Le départ devait avoir lieu à 8 h, le cyclo n’est arrivé qu’à 8 h 30, il aurait été bloqué par les voitures, bien sûr, je n’y ai cru un seul instant. J’ai découvert des mails urgents qui demandent réponse, dont un sponsor, il ne veut pas aller jusqu’au Sahara où la Wifi me permettrait de satisfaire ces besoins, d’autre part, j’ai emprunté deux livres, cela me permettrait de les rendre. Mais Alain refuse catégoriquement. Je ne suis pas contente. Il ne fait que ce qu’il décide, j’en ai marre.
En traversant une des rues principales, une femme me reconnaît et m’applaudit, c’est Mimouna, l’employée de maison de Christine. Ce qui est chaleureux dans ces pays, c’est que lorsque l’on nous a rencontré une fois, nous sommes des mais. Si bien que partout sur notre chemin, nous sommes connus et reconnus.
Nous quittons la ville facilement grâce aux bonnes explications de Yazid. Nous passons devant tous les ministères, palais présidentiel, banque de Mauritanie, Radios, chambres consulaires, et tous les grands services du pays. Puis nous arrivons dan un quartier populaire qui s’étend sur des kilomètres. Autant nous avons été plongés d’un seul coup dans la ville à l’arrivée, autant la sortie se prolonge. Il nous faudra parcourir 14 km pour en sortir.
Dans ce secteur, je retrouve l’ambiance Sénégal. Les moyens de transports, l’apprenti derrière le bus, les chèvres sur le toit, etc… Les commerces sont nombreux, le quartier est animé.
Le paysage ressemble à la lande du dernier jour de pédalage. Terre sableuse, plantes épineuses, quelques arbustes, voilà le décor du jour.
Mais le vent est favorable, nous partons d’un bon rythme. J’ai quitté mes nouveaux amis français à regret. Chaque fois que cela l’on passe un moment avec les personnes, la séparation ne se fait pas sans un pincement au cœur. C’est la loi de la route.
Mais je compense par la joie de retrouver le vélo. C’est devenu une drogue. Je crois que je ne vais plus pouvoir m’en passer. Je vais à mon retour, reprendre le vélo de route dés que le temps le permettra. Je pense au film « Forest cump » au gars qui courrait toujours même si la philosophie du film n’a rien à voir avec mon histoire.
Nous passons le contrôle de police, puis le contrôle de gendarmerie. Le chef des gendarmes nous donne son numéro de téléphone portable au cas où nous aurions des problèmes. Il téléphone aux autres postes pour prévenir de notre arrivée. Nous sommes sous leur contrôle total, c’est rassurant, c’est sérieux.
Les jeunes crient joyeusement sur notre passage et accourent du haut des villages. Les parents les freinent. Des femmes et leurs enfants jouent avec Alain lors de la pose boisson.
Nous passons devant deux auberges, je les prends en photo, des idées pour M’Bagam ?
Contrairement à la route précédente, les habitations sont en nombre. Vides ou occupées. Maisons de peuls qui seraient partis aux pâturages ? Non, j’ai la réponse, les familles partent à Nouakchott dés la rentrée scolaire et reviennent aux vacances. Devant les maisons, il y a une sorte de cour souvent grillagée. C’est pour y rentrer les chèvres, le bétail.
Le repas se prend sur une table géante, c’est le système de l’adduction d’eau. J’ai acheté une boite de crabe ce matin pour changer des sardines. Manque de chance, je n’ai pas d’ouvre boite sur le couteau. Cela m’énerve une deuxième fois. Je me rabats sur une boite de maquereau/maïs.
Les chameaux ont quasiment disparus, j’ai seulement vu une bande de jeunes dromadaires qui s’amusent comme de jeunes chevreaux. S’il y a des jeunes, les adultes doivent exister mais se trouvent certainement dans l’arrière pays en pâturage. Par contre, les chèvres comme les ânes sont très nombreux et gambadent souvent sur la route.
J’ai eu devant moi 4 Fanfan qui me barraient la route, comme s’ils me disaient : « Tu ne passeras pas, on veut que tu restes ici », j’ai essayé de sortir l’appareil à photo, mais le temps de dégainer, ils se sont sauvés, dommage. Quelques dunes d’une belle couleur orange nous rappellent que nous venons de traverser le désert.
Dans la deuxième partie de l’étape, les arbres apparaissent au fur et à mesure de notre avancée. Ce sont des acacias. Le vert contraste fortement avec l’orange du sable. De jolies maisons neuves agrémentent également le décor de cette campagne. Je les photographie également.
Nous faisons étape à Thighent seule ville entre Nouakchott et Rosso. Nous sommes arrivés vers 16 heures. On avait largement le temps de passer à l’auberge du Sahara…
Ahmed notre guide nous a donné l’adresse de Touti qui normalement tient une auberge. Il nous a dit vous la trouverez sans problème, effectivement, même les enfants la connaissent. Dans les faits, ce n’est qu’un restaurant, elle est en villégiature à Nouakchott, mais sa sœur doit nous régler le problème d’hébergement. Nous avons la visite de la gendarmerie qui vient prendre nos déclarations d’identité. Il nous assure une patrouille de contrôle dés la nuit tombée. On n’en demande pas temps !
La sœur déménage une chambre et nous l’attribue pour la nuit. Ahmed y tient, il téléphonera plusieurs fois jusque lorsque nous sommes logés. Il y a un gars qui est présent sous la tente. Il discute beaucoup avec nous. Il se dit fonctionnaire de l’Etat à Rosso mais nous n’en saurons pas plus. On s’est demandé s’il ne nous surveille pas ou si c’est vraiment un client du restaurant. Il est gentil et sert d’intermédiaire entre nous et les locaux qui ne comprennent pas bien le français.
Nous avons encore la visite d’un policier en civil, (un ancien garde du corps national), je trouve que cela fait beaucoup même si c’est pour notre bien ! Ou bien, ils ne voient pas beaucoup de français, et sont curieux de rencontrer ces deux énergumènes à vélo que nous sommes ou encore ils font du zèle, ou bien ils veulent vraiment nous rassurer. Mais nous, nous sommes très zen.