En rentrant du restaurant hier soir, très tardivement puisque nous avons travaillé sur Internet à partir de la Wifi, nous avons rencontré Ali qui nous a vivement conseillé de partir ce matin avec des gars qui vont visiter le banc d’Argouin avec Ahmed, comme guide. « Il faut monter dans leur camion jusqu’au carrefour de Nouatchock. Il y a bien trop de vent, après vous l’aurez dans le dos… Cette partie là, vous l’avez déjà faite, donc n’hésitez pas à leur demander ».
Nous écoutons ce vieux sage. Le problème, c’est que ce petit monde part à 7 heures du matin et que nous ne le savons pas. Heureusement, aujourd’hui, je suis matinale et j’ai pu le leur demander. Ils ont accepté gentiment, mais du coup, ont dû nous attendre un peu. Nous nous en sommes sorti à peu près. C’est-à-dire que nous n’avons pas fait les provisions comme nous l’avions prévu et pas fait les photocopies pour les contrôles.
Nous avons donc gagné rapidement ce carrefour et pour moi, une rencontre et une discussion bien intéressante avec l’un des trois jeunes hommes (Originaire du Puy de Dôme, je crois). Dans ces cas là, je n’ai pas toujours le reflexe de prendre la photo et de demander l’émail, dommage. Si vous me lisez, envoyez le moi SVP.
Nous débarquons et appareillons aussitôt, un jeune Mauritanien nous propose du change que nous acceptons, le taux n’est pas mauvais !
Puis, c’est parti, les gens ne devraient rien nous dire, car, comme d’habitude, nous avons le vent en pleine face. Et cela pendant 38 km. Après un bon week-end, pas mal, comme remise en forme.
Nous croisons le train minerais pour la deuxième fois, mais il n’est pas au complet, il ne fait qu’un km de long au lieu des deux habituels.
Les kilomètres que nous parcourons sont loin d’être monotones, tout le long du parcours entre la route et la voie ferrée, des micros projets ont dû permettre à des nomades de se sédentariser. Des jardins sont organisés à partir des traverses qui ont servi à la voie. Les arbustes poussent bien. Les projets doivent être accès dans plusieurs directions, sédentarisation, tourisme et développement agricole. Nous voyons des pancartes « vente de lait de chameau », il existe de nombreuses auberges également sous tente et sous case. Des inscriptions me confirment l’aide d’ONG. Je suis contente de voir que dans cette région, l’aide n’est pas un vain mot, on la ressentait, elle est présente réellement.
Des maisonnettes identiques à celles de nos jardins ouvriers sont dispersées à l’intérieur de ces enclos. Habitations ou hangar ? Je ne sais pas.
Nous arrivons sous la chaleur au village de Boû Lanouâr et essayons de trouver un peu de victuailles dans une épicerie locale, ce sera des miettes de thon que nous mangeons à l’ombre dans une abri-maison mis à notre disposition le temps du repas. Deux hommes viennent nous y rejoindre. Le propriétaire, je pense et un homme d’âge bien mûr. Il demande à Alain s’il croit en Dieu, la question qu’il ne fallait pas poser. Le pauvre homme, il n’en revient pas, qu’on ne puisse avoir aucune religion. Un débat philosophique s’engage entre eux. Il ne veut pas admettre que c’est plus important d’envoyer les enfants à l’école qu’à la Mosquée ; cela va loin. Il prend Alain pour un communiste !
Il ne comprend pas non plus que l’on se soit rencontré sur Internet et que l’on fasse tout ce voyage ensemble sans que l’on ne soit un couple !!! Cela aussi, le perturbe vraiment. Quand nous partons, il me prend à parti et me demande si je peux faire quelque chose pour Alain. C’est dramatique qu’il ne croie pas en dieu. Allait-il lui jeter un sort ou priait pour le faire récupérer par Hallah ?
Nouveau départ où le vent présentait tous les avantages et rien, on roule aussi difficilement que ce matin. Cela devient dur à poursuivre. Ce sont les vrais premiers signes de fatigue qui se présentent. J’ai mal aux muscles, ils se vident à l’effort, en plus, j’ai mal au genou.
Les kilomètres montent au compteur mais l’étape n’est pas finie, il en reste encore, 40, 30, 20 et le soleil descend vraiment. Nous savons que nous ne devons pas rouler de nuit. Je dis à Alain qu’il faut arrêter une camionnette, mais je comprends qu’il n’est pas trop d’accord. Je poursuis encore puis je me décide à demander à celui qui voudra bien s’arrêter à mes signes où l’on en est précisément. Une Toyota avec plein d’hommes s’arrête dont un militaire qui confirme que le poste de gendarmerie est bien à 25 km de là. Il dit que l’on doit arrêter le vélo. Moi, j’obtempère mais Alain n’est pas trop d’accord car il y a un village dans une dizaine de km. Mais le militaire ne lui laisse pas le choix. Nous mettons vélos, bagages dans la Toyota et montons à l’arrière avec les ouvriers.
Nous avons parcouru 106 km dans le vent, la galère quoi ! Pour Alain, l’objectif de la journée n’est pas tout à fait atteint, moi, je m’en fiche, la sécurité d’abord et quand on a déjà une distance comme celle là dans les jambes, on peu se faire 25 km pour trouver de quoi dormir en sécurité, n’oublions pas que nous sommes dans un pays qui comporte des risques.
Nous trouvons tout de suite une auberge pour passer la nuit. 2000 ouguiyas chacun. C’est une case très jolie. Nous y sommes seuls. Nous n’avons plus beaucoup de réserves, dans l’épicerie, il n’y a pas de pain, pas de conserve, peu de chose en fait. Alain se fait un repas petit gâteau, je lui conseille de se faire un thé, moi je me fais un chocolat au lait tartines de confiture orange. Ce n’est pas si mal…
Je m’endors rapidement. Je sais qu’un policier est venu voir si tout se passait bien mais je suis incapable de dire à quelle he