeuner, c’est tout une affaire.

Ai-je bien pris mes médicaments, non j’en ai oublié… Bon, on recommence, etc, etc…

Les personnes qui nous ont aimablement parlés hier nous font leurs adieux.

En plus, il me faut passer à la pharmacie, je dois 30 dirhams. Hier soir, la jeune dame m’a fait confiance sans me connaître. En partant, j’oublie de les demander à Alain, il est devant moi,  je l’appelle pour qu’il me les prête, mais il est déjà trop loin, il ne m’entend pas. Je le rattrape au prochain carrefour, et je dois retourner, perte de temps, perte d’énergie… Et maintenant, il me faut une banque, rapidement. Il n’y en a pas sur notre axe, je fais une tentative deux km plus loin, panne du distributeur. On doit passer à Marjanne, c’est le Carrefour local. Il y en aura bien une. Oui, il y a un distributeur, panne également. J’angoisse pour rien, je n’aime pas rester sans argent.

Je fais quand même mon petit ravitaillement et paye à la carte bleue, je perds aussi du temps car je voudrais acheter un tendeur pour tenir le pied de la remorque qui a tendance à tomber quand je passe dans des trous ou sur du chemin pas très carrossable.

Finalement, pas besoin de se faire du souci, des banques nous allons en rencontrer une tous les 2 km, ouf. Je tire un peu de liquide, jamais trop à la fois en cas de vol, j’en perdrai moins.

Et nous prenons notre rythme de croisière, ou plutôt, nous passons au rythme supérieur. J’ai fait perdre du temps à Alain, il lui faut le rattraper. La route est bonne sur le plan du bitume, la bande de sécurité également. Mais le trafic est dense. Nous traversons une sorte de banlieue sur une dizaine de km. Puis l’on se retrouve rapidement dans des serres, des plantations de toutes sortes, des pépiniéristes, des centres de formation, enfin, tout ce qui touche de près ou de loin à l’agriculture.

On s’arrête justement pour manger devant une école de ce type. Sandwich de saucisse à l’ail acheté à Marjanne. Yaourth, crème au chocolat. J’ai une envie folle d’orange. Il y a de superbes navels sur tous les étalages, je ne peux y goûter… J’ai vu de beaux melons aussi. Je suis les bons conseils de Marie Laure et pratique le régime qu’elle m’a conseillé, de toutes façons, je n’ai pas le choix.

On repart, c’est l’heure de l’école. Un petit jeune vient pédaler avec moi, quelques minutes, il me parle de la France, de Paris. Un petit tour et puis s’en va.

Nous rencontrons plus souvent les hommes et les femmes sur la route. Parfois quelques femmes, aujourd’hui, je vais en saluer plusieurs. Sourire gracieux avec la main qui s’agite harmonieusement. Je ne peux les oublier.

Nous roulons bien, la route est bonne mais le trafic est dense. Les camions klaxonnent, c’est à nous de bouger, on se déporte sur le bande de sécurité. Au départ, elle était bonne, maintenant, c’est du chemin caillouteux. A chaque fois que je reviens sur la route, ce sont des efforts perdus.

Nous avons quelques belles montées et les descentes qui vont avec. Celles-ci ne sont pas dangereuses, l’asphalte est entièrement neuf, et peu de voitures en face, je monte pratiquement à 50 à l’heure, je fais deux tentatives pour voir, cela  passe avec la remorque sans problème, mais je reste en général aux environs de 35. Je me dis que si un obstacle surgit, il faut s’arrêter et je dois tenir compte du poids de mon carrosse africain.

Nous avons déjà fait environ 80 km, il en reste une vingtaine pour arriver à la ville. Je propose à Alain de filer sans m’attendre, il l’a déjà assez fait aujourd’hui, il faut qu’il prenne son pied. Il partira à la recherche d’un camping.

Je poursuis seule, j’aime être seule, seule face au vent, seule face à la nature, seule dans mes rêves, seule, seule seule… C’est une forme de bonheur.

Je m’arrête devant une maison où il ne reste que la façade et les vieilles portes et fenêtres. Je m’imagine ce qu’à pu être cette belle résidence, je photographie les boiseries restantes.

La nuit approche, le soleil fait sa parade dans le ciel, défilé de nuages pourpres, puis ils s’estompent facilement, l’horizon est souvent brumeux en ce moment. J’allume mes feux, je mets la lampe frontale et je poursuis, je n’aime pas pédaler dans la nuit, c’est trop dangereux. Je reste prudente et passe sur le bas côté à chaque arrivée de camions. De toute façons, c’est clair, les chauffeurs klaxonnent, c’est à nous de nous détourner.

L’arrivée est donc difficile mais je gère. J’aperçois les lumières de Tiznit au moins 7 km avant d’arriver, cela m’encourage à appuyer sur les pédales. Alain me prévient qu’il a trouvé un terrain, que le sol sera caillouteux, pas de place pour les tentes, tout pour les camping-cars. Ce n’est pas grave.

Un policier  est à l’entrée du terrain. Il me prévient que c’est bien ici. Alain était parti m’attendre sur la route, je ne l’ai pas vu, deux fois aujourd’hui.

Alain n’aime pas la présence des gendarmes, moi, ils me rassurent, d’autant plus qu’ils sont très aimables et gentils avec le touriste que nous sommes. Il va falloir si habituer car nous allons avoir d’incessants contrôles à partir des étapes suivantes.

Le terrain est un vrai village de camping-cars, c’est impressionnant, tout le monde est déjà calfeutré dans son engin. Seuls quelques individus qui sortent de l’ordinaire circulent encore dont un gars passionné de vélo qui vient voir notre matériel, qui questionne… Une femme originaire de Sarre Union vient discuter et n’en revient pas de mon périple.

Je monte la tente sous un oranger. Le long d’un grillage ente deux cars. Je me sens bien.

La dame me guide vers la douche qui est un peu perdue dans les coins du terrain. J’obtiens la clef de la 7 que je ne trouve pas. Je reviens à la réception, cette fois j’ai la deux. Et, elle est chaude, j’en profite et prends soin de bien me frictionner les muscles après des étapes aussi importantes, ils se détendent.

En arrivant, j’ai vu un petit car immatriculé en 55. Je vais frapper à la porte quelques instants plus tard pour dire bonjour, c’est le premier que je rencontre. Le monsieur, se montre ; la dame pas. Je dois les détourner de Patrick Sébastien. Il articule quelques paroles et à l’air complètement hébété. Le vrai « bof », en fait le car est meusien mais lui serait vosgien. Je laisse tomber et repars à mon emplacement déçue du peu de convivialité de ce monde des autocaristes. Heureusement, qu’il y a de joyeux lurons dans ces files de camions blancs, ceux là se retrouvent régulièrement les hivers et organisent des soirées, des jeux car ce serait mortel.

Nous nous dirigeons ensuite vers la ville pour essayer de trouver un poulet frite pour continuer à parfaire l’estomac. Nous devons marcher longuement avant d’y parvenir. Le repas ingurgité, nous n’avons qu’à traverser la route pour rentrer dans un cyber café. Hélas, je n’obtiens pas la connexion avec mon ordinateur. Les textes ne seront pas encore mis ce soir…

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