Lundi 24 janvier 2010 : Nouakchott – Tiguent : 117 km

Pour Lisa

Même scénario, texte pas relu

Le départ devait avoir lieu à 8 h, le cyclo n’est arrivé qu’à 8 h 30, il aurait été bloqué par les voitures, bien sûr, je n’y ai cru un seul instant. J’ai découvert des mails urgents qui demandent réponse, dont un sponsor, il ne veut pas aller jusqu’au Sahara où la Wifi me permettrait de satisfaire ces besoins, d’autre part, j’ai emprunté deux livres, cela me permettrait de les rendre. Mais Alain refuse catégoriquement. Je ne suis pas contente. Il ne fait que ce qu’il décide, j’en ai marre.

En traversant une des rues principales, une femme me reconnaît et m’applaudit, c’est Mimouna, l’employée de maison de Christine. Ce qui est chaleureux dans ces pays, c’est que lorsque l’on nous a rencontré une fois, nous sommes des mais. Si bien que partout sur notre chemin, nous sommes connus et reconnus.

Nous quittons la ville facilement grâce aux bonnes explications de Yazid. Nous passons devant tous les ministères, palais présidentiel, banque de Mauritanie, Radios, chambres consulaires, et tous les grands services du pays. Puis nous arrivons dan un quartier populaire qui s’étend sur des kilomètres. Autant nous avons été plongés d’un seul coup dans la ville à l’arrivée, autant la sortie se prolonge. Il nous faudra parcourir 14 km pour en sortir.

Dans ce secteur, je retrouve l’ambiance Sénégal. Les moyens de transports, l’apprenti derrière le bus, les chèvres sur le toit, etc… Les commerces sont nombreux, le quartier est animé.

Le paysage ressemble à la lande du dernier jour de pédalage. Terre sableuse, plantes épineuses, quelques arbustes, voilà le décor du jour.

Mais le vent est favorable, nous partons d’un bon rythme. J’ai quitté mes nouveaux amis français à regret. Chaque fois que cela l’on passe un moment avec les personnes, la séparation ne se fait pas sans un pincement au cœur. C’est la loi de la route.

Mais je compense par la joie de retrouver le vélo. C’est devenu une drogue. Je crois que je ne vais plus pouvoir m’en passer. Je vais à mon retour, reprendre le vélo de route dés que le temps le permettra. Je pense au film « Forest cump » au gars qui courrait toujours même si la philosophie du film n’a rien à voir avec mon histoire.

Nous passons le contrôle de police, puis le contrôle de gendarmerie. Le chef des gendarmes nous donne son numéro de téléphone portable au cas où nous aurions des problèmes. Il téléphone aux autres postes pour prévenir de notre arrivée. Nous sommes sous leur contrôle total, c’est rassurant, c’est sérieux.

Les jeunes crient joyeusement sur notre passage et accourent du haut des villages. Les parents les freinent. Des femmes et leurs enfants jouent avec Alain lors de la pose boisson.

Nous passons devant deux auberges, je les prends en photo, des idées pour M’Bagam ?

Contrairement à la route précédente, les habitations sont en nombre. Vides ou occupées. Maisons de peuls qui seraient partis aux pâturages ? Non, j’ai la réponse, les familles partent à Nouakchott dés la rentrée scolaire et reviennent aux vacances. Devant les maisons, il y a une sorte de cour souvent grillagée. C’est pour y rentrer les chèvres, le bétail.

Le repas se prend sur une table géante, c’est le système de l’adduction d’eau. J’ai acheté une boite de crabe ce matin pour changer des sardines. Manque de chance, je n’ai pas d’ouvre boite sur le couteau. Cela m’énerve une deuxième fois. Je me rabats sur une boite de maquereau/maïs.

Les chameaux ont quasiment disparus, j’ai seulement vu une bande de jeunes dromadaires qui s’amusent comme de jeunes chevreaux. S’il y a des jeunes, les adultes doivent exister mais se trouvent certainement dans l’arrière pays en pâturage.  Par contre, les chèvres comme les ânes sont très nombreux et gambadent souvent sur la route.

J’ai eu devant moi 4 Fanfan qui me barraient la route, comme s’ils me disaient : « Tu ne passeras pas, on veut que tu restes ici », j’ai essayé de sortir l’appareil à photo, mais le temps de dégainer, ils se sont sauvés, dommage. Quelques dunes d’une belle couleur orange nous rappellent que nous venons de traverser le désert.

Dans la deuxième partie de l’étape, les arbres apparaissent au fur et à mesure de notre avancée. Ce sont des acacias. Le vert contraste fortement avec l’orange du sable. De jolies maisons neuves agrémentent également le décor de cette campagne. Je les photographie également.

Nous faisons étape à Thighent seule ville entre Nouakchott et Rosso. Nous sommes arrivés vers 16 heures. On avait largement le temps de passer à l’auberge du Sahara…

 Ahmed notre guide nous a donné l’adresse de Touti qui normalement tient une auberge. Il nous a dit vous la trouverez sans problème, effectivement, même les enfants la connaissent. Dans les faits, ce n’est qu’un restaurant, elle est en villégiature à Nouakchott, mais sa sœur doit nous régler le problème d’hébergement. Nous avons la visite de la gendarmerie qui vient prendre nos déclarations d’identité. Il nous assure une patrouille de contrôle dés la nuit tombée. On n’en demande pas temps !

La sœur déménage une chambre et nous l’attribue pour la nuit. Ahmed y tient, il téléphonera plusieurs fois jusque lorsque nous sommes logés. Il y a un gars qui est présent sous la tente. Il discute beaucoup avec nous. Il se dit fonctionnaire de l’Etat à Rosso mais nous n’en saurons pas plus. On s’est demandé s’il ne nous surveille pas ou si c’est vraiment un client du restaurant. Il est gentil et sert d’intermédiaire entre nous et les locaux qui ne comprennent pas bien le français.

Nous avons encore la visite d’un policier en civil, (un ancien garde du corps national), je trouve que cela fait beaucoup même si c’est pour notre bien ! Ou bien, ils ne voient pas beaucoup de français, et sont curieux de rencontrer ces deux énergumènes à vélo que nous sommes ou encore ils font du zèle, ou bien ils veulent vraiment nous rassurer. Mais nous, nous sommes très zen.

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Lundi 17 et mardi 18 janvier : Nouakchott ATAR en bus – village nomade

Cette fois, c’est la bonne, petite nuit comme je disais, départ du Sahara en taxi, nous sommes à l’heure.

Heureusement que le taxi connaît la gare routière car, ce n’était pas évident d’aller à cet endroit pour la trouver. C’est à l’extrémité de la ville, en direction, d’Atar, justement. Nous sommes les deux seuls européens au milieu des locaux. Chance, la Mauritanie n’est pas le Sénégal. Nous ne voyageons pas au milieu des chèvres ou des seaux de poissons.

C’est un nouveau grand jour qui se prépare. Ce voyage en Adrar n’est pas anodin. Découvrir l’Adrar, c’est s’imprégner du « vrai désert », ce jardin d’Allah duquel le Dieu a enlevé toute vie humaine ou animal superflue de façon à pouvoir disposer d’un lieu où il puisse cheminer en paix. (Dicton arabe)

Dés la sortie de Nouakchott, nous sommes sur une longue route assez monotone qui longe des cordons dunaires. Ils sont loin de la vue, nous les distinguons à peine. Seuls quelques troupeaux de chameaux égayent le paysage. La terre n’y est pas fertile. Dommage, car sur ces longues étendues, des vergers pourraient alimenter en fruits tout le pays. A un moment donné, tout de  même le sol n’a plus le même aspect. Là, la terre, pourrait donner. Des projets seraient à l’étude, il faut des fonds et que des ONG s’y intéressent.

A 130 km, les premiers guelbs apparaissent. Pose dans la ville d’Akjoujt.  J’aime ces poses, il y a toute une effervescence qui s’installe.

Deux grandes collines à l’ouest de la ville rappellent les mines de cuivres. Elles ont été fermées, ré-ouvertes, fermées à nouveau, et actuellement seraient exploitées par des sociétés australiennes dans le cadre de l’exploitation d’or.

Quelques kilomètres encore et la montagne surgit d’un seul coup, une montagne noire tout en granite. On passe du niveau de la mer à 200 mètres d’altitude. Nous franchissons le col d’Amatil. On traverse également un joli petit village : Ain Taya. La végétation s’estompe de plus en plus. Pourtant, cette année les pluies ont été si intenses que le désert n’est pas tout à fait le désert. C’est un désert vert.

Quelques maisons en banco apparaissent. Atar approche. La plupart des habitations sont construites à partir des matériaux locaux argile et pierres.

J’ai changé de place dans le bus,  je suis dorénavant à une fenêtre, j’ouvre grand mes yeux. C’est tout simplement beau, la vue change à chaque virage. La route est goudronnée, les chinois sont encore passés par là. Nous arrivons bientôt à Atar, capitale de l’Adrar. Cette ville, c’est la plaque tournante du tourisme régional. C’était, car nous arrivons dans une ville complètement vide de tout touriste.

Amhed, le guide nous attend à la descente du bus. Il me fait un petit signe auquel je ne connecte pas. Il est jeune, la quarantaine environ. J’attendais un guide de la soixantaine étant donné que tous ceux que j’ai déjà rencontrés ont à peu près cet âge là. Pardonne-moi Amhed ! Tout l’honneur est pour toi.

Aussitôt arrivés, aussitôt pris en charge. Tout est organisé. Nous arrivons dans une habitation pour y pendre le repas. Nous rencontrons d’autres guides qui expriment eux aussi  leurs problèmes : la fuite du tourisme, la fermeture des auberges, le licenciement du personnel. Que faire ? Que dire ?  Sinon compatir, dire que nous n’avons pas suivi les consignes puisque nous sommes là. Ils sont tous au courant de l’émission d’Envoyé Spécial. Pour ce gens, c’est comme une insulte à leur pays. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive alors que la vie, ici, est si tranquille.

Problèmes d’intendance réglés, Ahmed part faire les courses, nous, petite sieste. Il revient rapidement. Puis, c’est le départ vers le village nomade proche de Chinghetti. Nous partons dans une Mercédès qui roule à fond la caisse sur la piste pour surpasser les trous.

Nous roulons désormais dans la montagne, au milieu de paysages superbes. C’est un site remarquable. La montagne y est encaissée. Les seuls passages s’appellent par exemple : passe de Nouatil. C’est pour cela que d’après eux, le banditisme ne peut exister étant donné qu’il faut forcément passer par ces points et qu’ils sont gardés par les gendarmes.

C’est l’inconnu total mais nous faisons confiance à ce guide qui a l’air bien organisé. Je connais un peu le milieu nomade de par les Peuls Sénégalais. Je n’ai pas trop envie de partager ce mode de vie, je ne l’avais pas prévu. Il me manque trop de choses pour que ce soit acceptable mais c’est le souhait d’Alain, il faut qu’il s’y retrouve lui aussi.

Nous abordons ces gens au retour de leur troupeau de chèvres, nous sommes bien sûr les bienvenus. A peine descendus de voiture et la cérémonie du thé est en marche. Le lait de chèvre suit et enfin un grand repas couscous est servi. C’est bon. Plusieurs femmes s’activent.

Le repas terminé, on assiste chez les voisins à une soirée chant traditionnel. Mais je suis morte de fatigue, je m’endors pendant les chants, j’ai honte mais je ne peux m’en empêcher. Il faut que je dise que je fais une allergie aux moustiques. J’ai une poussée d’urticaire. J’ai un œdème à chaque jambe.

Je comprends que la plupart des chants sont des parades amoureuses. Ce n’est pas que la légende qui le dit. Il se passe des choses parmi les membres présents que je n’identifierai pas. Cela rit, cela danse. C’est un vrai spectacle poétique sous la tente nomade.

On dort sous la khaïma au milieu de toute la famille. Nuit horrible pour moi, j’ai l’impression que mes jambes n’existent plus et en même temps, je suis prise de démangeaisons indescriptibles.

Mardi 18 :

Nous passons la journée dans ce village au milieu des bêtes et des quelques familles qui ont choisi le nomadisme pour survivre à leurs besoins. Ils viennent dans ce lieu  le temps de l’hiver pour faire paitre leurs bêtes. Ils repartiront l’été revenu.

Quelques enfants pétillants de malice égayent la communauté. Je fais des photos de toutes ces personnes. Je le leur enverrai.

Les chevreaux gambadent de pierre en pierre. Ils sont attachés matin et soir au moment du départ et du retour du troupeau. Les chèvres, le matin ont  du mal à abandonner les petits, le soir, elles les  retrouvent sans problème et peuvent ainsi être traites.

Je passe une partie du temps allongée pour éviter l’œdème. Je me pommade les jambes toutes les deux heures, c’est horrible. A un moment, j’ai même pensé retourner à Nouakchott.

Ahmed est parti à Chinghetti pour la journée, la ministre de la culture, de la jeunesse et des sports vient rencontrer le milieu pour organiser le festival nomade de Chinghetti  le 16 février. Il est un peu le porte parole de l’association des guides de l’Adrar. Il ne rentrera que tard le soir. Il me rapporte des médicaments qui devraient me soulager.

Meddy nous montre ses talents culinaires. Il nous fait un plat de spaghettis cuits à point. Le soir couscous, les graines sont  fabriquées par les femmes de manière artisanale. Nouvelle séance de chants mais je me coucherai, trop fatiguée. En plus, je viens de me faire poser du henné sur les pieds pour réduire les écarts de couleur dû au bronzage.

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Pique nique dans le cordon dunaire de Nouakchott

Sublime tout simplement !

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Mardi 11 janvier 2011 : Gare du Nord – Timirist 129.91 km

Ce matin, nous avons été réveillés de bon heure par les bébés qu’on nourrissait mais aussi par le va et vient des passants dans la salle de repos.

Premier évènement :

La meilleur, c’est que plusieurs personnes sont venues prier dont un au pied de la couche d’Alain. Je pense que le vieux sage de la veille lui a fait rencontrer « Dieu » et qu’il lui a envoyé un messager pour le convertir, ce doit être le sort qu’il lui a jeté quand on s’est quitté, car il bougonnait en partant !

J’étais morte de rire de voir ce grand gaillard, vénérait Alain, lui faire toutes sortes de bénédictions, de signes et lui qui dormait, enfin, cela l’a réveillé au bout d’un moment.

Deuxième évènement :

Les toilettes étaient tellement ragoutantes d’après Alain, que je n’osais y aller, je me suis ravisée en me disant que celles des femmes sont peut être plus propres que celles des hommes. Les premières n’ont pas de portes, les deuxièmes sont à peu près acceptables. Je mets les pieds sur le support WC turc, ho la la ! Le système bouge, j’ai l’impression de descendre dans la fosse. Le bidule ne repose sur rien, quel effet…. Eh, oui, c’est l’Afrique !

Un petit déjeuner rapide, rapide et nous quittons la gare du nord sans payer notre dette, bien sûr. Pourquoi aurions-nous été taxés alors que la salle est à disposition des voyageurs mise à disposition par Total en plus ?

Troisième évènement, le meilleur, le vent est avec nous, pour nous.

Dés le départ, nous montons la vitesse entre 22 et 25 à l’heure, nous ferons 60 km dans ces conditions très à l’aise. Non seulement, nous pédalons d’un bon rythme, mais le paysage est exceptionnel sous le lever de soleil. Les couleurs mais aussi les paysages. Si je cherche les adjectifs pour qualifier tout ce qui a fait monter l’émotion en moi, je dirai des vues sublimes, des couleurs chaudes, des dunes majestueuses et imposantes comme on en voit dans les revues touristiques.

La journée d’hier nous a épuisé, celle d’aujourd’hui, nous fait revivre. Nous avions l’angoisse, personne n’avait pu nous donner des renseignements concrets sur ce que nous allions trouver en nourriture, relief ou autres sur l’étape de ce jour. Je savais seulement qu’il pouvait y avoir un dénivelé de 650 m donc d’énormes montées. Des montées, certes, il y en a, mais elles se passent bien. Elles sont annoncées à 10 %, je pense que les ponts et chaussés mauritaniens ont commandés une série de panneaux montée à 10 %, mais qu’elles sont seulement de l’ordre de 4 à 6 %. Comme dirait Gérard, derrière les montées, il y a les descentes. Quand je glisse au milieu de ces dunes grandioses, que l’air me caresse le corps, que les yeux sont remplis de cette lumière matinale, que tu te dis, cette fois, j’y suis mon rêve s’accomplit, c’est tout ce que j’imaginais, c’est ce que je voulais vivre, c’est tout simplement le bonheur.

En plus, nous faisons des rencontres aussi charmantes que ne l’est le paysage. La première, alors que nous faisons une pose boisson, c’est un monsieur en retraite, survêtement, baskets qui fait sa promenade du matin. Il nous parle du pays, nous questionne sur le voyage, s’interroge sur beaucoup de choses à notre niveau, il nous rassure sur les évènements du désert, la région que l’on traverse n’est pas concernée, on le sait mais on aime que l‘on nous le répète, nous avons tellement entendu de « conneries » à ce niveau que c’est réconfortant. Alain voudrait goûter au lait de chameau, il nous dit que l‘on doit en trouver sur la route.

Ce sera la deuxième rencontre de la matinée, justement, une famille vend du lait sous une tente. Je propose un nouvel arrêt, le problème avec les locaux, c’est qu’il y a tout un cérémonial à respecter, et qu’il faut passer par différentes étapes pour les aborder. Déjà, je dois aller m’asseoir à côté de la femme au fond de la tente. Quand on explique ce que l’on veut, il nous taxe le litre à 3000 ouguiyas, dés fois que cela marche. On baisse jusque mille, mais c’est encore cher pour du lait.

En cadeau, on remet à Alain un verre d’une sorte de yaourt sucré fait avec ce lait. Il dit que c’est excellent.

Il y a un moment d’échange fort même si on essaie de profiter de nous. Après le lait la femme veut me vendre un collier tout à fait quelconque : 3000 ouguiyas également. C’est difficile de leur faire comprendre que nous ne sommes pas des touristes comme les autres. Je propose de les photographier mais il faudrait encore payer. J’explique ma démarche, je leur dit que l‘on vient de partager un temps fort de l’amitié et que je veux le sceller à travers la photo. Un monsieur comprend fort bien, il me dit puisqu’ils sont bêtes : « Photographies moi avec ma fille ». Je m’exécute. Je lui propose de lui envoyer la photo s’il me donne une adresse pour lui faire parvenir. Il part chez lui et revient avec tout un dossier. En fait, on découvre qu’il fut guide officiel du Paris Dakar, qu’il est aussi guide du banc d’Arguin. C’est un monsieur très cultivé, un homme du désert comme on les imagine, noble, penseur, et très humble. On doit abréger, mais je prends quand même ses coordonnées téléphoniques, si parmi vous qui me lisez et si vous voulez un jour visiter cette région, approfondir la nature de ce parc national, j’ai une bonne adresse.

Nous mangerons à l’ombre d’une ancienne épicerie aux abords d’un petit village. Un monsieur vient nous voir dés notre arrivée, mais on ne comprend rien à ce qu’il veut nous dire. Il est habillé bizarrement.  Il a l’air du « bon sauvage » si on fait référence à Montaigne. Il part comme il est venu, je respire. Il nous faut des temps de repos où on peut souffler pour de vrai. Non pas que l’on fuit les autochtones mais on a besoin à un moment d’être seuls, de n’avoir rien à dire, rien à penser.

Notre repas est encore réduit au maximum : sandwich thon, heureusement, je traîne une boite de maïs depuis la fin de l’Espagne.  Amina nous en avait donné deux autres. On les apprécie, on aurait un œuf dur à ajoute,r ce serait encore mieux ! Mais, il ne doit plus y avoir de poules dans la région, car pas d’œufs nulle part.

Je mangerai en dessert, la dernière pâte de fruit coing que Jean Paul m’avait envoyée.

Petite sieste et c’est reparti dans ces paysages sublimes.

Rouler  dans le désert de Mauritanie, c’est un peu une quête de l’absolu, là, je suis dans ce  défi personnel que j’attendais. Parcours spirituel intérieur où chaque kilomètre parcouru à des travers  les dunes de sable rapproche de la connaissance de soi. Que dire de plus…

J’essaie de prendre des photos qui complètent mes émotions, qui décrivent les décors traversés, ou les personnes rencontrées, celles de ce jour ne sont pas conformes à la réalité vécue. Il y a des moments, il faut savoir garder cette émotion en mémoire. Ne rien faire. J’ai pour exemple, cette carte postale sur ciel déjà couchant de quelques chameaux en haut d’une dune. Je l’ai ratée. Carte mémoire pleine. Une photo se prend au dixième de seconde…

Je crois que c’est la plus belle journée depuis le début.  Nous roulons dans un plaisir immense du début jusqu’à la fin de l’étape, même si les derniers kilomètres sont difficiles à atteindre. Nous arrivons à un point où nous virons à droite pour regagner le bord de mer. Nous devrons encore effectuer une bonne dizaine de kilomètres pour atteindre le poste de police du village tant attendu où nous devons nous poser. Nous espérions trouver un petit ravitaillement : rien. Que du poisson séché. Ils sont pendus aux fils devant toutes les maisons. On vend aussi de l’huile de poisson.

Nous installons nos tentes derrière la boutique située juste à côté du poste de police. Nous pensons être bien gardés la nuit. Nous sommes bien, plus qu’une journée et nous seront libérés de l’angoisse de la traversée, même si elle est inconsciente. Elle est présente.

Tellement bien que nous sautons en l’air quand un coup de fusil éclate. Les chiens courent de partout et hurlent, on se demande ce qui se passe. Un deuxième coup, un chien tombe. On n’ose pas y croire, eh bien si il vient de tirer sur l’un d’entre eux. Nous sommes paralysés, tétanisés. Le chien n’est pas mort, il va agoniser toute la nuit sans qu’ils ne l’achèvent.

Je me couche tôt après avoir ingurgité un bol de lait chocolat, tartines, je n’ai pas envie d’un nouveau sandwich sardines. Alain a opté pour un plat de spaghettis de la gendarmerie. Il ne le recevra que vers les 22 ou 23 heures…

J’ai du mal de trouver le sommeil, on réserve un drôle de sort aux chiens au Maroc comme en Mauritanie. Je ne rentrerai pas dans les détails. La SPA, si elle existe dans ces pays a du boulot à faire. En plus, comme c’est le contrôle de police, tous les véhicules sont arrêtés. Il y a donc un bruit incessant.

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Lundi 10 janvier : 20°38’1’’N 16°0’58’’W – Gare du Nord – 68 KM

Le matin, nous sommes réveillés par les chèvres qui sont au milieu de l’habitat.  Il y a aussi un bébé qui pleure. L’auberge n’est pas mal, mais aucun service à côté. Pas d’eau, pas de WC ou celui qui existe est fermé au cadenas…

C’est donc la même crise que tous les matins…

Petit déjeuner, Alain refuse de se faire du thé, je l’engueule, il n’est pas sérieux de s’alimenter aussi mal. Il ne m’avoue pas qu’il a une petite idée derrière la tête, celle de s’en faire offrir un par les habitants, quel énergumène !

Nous partons pour une fois avec un vent favorable. Malgré cet avantage, nous ne dépassons pas le 22 km/heure. La journée d’hier a été éprouvante et les muscles s’en ressentent. Il vaut mieux observer le plus grande prudence.

Un nouveau paysage se présente à nous. Plutôt celui d’une steppe que du désert proprement dit. On ne sait plus si l’on est en Afrique ou si l’on traverse les dernières régions de verdure avant les pôles.

Plusieurs virages opposés au vent nous rappellent que tout peut s’arrêter d’un moment à l’autre. IL est toujours présent et nous ralentit par la même occasion. Il suffit de virer dans l’autre sens et cela repart un peu. Mais la tempête de sable que nous n’avions pas encore connu s’y met elle aussi. Ce n’est pas drôle. Il vous single le visage, il faut tout calfeutrer. Son nez, ses yeux… Heureusement que l’étape est courte.

Dans cette steppe interminable poussent quelques plantes ici et là. On ne sait pourquoi, des graines qui se seraient envolées du camion ou déposées par des mains vertes anonymes. C’est le cas pour des espèces de courges qui ressemblent à un genre de pastèques, puis un arbre au milieu de cette étendue et des plantes vertes quasi identiques à nos caoutchoucs d’intérieur.

Quelques dromadaires nous regardent passer. Un autre attend son maître, pattes entravées…

Lors d’un arrêt rafraichissement, un hollandais s’arrête spontanément pour nous demander si tout va bien. Aujourd’hui, j’ose demander de la nourriture. Du pain qui manque. Il n’en n’a pas non plus. Il nous donnera des gâteaux marocains ! Si vous saviez comme nous aimerions récupérer une boite de terrine quelconque pour se faire un vrai sandwich.

Au terme de notre étape, à notre arrivée à la gare du Nord, c’est ainsi que s’appelle cette station, nous sommes accueillis par un jeune espagnol qui nous offre des quartiers d’orange tirés d’une grosse navel.  Si vous saviez avec quel plaisir nous les dégustons !

Nous pouvons acheter pain, thon, et une glace à la petite épicerie. On se confectionne un sandwich thon, maïs, ces petites graines peut être transgéniques lui donne une saveur qui nous ravigote.

Je n’ai pu résister au plaisir d’aller chercher un esquimau chocolat !

On squatte la salle de repos de la station, on va et vient en attendant l’heure de s’allonger pour une nuit bien méritée. Petite toilette à la lingette au moins pour enlever le sable qui nous colle au visage.

Nous sommes à peine allongés qu’un gars du snack vient nous dire : « vous dormez là, cela fera 2000 ouguiyas, je lui réponds du tac au tac, oui, Monsieur, on vous les donne demain matin.»

Dans la nuit, nous avons eu de nouveaux arrivants, deux grands noirs, et au petit matin, un couple de Mauritanien est venu restaurer ses jumeaux presque nouveaux nés.

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Dimanche 9 janvier 2011 ! Nouadhibou – 20°38’1’’N 16°0’58’’W 106 km+ 40 retour au carrefour de Nouatchok + 30 en Toyota

En rentrant du restaurant hier soir, très tardivement puisque nous avons travaillé sur Internet à partir de la Wifi, nous avons rencontré Ali qui nous a vivement conseillé de partir ce matin avec des gars qui vont visiter le banc d’Argouin avec Ahmed, comme guide. « Il faut monter dans leur camion jusqu’au carrefour de Nouatchock. Il y a bien trop de vent, après vous l’aurez dans le dos… Cette partie là, vous l’avez déjà faite, donc n’hésitez pas à leur demander ».

Nous écoutons ce vieux sage. Le problème, c’est que ce petit monde part à 7 heures du matin et que nous ne le savons pas. Heureusement, aujourd’hui, je suis matinale et j’ai pu le leur demander. Ils ont accepté gentiment,  mais du coup, ont dû nous attendre un peu. Nous nous en sommes sorti à peu près. C’est-à-dire que nous n’avons pas fait les provisions comme nous l’avions prévu et pas fait les photocopies pour les contrôles.

Nous avons donc gagné rapidement ce carrefour et pour moi,  une rencontre et une discussion bien intéressante avec l’un des trois jeunes hommes (Originaire du Puy de Dôme, je crois). Dans ces cas là, je n’ai pas toujours le reflexe de prendre la photo et de demander l’émail, dommage. Si vous me lisez, envoyez le moi SVP.

Nous débarquons et appareillons aussitôt, un jeune Mauritanien nous propose du change que nous acceptons, le taux n’est pas mauvais !

Puis, c’est parti, les gens ne devraient rien nous dire, car, comme d’habitude, nous avons le vent en pleine face. Et cela pendant 38 km. Après un bon week-end, pas mal, comme remise en forme.

Nous croisons le train minerais pour la deuxième fois, mais il n’est pas au complet, il ne fait qu’un km de long au lieu des deux habituels.

Les kilomètres que nous parcourons sont loin d’être monotones, tout le long du parcours entre la route et la voie ferrée, des micros projets ont dû permettre à des nomades de se sédentariser. Des jardins sont organisés à partir des traverses qui ont servi à la voie. Les arbustes poussent bien. Les projets doivent être accès dans plusieurs directions, sédentarisation, tourisme et développement agricole. Nous voyons des pancartes « vente de lait de chameau », il existe de nombreuses auberges également sous tente et sous case. Des inscriptions me confirment l’aide d’ONG. Je suis contente de voir que dans cette région, l’aide n’est pas un vain mot, on la ressentait, elle est présente réellement.

Des maisonnettes identiques à celles de nos jardins ouvriers sont dispersées à l’intérieur de ces enclos. Habitations ou hangar ? Je ne sais pas.

Nous arrivons sous la chaleur au village de Boû Lanouâr et  essayons de trouver un peu de victuailles dans une épicerie locale, ce sera des miettes de thon que nous mangeons à l’ombre dans une abri-maison mis  à notre disposition le temps du repas. Deux hommes viennent nous y rejoindre. Le propriétaire, je pense et un homme d’âge bien mûr. Il demande à Alain s’il croit en Dieu, la question qu’il ne fallait pas poser. Le pauvre homme, il n’en revient pas, qu’on ne puisse avoir aucune religion. Un débat philosophique s’engage entre eux. Il ne veut pas admettre que c’est plus important d’envoyer les enfants à l’école qu’à la Mosquée ; cela va loin. Il prend Alain pour un communiste !

Il ne comprend pas non plus que l’on se soit rencontré sur Internet et que l’on fasse tout ce voyage ensemble sans que l’on ne soit un couple !!! Cela aussi, le perturbe vraiment. Quand nous partons, il me prend à parti et me demande si je peux faire quelque chose pour Alain. C’est dramatique qu’il ne croie pas en dieu. Allait-il lui jeter un sort ou priait pour le faire récupérer par Hallah ?

Nouveau départ où le vent présentait tous les avantages et rien, on roule aussi difficilement que ce matin. Cela devient dur à poursuivre. Ce sont les vrais premiers signes de fatigue qui se présentent. J’ai mal aux muscles, ils se vident à l’effort, en plus, j’ai mal au genou.

Les kilomètres montent au compteur mais l’étape n’est pas finie, il en reste encore, 40, 30, 20 et le soleil descend vraiment. Nous savons que nous ne devons pas rouler de nuit. Je dis à Alain qu’il faut arrêter une camionnette, mais je comprends qu’il n’est pas trop d’accord. Je poursuis encore puis je me décide à demander à celui qui voudra bien s’arrêter à mes signes où l’on en est précisément. Une Toyota avec plein d’hommes s’arrête dont un militaire qui confirme que le poste de gendarmerie est bien à 25 km de là. Il dit que l’on doit arrêter le vélo. Moi, j’obtempère mais Alain n’est pas trop d’accord car il y a un village dans une dizaine de km. Mais le militaire ne lui laisse pas le choix.  Nous mettons vélos, bagages dans la Toyota et montons à l’arrière avec les ouvriers.

Nous avons parcouru 106 km dans le vent, la galère quoi ! Pour Alain, l’objectif de la journée n’est  pas tout à fait atteint, moi, je m’en fiche, la sécurité d’abord et quand on a déjà une distance comme celle là dans les jambes, on peu se faire 25 km pour trouver de quoi dormir en sécurité, n’oublions pas que nous sommes dans un pays qui comporte des risques.

Nous trouvons tout de suite une auberge pour passer la nuit. 2000 ouguiyas chacun. C’est une case très jolie. Nous y sommes seuls. Nous n’avons plus beaucoup de réserves, dans l’épicerie, il n’y a pas de pain, pas de conserve, peu de chose en fait. Alain se fait un repas petit gâteau, je lui conseille de se faire un thé, moi je me fais un chocolat au lait tartines de confiture orange. Ce n’est pas si mal…

Je m’endors rapidement. Je sais qu’un policier est venu voir si tout se passait bien mais je suis incapable de dire à quelle he

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Jeudi 6 janvier 2011 : Cap Barbas – Frontière de Mauritanie 87 km

Départ dans le frais, des pantalons longs seraient le bienvenu. Mes muscles sont fatigués de la grande étape d’hier, j’ai besoin de les échauffer. C’est compliqué de penser à tous et cela prend du temps que je n’ai pas, il me faut traiter les yeux, les lèvres qui souffrent beaucoup en ce moment.

Me badigeonner la peau. Se camoufler le visage. Le matin, c’est une course contre la montre. Dés que je chevauche ma gazelle, je sais que je  peux me détendre, tout est fini, le plaisir du vélo monte en moi, je m’emplis de ce désert qui chaque jour diffère de celui de la veille. On a tendance à l’imaginer  comme de vastes dunes de  sable  jaune. Depuis qu’on le traverse sur plusieurs centaines de kilomètres, nous n’avons rencontré ce type de paysage qu’entre Laâyoune et Laâyoune plage, c’est-à-dire sur une vingtaine de km.

Hier, j’avais l’impression d’un paysage lunaire, du style « j’ai roulé sur la lune » aujourd’hui, je dirai que j’ai traversé la planète Mars.

Des dunes de sable blanc font leur apparition derrière des rochers sculptés par l’érosion du vent et du sable. Nous sommes en plein djébel. C’est magnifique, en plus tout le long de la route, sur ces rochers qui ressemblent à d’énormes temples, des « cairns » en sont les gardiens. J’apprends tout cela sur le site de Gérard. Je pense que toutes ces pierres ont une forte symbolique, je vais essayer d’en trouver la signification. Deux policiers rencontrés un peu plus tard nous dirons  qu’ils indiquent les directions. Gérard pense que c’est pour ne pas s’éloigner de la route qui, du temps du Polisario la région était minée. Il y a quelques années encore, cette portion était traversée en convoi sous la conduite des militaires.

Toujours est-il que ces sculptures anonymes  sont parfois de véritables œuvres d’art. Si j’avais eu le temps, je les aurais photographiées sous tous les angles. Il y a de quoi faire une véritable exposition sur le sujet. L’un d’entre eux représentait un dromadaire couché, un autre un indien d’Amérique…

Cette partie de désert m’impressionne fortement,  les trous d’érosion de la roche laissent imaginer toutes sortes de personnages plus morts que vivants, en les recouvrant de tonnes de guimauve et de neige artificielle, il y a de quoi tourner Hybernatus II, ou je ne sais quel film d’horreur ! A 15 ou 20 km heure, l’esprit a le temps de gamberger ! Je délire sans aucun doute mais je vibre aussi par la simple beauté du site d’autant plus que lorsqu’on ne s’y attend pas, la mer de couleur émeraude réapparaît.

Puisque je parle des mines un peu plus haut, je dois signaler qu’il y a quelques années encore cette portion de route se faisait en convoi pour ne pas sortir du goudron afin d’éviter les celles qui y sont planquées. Il doit encore y en avoir. Sur les bordures de route, on peut toujours voir la tête de mort qui signale le danger.

Je reçois un appel de Yassine, le postier de Tan Tan. Le colis de Noël de Natalie vient d’arriver. Je lui réponds que pour l’instant, il le garde, qu’il ne renvoie surtout pas à Dakhla puisque je n’y suis plus. Je vais lui donner les ordres par mail. Un petit foie gras et sûrement la bouteille qui va avec se trouve à l’intérieur….

La faim nous tenaille depuis un moment, mais comme dit Alain : « le soleil est au zénith » pas un semblant d’ombre nulle part. Nous continuons et une dizaine de km plus loin le mur d’une maison de gardiennage d’un radar par des militaires fait notre affaire. Les soldats amènent aussitôt couverture servent un potage que je n’ose manger, eh oui prudence, j’ai récupéré un équilibre intestinal encore souvent précaire, je ne veux pas le déstabiliser. Je n’en parle plus mais tout peut s’annuler, l’un et l’autre, nous en avons fait les frais. La différence, c’est qu’Alain mange de tout, goûte à tout, chez tout le monde, alors que moi, j’observe la prudence totale. Comme quoi les résistances sont bien différentes d’un individu à l’autre.

Les deux militaires offrent le thé et viennent discuter avec nous. Une profonde discussion s’engage sur le Maroc, sur de nombreux  points de la société marocaine. C’est profond et sincère. Mais ce jeune homme ne laisse pas sortir sa femme sans voile parce qu’elle est belle. Lui aussi est très beau, et si sa femme lui demande de se voiler pour ne pas troubler le regard des jeunes femmes qu’il approche, comment réagira t-il ?  Alain lui fait toute une tirade, moi, je lui en fais une autre ! Quand on se quitte, il nous dit qu’il va rapporter la discussion à sa femme !

Quand on reprend la route il fait 33°, c’est dur surtout au moment de la digestion, mais nous roulons calmement, l’essentiel est d’arriver en soirée. Il y a encore pas mal de montée, le dénivelé est de l’ordre de 250 m environ. Ce n’est plus rien à côté de ce que nous avons gravi. D’ailleurs, ces côtes, je les monte à 12 ou 15 à  l’heure, avant j’aurais fait du 8/10. Quand j’en parle à Alain, contente de moi, il me répond oui mais avec vent favorable. (Il n’y a pas de vent !) Ah les mecs, vraiment  peu d’encouragements.

Il me présente comme sa sœur, au départ, cela me faisait rigoler. Comme il insiste un peu trop sur les faits, les gens trouvent cela bizarre, alors tout à l’heure, j’ai dit : « non, je ne suis pas sa sœur, mais je ne suis pas non plus, son amie de cœur, on roule ensemble c’est tout ! » Il faut faire évoluer tous ces hommes. Mais des fois, je me dis qu’Alain a peut être honte de trimbaler une vieille avec lui. Pourtant, je lui lâche souvent les « baskets », trop contente de me retrouver seule et de vivre ma solitude.

Je n’ai pas parlé de la gestion  des déchets au Maroc. C’est peu organisé. Il y a bien quelques poubelles ici et là, mais il reste beaucoup à faire. Les routes sont souvent jonchées de détritus. Je me suis vue transporter sur le guidon les déchets du repas pendant plus d’une heure sans rien trouver pour m’en débarrasser. Pas étonnant que l’on trouve des bouteilles de toutes sortes dans les bordures. Comme en France, on en rencontre énormément  en plastique remplies d’urine de routiers surtout sur les grands axes comme celui de la nationale 1. La différence, c’est qu’elles sont moins pleines qu’en France, eh oui les marocains ne boivent pas de bière. Je trouve cette pratique complètement déplacée quand on sait le confort qu’il y a sur les routes (même au Maroc), je pense aux pauvres employés de l’équipement qui en prennent parfois plein la figure quand en la ramassant  la bouteille éclate sous le coup de la fermentation.

Bon, le relief redevient plus plat. On parcourt une vingtaine de km et petit gouter de 4/4 acheté au restaurant ce matin. C’est agréable. Nous sommes assis sur le bord de la route quand on voit débarquer un militaire qui se soucie de nous et demande si tout va bien. Bien sûr, il comprend tout de suite l’origine de notre pose, s’excuse très poliment et repart.

Je ne sais pas ce qu’il surveille, je ne connais pas l’origine de sa mission, ce qui est sûr, c’est que je me sens en sécurité. Un peu plus loin, la piste d’atterrissage que Gérard voyait en construction est terminée. Il y a même dessus un petit avion aux couleurs du Maroc. Deux hommes stationnent en dessous, les pilotes ?

On ressent ensuite qu’il se prépare quelque chose. Des antennes surgissent au loin. Puis un grand mur apparaît. C’est une frontière complètement fermée. Comme lorsqu’il fallait passer les pays de l’Est dans le temps. Nous, on se dirige vers le café en arrivant. Nous allons déjà nous rafraîchir et prendre la température de l’air ambiant. Mais c’est la détente totale. Tout le monde cause, rit, regarde naturellement les allées et venues de toute cette faune des frontières. On prend un petit hôtel, que c’est bon de se retrouver au frais, de pouvoir se nettoyer et de se reposer d’une étape encore bien remplie.

Marie Ange me téléphone : « Ton paquet est bien arrivé, mais tu ne le recevras pas, le numéro a changé et le directeur de la poste ne veut pas me le donner. Les pauvres, je regrette de leur avoir demandé ce service, ils ont perdu trois heures d’attente pour rien. Je suis vraiment désolée. Je n’aurai pas mes médicaments, ni les rayons, je pense que la roue devrait tenir jusque Dakar. Les médicaments, c’est plus gênant.  

Les vélos sont parqués dans le jardin, on va dire. Il y a plein de tentes où des travailleurs doivent y dormir. Je remarque un va et vient important et vais l’exprimer à Alain, je suis soucieuse. Il discute avec le gérant de l’hôtel qui se moque de moi. « Ici, on ne vole pas » me dit-il ! Je réponds : « Mais avec tous ces gens qui passent comment pouvez-vous dire cela ? » Il prend plusieurs personnes à témoin et m’assure que rien ne disparaît dans son hôtel, déjà, il y a des policiers partout et les voleurs n’iraient pas loin, ils sont comme prisonnier avec la frontière et serait tout de suite retrouvés… Bon, je veux bien, j’essaie de dormir tranquillement après avoir quand même mis l’antivol à mon vélo et à la remorque.

Et demain à neuf heures, nous quitterons le Maroc après une traversée de plus d’un mois et demi.

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Mercredi 5 janvier : Ain Berda (Tente de chantier) – Cap Barbas 130 km

Réveillée avant les aurores ! Ah, je peux vous dire que la prochaine fois que je voyagerai avec quelqu’un, la première question que je lui poserai sera  celle qui correspond aux rythmes du sommeil. Je veux bien me lever tôt mais à l’heure dite pas la peine de bouger une ou deux heures avant.

Voilà, donc parti relativement tôt, avec le lever du jour. Et le vent… On nous avait promis un bord de mer avec vent favorable, on ne l’a pas encore vraiment connu.

Donc, ce matin, j’ai parcouru plus de 50 km dans le vent, à 12/14 à l’heure… Je n’aime pas les étapes où il faut faire du km. Cela veut dire que je n’ai pu me remplir de désert comme les autres jours. Le paysage était magnifique juste après le départ, tout en sable blanc, parterre de plantes grasses rouges, ciel embrumé, sur fond de mer émeraude, des effets que je n’ai pas encore rencontrés depuis le début du périple.

Je prends quand même quelques photos en roulant.

 Ces plantes, ont dû virer du vert au rouge, elles sont maintenant fleuries. Je n’en connais pas le nom.

Quand elles s’estompent, ce sont des touffes d’herbes vertes qui occupent le terrain. Pas de dunes apparentes. On passe encore une barre de petite montagnes. L’Adrâr Souttouf, sans doute. Je les monte sans problème. Contrairement à ce que l’on imagine, le désert n’est pas plat. Cette journée encore, je pense que l’on se paye quelques faux plats montants qui tirent passablement sur les jambes.

Nous  longeons la mer les trois quart de l’étape. Sans falaise la plupart du temps. Cela veut dire, qu’elle est à portée de vue et de bain si je souhaite. J’ai choisi le vélo, je n’ai pas encore goûté à l’eau depuis le départ.

L’étape me paraît longue. La matinée m’épuise. Le vent, sans doute. Mais depuis plusieurs jours, je ne m’alimente plus normalement.  Non, pire que cela. Depuis plusieurs semaines. Seulement depuis Boujdour, c’est l’apothéose. Plus de commerce sur notre passage, plus d’hôtel, plus d’eau ou d’électricité dans les stations service. Quand il y en a. Les deux dernières, je vais dire que l’on avait un abri. C’est presque de la survie. Le plus dur, c’est pour la toilette.

Dans la journée, j’ai des envies qui me trottent dans la tête, celui de Martini ayant été satisfait, cette après midi,  c’était un Perrier menthe. Il faut dire qu’il fait de plus en plus chaud et que l’on boit de plus en plus. L’eau a ses limites.

Je vois une maison au loin, super, je me dis, on va profiter de l’ombre du mur. Alain est devant, il a la même idée que moi. Mais à peine descendu de vélo, un monsieur l’accueille et le fais rentrer chez lui. Zut, je suis tellement naze que je n’ai pas envie de faire la causette et encore moins de me payer la cérémonie du thé que je ne peux boire même si ce joli couple est très sympathique. Ils sont partis pour nous faire un tagine d’antilope ! Ouf, j’échappe au pire. Cela n’est pas bien, je sais, mais on ne peut pas faire une grande étape de vélo et vivre à côté du peuple sahraouis, il faut faire des choix. En plus, j’ai besoin d’un temps de récupération.

Nous redémarrons en pleine chaleur, je me dis que c’est dingue de rouler de cette manière. Comme souvent après manger, je mets mon turbo en marche et c’est parti, je traverse le vent ou ce qu’il en reste, dans ces instants là, rien ne peut m’arrêter. J’ai dû tenir une bonne dizaine de km à plus de 20/25 à l’heure.

Dans le milieu de l’après midi, nous atteignons le golfe de Cintra. C’est encore une vue différente qui s’offre à nous. C’est beau, c’est sauvage, personne à l’horizon que ces deux cyclistes un peu fêlés ! C’est un terme qui revient souvent chez les gens que l‘on croise.

Bien faire et laisser dire.

Aujourd’hui, plusieurs campings cars nous  ont dépassés. Mais aucun n’a manifesté de soutien. C’est-à-dire pas de coup de klaxon, aucun signe, rien. Cela contraste avec la plupart des autres véhicules qui nous dépassent ou nous croisent. Nous sommes arrêtés quand les quatre derniers nous passent dessus. C’est drôle. Un seul homme fait signe sur les huit personnes. Nous aurions pu être en difficulté, c’était pareil.

L’après midi, nous avalons bien les kilomètres, mais peu ou pas d’information sur la prochaine station qui devrait nous permettre de passer la nuit. Peut être même d’y manger. Mon ravitaillement se rétrécit de jour en jour. Plus grand-chose à me mettre sous la dent. J’ai aussi envie d’un repas normal même s’il s’agit d’un poulet frite que je mangerai pour la énième fois.

Si l’on ne trouve pas cette station, je me dis que l’on peut aller frapper à la porte d’un camping car et dire : « Devine qui vient manger ce soir ? » Des pâtes et un œuf au plat me suffiraient ! Avec Marie Ange et Christian, oui c’est possible. Je crois bien que c’est l’exception.

A 115 km, je dis à Alain, j’en fais encore 5, et l’on arrête si on ne trouve rien mais je voudrais bien savoir à quelle distance elle se trouve la station. Je propose que l‘on arrête une voiture pour se renseigner. Je fais signe à la première qui se pointe. Ce sont des militaires, ils s’arrêtent quand même et donnent le renseignement à Alain. En plus, ils ont un GPS, ils peuvent donc donner le kilométrage exact : 12 km, cela me redonne espoir. C’est reparti, difficilement…

Un coucher de soleil magnifique ponctue la journée. Le ciel est illuminé, j’aime les scènes magiques des levers et couchers de soleil. Le soleil est énorme, il descend sur la mosquée et sur la station. C’est la joie.

Et cette station fait hôtel et restaurant. Repas et douche la même journée, voilà qui va nous réparer et nous permettre d’arriver demain à la frontière sans trop de souffrance.

Allez j’éteins la lampe et je pars vers d’autres formes de nuages.

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Mardi 4 janvier 2011 : El Argoud – Ain Berda (Tente de chantier) 83 km

Je ne peux pas dire que l’accueil à la station ait été agréable, nous avons été accepté, c’est tout. Nous avons couché dans la salle de vidange au bord de la fosse et à côté du groupe électrogène qui a fonctionné jusque minuit.

Je vous laisse imaginer les conditions dans lesquelles nous avons essayé de nous endormir. La nuit a été froide, Alain était gelé, la petite couverture qu’il a récupéré de Marie Ange n’a pas suffi à remplacer le duvet volé. Le sommeil a donc été entrecoupé par le froid, les aboiements de chien, les camionnettes qui sont venues décharger des tonneaux, les camions qui venaient faire le plein….sans oublie les cris des gens.

Mise en route lente malgré la volonté de faire vite.

Le vent que l‘on croyait avoir dans le dos souffle de côté assez fort, du coup on part à 14 de moyenne.

Je ne peux m’empêcher de temps en temps d’aller voir ce qui se passe  au bord de la mer. Un panneau indique Porto Rico, nous allons sur place, des caristes y ont passé la nuit, ils nous connaissent ! Mais ceux là n’ont pas la délicatesse de nous proposer un vert d’eau fraîche ! Pas grave.

On pense être au niveau du tropique du cancer, non, on le verra quelques kilomètres plus loin, ce n’est pas encore le bon endroit. La vue est superbe. Clic, clac…

En repartant, on se dit qu’à travers toutes ces attitudes, c’est bien le reflet de la société qui transparaît.

On continue, cette fois un panneau nous indique le tropique du cancer, c’est la bonne situation. Photo de rigueur à déclencheur automatique ! Le Maroc pourrait valoriser davantage l’endroit avec un panneau plus moderne.

On se fait doubler par d’innombrables revendeurs de voitures, français, italiens, espagnols souvent conduites par des jeunes africains issus de l’immigration.

Maintenant, nous circulons sur un immense plateau bordés de monts distants de 300 à 500 m de chaque côté de la route. L’espace est recouvert de plantes grasses rouges qui commencent à fleurir. En fonction du soleil, le sol passe au rouge, au rose, voire au grenat.

Il fait de plus en plus chaud. Cette fois, mon nez n’a pas résisté aux coups de soleil. J’ai mis aujourd’hui mes lunettes spéciales montagnes/désert avec protection nasale. Je n’ai plus le choix. Mais c’est horrible, j’ai l’impression d’avoir un bec d’oiseau de proie à la place du nez.

Nous nous arrêtons plus souvent pour boire, seulement, les ravitaillements se font rares. Nous apprenons qu’il y aurait une station service relativement proche où on pourrait manger tagine mouton. Super.

Trois 4X4 allemands nous dépassent à toute allure. Ce pourrait être des humanitaires à voir les chargements ?

Curieusement, nous les trouvons arrêtés quelques kms plus loin. Ils me filment, me photographient dans tous les sens ou sous tous les angles !  Je leur demande 20 dirhams mais ils ne comprennent pas ma plaisanterie. Alain discute déjà avec eux. Ils sont allemands mais je ne saisis pas un mot de ce qu’ils disent. J’essaie malgré tout de leur poser des questions, aucune réponse cohérente.

Puis, j’y vais franco : « Avez-vous un bon sandwich à nous offrir ?

 Rien, Brot ? Rien, si ils donnent un reste de pain ranci (on a le  même) J’abandonne. Puis l’un d’entre eux revient avec des pastilles vitaminées puis avec deux barres, puis donne une bière (pas fraîche) à Alain, et enfin arrive avec 4 saucisses de Munich. Ouf, pas sans mal. Voyez la faim où cela conduit. A la mendicité, messieurs dames à votre bon coeur….

La bière faisant son effet rapidement, ils chantent qu’ils sont de Munich Bavière avec l’air de je ne sais quelle polka ?

Sur quoi, Alain lève la jambe et entonne les petites femmes de Paris. On se croirait dans une séquence de la Grande Vadrouille. Trop drôle !!!

Nous atteindrons la station en début d’après midi, nous y mangeons, un tagine pour deux. Je bois beaucoup, coca et yaourt qu’on achète maintenant en bouteille de 350 ml au moins.

Alain s’endort sur place, moi je sors à l’ombre. Prends des notes.

Après le repas, je ne sais pourquoi, sans doute le faite de reprendre des forces, je pars dans des relais assez impressionnants (pour moi), Alain ne me dit pas ce qu’il en pense. Je suis d’une régularité sans faille, vitesse assez élevée au dessus de 20 à l’heure. Et je peux tenir une heure. C’est nouveau chez moi. Vers Laâyoune, j’avais le vent favorable, j’ai tenu 5 heures. Bon je suis contente, je découvre d’autres facettes du vélo à 64 ans !

C’est le désert dans tous les sens du terme, rien sur la route, rien à l’horizon. On ne sait pas où on va dormir, on s’apprête à bivouaquer. Un mur d’enceinte apparaît à l’horizon. Ce sont les travailleurs qui préparent les tranchées pour enfouir le réseau  câblé internet qui se prépare entre le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal qui logent dans cet espace. On nous libère une tente au fond. Un repas ultra rapide et nous tombons dans les bras de Morphée. On s’éclaire à la bougie jusqu’au moment du démarrage d’un groupe électrogène Mais celui là ne nous empêchera pas de dormir.

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Lundi 3 janvier 2011 : Dahkla – Station service Atlas El Argoud 90 km

J’ai pris l’habitude de résumer brièvement les jours de pause, cela m’arrange de ne pas remettre en cause ces principes. Je peux résumer en quelques lignes ce long week end de repos du premier jour de l’an. Repos si l’on peut dire puisqu’il m’a permis de réaliser le clip vidéo des vœux et d’en envoyer déjà une partie. Mais comme je ne peux envoyer mes mails par outlook et que je suis obligée de passer par Orange, c’est long et compliqué, j’ai dû en envoyer le tiers de ce que j‘aurais à faire. Je vais essayer de poursuivre lors de la prochaine connexion en fin de semaine sûrement. Et il y a la lessive à faire et l’étendage sur le toit de l’hôtel.

Alain et moi nous sommes faits un petit restaurant où l’on voulait manger une langouste à 10 euros, mais comme par hasard, les pêcheurs étaient en grève ce jour là ! On a eu au moins l’occasion d’être en ligne avec ceux qui était aussi connectés, et cela fait chaud au cœur de se rapprocher des siens pour ces moments là.

La surprise du WE, c’est Marie Ange et Christian, deux autocaristes du Gard devenus nos amis du Maroc. Ils téléphonent en disant on arrive : ils arrivent effectivement cinq minutes plus tard avec leur véhicule qu’ils installent en dessous de l’hôtel. Achat de petits pains marocains et voilà, nous nous posons à l’intérieur pour l’apéritif. Ils m’avaient promis le Martini blanc, c’est fait. Mais en guise d’apéritif, c’est un vrai repas de Nouvel An qu’ils nous offrent !

Confit de poivron sur foie gras, cuissot de sanglier fumé, saucisson, fromages, le tout arrosé de St Emilion 2004 ainsi que le traditionnel gâteau du 1er janvier, café pousse café (une Médaille d’or d’un alcool du Gard dont  j’ai oublié le nom) et j’en passe… Pour une surprise, c’en était une !!!  Que dire de plus, que le service était parfait. Alors là vous nous avez bluffé, je n’arrive pas encore à réaliser ce qui nous est arrivé, je ne l’oublierai jamais ! Merci encore.

Réconfortée par tous ces petits instants de bonheur, c’est donc joyeusement que je suis remontée ce matin sur ma gazelle après être passée à la poste pour voir si mon paquet enfin arrivé à Tantan a bien été renvoyé à Dakhla, comme il faut deux jours, ce devrait être bon. Eh bien non, il n’y est pas. J’ai fait une procuration à ces nouveaux amis qui ont bien voulu accepter de me le retirer et de me le faire parvenir par taxi jusqu’à à Nouadhibou.

Rencontré deux français des trois provinces à la poste qui me disent que Jacqueline, c’est ainsi que la dame de Sarre Union se prénomme est désolée de ne pas m’avoir revu, moi aussi, je compte bien la saluer en passant devant le camping. Perdu le sens de l’orientation de la ville, difficile sortie. Nous nous retrouvons sur l’autre côté de la rive, pas fait exprès après bien des détours, nous nous retrouvons à un rond point à proximité du camping avec je pense quelques kilomètres en trop au compteur. Jacqueline est partie faire des courses, son gros chien monte la garde devant le camping car. Nous retrouvons les gens qui se trouvaient au restau avec nous la veille. D’autres nous parlent, la radio camping fonctionne bien, certains nous ont déjà photographiés en roulant. Nous sommes désormais connus et reconnus par le milieu. Je laisse un  mot à Jacqueline tandis qu’Alain regonfle les pneus. Elle arrive à fond la caisse avec son mari sur leur gros Kad. Nous sommes tout simplement heureuses de nous revoir.

Il faut partir. Eh oui, les rencontres sont super, mais tout est planifié, la route nous appelle, Nous la reprenons dans le sens inverse. J’y prendrai autant de plaisir qu’à l’aller ; C’est un paysage magique, la lagune vaut le détour à elle seule. On s’arrête au km 25 pour manger au bord de la plage, site unique. On se met à l’ombre sous le haut vent d’un abri qui semble neuf. De nombreux jeunes passent et repassent devant nous, toujours surpris de nous voir là avec nos machines. Ce sont des pratiquants du bike surf, je crois que cela s’appelle ainsi ? (aile volante et surf).Un sport qui se développe en France et que Mathieu essaie d’implanter au Maroc, il vient de créer une école là où nous nous trouvons et doit en développer d’autres au Maroc et au Sénégal. J’aurais dû prendre ses coordonnées.

Reprise du vélo, côte à monter que je passe sans problème, petit coca en passant, petit contrôle et hop cela repart pour de bon sur la nationale 1. Grand panneau indicateur de route, il nous reste 1450 km pour Dakar. J’en imaginais beaucoup plus. Youpi.

Mais on sait que le plus dur se situe sur ces quinze jours à venir à cause du manque d’hébergement, de ravitaillement.

On roule, on roule, nous sommes dépassés par des voitures de compétition, style Paris Dakar. Des nostalgiques de cette compétition sans doute qui en ont créé une autre, la Trak Africa. Ce sont des bolides qui nous dépassent, quel anachronisme avec nous ?

Au croisement de Dakhla, je vois encore la tête d’un type d’une grosse voiture rouge qui nous découvrait et n’en croyait pas ses yeux. Il nous a fait un signe de  la main qui voulait dire « chapeau » ou quelque chose du style.

On longe le bord de mer, c’est magnifique. Beaux paysages de mer et de désert. On s’arrête plusieurs fois. Les plantes du désert sont en fleurs. Nouvelle émotion devant ces petites plantes qui vont chercher leur ressources je ne sais où ? Nous en prenons plein les yeux, plein le cœur, je dis nous car, c’est vraiment partagé.

J’ai raté mes photos, je ne sais pourquoi ? Je n’avais qu’à les vérifier.

L’angoisse a rattrapé le plaisir de la découverte, où allons nous coucher ce soir, qu’allons-nous manger ? Nous sommes contents, nous tombons sur une station qui a l’air sympathique avec un décor enchanteur. Le café restaurant motel du tropique. Le gérant nous fait entrer aussitôt dans le café et nous fait mettre nos vélos à l’abri. C’est bien. Mais il nous empêche de parler aux pécheurs qui sont là. Il me glisse à l’oreille qu’ils sont mauvais, cela ne se fait pas.

Je lui demande le prix des chambres, il me répond que l’on verra cela quand les gens seront partis. Puis on parle menu. Il n’y a rien d’intéressant à manger ? Qu’est-ce qu’on fait là ? Nous attendons encore un peu, Alain est sorti discuter avec d’autres gens, je n’ose bouger à cause du matériel. Puis Alain revient. Je lui dis, ce mec, il n’est pas clair. Il en pense autant, il ne nousen faut pas plus pour nous comprendre, je luis dit : « on s’en va – OK », nous reprenons nos bécanes et hop, nous sommes déjà sur la route, il nous court après, hé les français, trop tard…

On traverse le village d’El Argoud sans voir d’hôtel, cela remue beaucoup, les gargottes, sont nombreuses et bien remplie par d’innombrables chauffeurs de camions qui sont arrêtés, mais ce n’est pas pour moi. On se renseigne, un peu plus loin, il y aurait une nouvelle station service. Nous y allons.

La nuit tombe. J’ai allumé ma lumière arrière. Une voiture arrive à ma hauteur. Une femme ouvre la fenêtre et me dit : « Vous êtes Irène, je vous cherche » Je rêve ou quoi ? Qui peut me chercher à 5000 km de chez moi ?

 Mais ce n’est pas un gag, elle continue : « Nous sommes de Nancy, enfin presque et on a convoyé Adeline et Rémy, ils m’ont parlé de vous. On vous a vu, on vient de retourner. »

Quelle histoire !

Il s’agit de Lydie et Jean Jacques de Marbache qui reviennent de Dakar où ils ont passé leurs vacances. Ils ont convoyé nos deux jeunes à partir du site de voyage forum d’Agadir à Saint Louis. Ils savaient donc qu’ils pouvaient me croiser. Ils m’accompagnent jusque la station où nous allons passer la nuit.

On discute un moment, ils sont surpris de nos conditions de vie du jour. Que dire, nous l’avons voulu, on sait que l‘on doit passer par là. Mieux vaut être en sécurité dans une station que dans le sable perdu au milieu de tout.

Quelle belle rencontre ! Une de plus. Ils me déchargeront d’un ou deux kg de bagages. Toujours cela de moins à traîner. Echange d’adresse. Bon retour et on se reverra à Nancy.

Sur la carte, nous constatons que nous sommes à la hauteur de Dakhla.

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