Le matin, nous sommes réveillés par les chèvres qui sont au milieu de l’habitat. Il y a aussi un bébé qui pleure. L’auberge n’est pas mal, mais aucun service à côté. Pas d’eau, pas de WC ou celui qui existe est fermé au cadenas…
C’est donc la même crise que tous les matins…
Petit déjeuner, Alain refuse de se faire du thé, je l’engueule, il n’est pas sérieux de s’alimenter aussi mal. Il ne m’avoue pas qu’il a une petite idée derrière la tête, celle de s’en faire offrir un par les habitants, quel énergumène !
Nous partons pour une fois avec un vent favorable. Malgré cet avantage, nous ne dépassons pas le 22 km/heure. La journée d’hier a été éprouvante et les muscles s’en ressentent. Il vaut mieux observer le plus grande prudence.
Un nouveau paysage se présente à nous. Plutôt celui d’une steppe que du désert proprement dit. On ne sait plus si l’on est en Afrique ou si l’on traverse les dernières régions de verdure avant les pôles.
Plusieurs virages opposés au vent nous rappellent que tout peut s’arrêter d’un moment à l’autre. IL est toujours présent et nous ralentit par la même occasion. Il suffit de virer dans l’autre sens et cela repart un peu. Mais la tempête de sable que nous n’avions pas encore connu s’y met elle aussi. Ce n’est pas drôle. Il vous single le visage, il faut tout calfeutrer. Son nez, ses yeux… Heureusement que l’étape est courte.
Dans cette steppe interminable poussent quelques plantes ici et là. On ne sait pourquoi, des graines qui se seraient envolées du camion ou déposées par des mains vertes anonymes. C’est le cas pour des espèces de courges qui ressemblent à un genre de pastèques, puis un arbre au milieu de cette étendue et des plantes vertes quasi identiques à nos caoutchoucs d’intérieur.
Quelques dromadaires nous regardent passer. Un autre attend son maître, pattes entravées…
Lors d’un arrêt rafraichissement, un hollandais s’arrête spontanément pour nous demander si tout va bien. Aujourd’hui, j’ose demander de la nourriture. Du pain qui manque. Il n’en n’a pas non plus. Il nous donnera des gâteaux marocains ! Si vous saviez comme nous aimerions récupérer une boite de terrine quelconque pour se faire un vrai sandwich.
Au terme de notre étape, à notre arrivée à la gare du Nord, c’est ainsi que s’appelle cette station, nous sommes accueillis par un jeune espagnol qui nous offre des quartiers d’orange tirés d’une grosse navel. Si vous saviez avec quel plaisir nous les dégustons !
Nous pouvons acheter pain, thon, et une glace à la petite épicerie. On se confectionne un sandwich thon, maïs, ces petites graines peut être transgéniques lui donne une saveur qui nous ravigote.
Je n’ai pu résister au plaisir d’aller chercher un esquimau chocolat !
On squatte la salle de repos de la station, on va et vient en attendant l’heure de s’allonger pour une nuit bien méritée. Petite toilette à la lingette au moins pour enlever le sable qui nous colle au visage.
Nous sommes à peine allongés qu’un gars du snack vient nous dire : « vous dormez là, cela fera 2000 ouguiyas, je lui réponds du tac au tac, oui, Monsieur, on vous les donne demain matin.»
Dans la nuit, nous avons eu de nouveaux arrivants, deux grands noirs, et au petit matin, un couple de Mauritanien est venu restaurer ses jumeaux presque nouveaux nés.