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Le forum, compte rendu du 9 février
La marche a rassemblé quelques 70000 personnes, nous y étions avec Alain, nous avons marché à côté de nos vélos avec notre délégation de Sénégalais derrière nous.
Le FSM de Dakar, c’est bien un événement mondial ! C’est ma première participation à une telle manifestation et je ne le regrette pas. Pour vous situer l’ambiance, c’est un peu la même que celle des universités d’été mais à l’échelle mondiale. Les différents modules organisés notamment sur les grands thèmes appellent à l’union.
C’est important, car chacun développe souvent les mêmes thématiques que l’autre, il y a des pertes d’énergie et un certain éparpillement. Le forum permet donc souvent de présenter ses actions dans le cadre d’un partenariat. C’est dans ce sens que Peuples Solidaires, le CCFD, les Amis de la Terre… portent le module sur l’accaparement des terres dans le monde.
Chacun d’entre nous peut faire entendre sa voix, partager ses idées.
Ce qui me surprend et me réjouit à la fois, c’est le nombre des activités qui sont présentées, sans doute plus de 1000, toutes les formes d’expression sont permises, nous assistons donc à de grands débats mais aussi à des manifs de rue, ce midi, c’était les Marocains qui s’exprimaient pour dénoncer les prisonniers politiques incarcérés, mais aussi toutes sortes d’animations d’ordre culturel. Les concerts sont nombreux, mais quand ils commencent, je suis déjà rentrée avec la délégation de Peuples Solidaires. Il y a tous les soirs une rencontre de synthèse autour de la piscine de l’hôtel.
Les femmes, elles animent souvent des stands, pas seulement de manière commerçante mais plutôt de manière promotionnelle et de valorisation de leur produit. Puisque je parle des femmes, j’en profite pour dire qu’elles sont très présentes dans ce forum et qu’elles participent activement aux débats. Ceux réservés aux violences faites aux femmes sont particulièrement remarqués, eh oui, on assiste à une recrudescence des cas de viol et de violence et pas seulement dans les pays en guerre, même au Sénégal.
Parmi les créneaux qui sont largement discutés ; je citerai sur le G8, G20 puisque la France porte ces manifestations en 2011, les accaparements des terres où 40 débats sur le sujet ont eu lieu le deuxième jour. J’ai participé à ceux organisés par Peuples Solidaires et le CCFD sur le sujet, bien sûr. Ce que j’y ai entendu me conforte par rapport à ce que j’ai essayé de mettre en lumière. Ce phénomène est bien plus grave que je ne l’imaginais au départ
C’est un cri de détresse qui est lancé par les paysans. Pour les Sénégalais, ce sont des pratiques esclavagistes. On assiste à une disparition de la paysannerie, me dit Amadou Tidiane, l’ami de Kassak Nord. « Un crime de l’humanité » dit un jeune agriculteur. Ou cet autre de Saint Louis qui vient me voir pour expliquer qu’il a fait toutes les formations et qu’il ne peut obtenir aucun lopin de terre. C’est actuellement 50 millions d’ha qui sont accaparés dans le monde. « Il faut que les paysans soient indemnisés, c’est une véritable spoliation, », dira un autre.
Le changement climatique est largement abordé avec pour conséquence la souveraineté alimentaire. Un paysan, victime de la disparition de la terre dit qu’il ne peut plus assurer que deux repas sur trois à sa famille.
A Dakar, secteur de la patte d’oie, je vois des gosses venir acheter à crédit 1/3 de baquette (qui est loin de peser 250 g). Si le commerçant fait crédit, c’est que la famille peut payer. Cela veut dire aussi qu’il y en a de nombreuse qui ne peuvent plus en acheter, me dit Abdoulaye. Son salaire de conseiller pédagogique à l’IDEN ne lui permet plus de payer que l’eau et l’électricité du mois. C’est un exemple qui montre comment le niveau de vie a augmenté au Sénégal.
Le journal d’hier propose différents leviers pour sortir de l’impasse. Notamment dans le domaine de l’agriculture, il reprend les propositions de PSO en disant qu’il faut revenir à une agriculture familiale et abandonner celle qui est orientée vers une économie marchande.
Le thème des migrants est aussi largement évoqué. Voilà un aperçu de ce forum. Le côté négatif, c’est l’organisation mais la désorganisation permet quelques fois de belles surprises, les participants sont passés au dessus de ces problèmes. Les étudiants sont de plus en plus participatifs, ils profitent aussi de cet espace pour protester sur leurs conditions. D’autres sur leurs impasses.
Le recteur trop conciliant avec les organisateurs du FSM aurait été débarqué il y a quinze jours et remplacé par un nouveau (anti FSM) qui ne cesse de tout remettre en cause, d’où les nombreuses difficultés. Les étudiants n’ont pas été mis en vacances entre autre, du coup pas assez de salle pour les interventions.
Hier, j’ai rencontré les deux femmes qui avaient assisté à l’information faite à Langres juste après on départ. Elles m’avaient promis de venir au FSM, nous avons donc déjeuné ensemble hier, c’était bien sympathique, de se retrouver.
Aujourd’hui, dans le débat de cette après midi, un agriculteur de la vallée du fleuve demandait à Action Aid d’intervenir dans le Nord du pays. Je suis allée le remercier pour son initiative et lui expliquer que j’en formule une identique depuis un moment. Je lui parle de ce que j’ai fait, il me tape dans la main et m’explique qu’il était dans son champ et qu’il m’a vu passer.
Bon, je vais arrêter là mon bavardage.
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Le FSM s’organise
Voilà le lien de Peuples solidaires sur la marche de dimanche
http://www.peuples-solidaires.org/fsm-ouverture/
Aujourd’hui, j’ai participé à deux ateliers qui m’ont vraiment confortée dans ce que j’ai fait sur le parcours.
Je vous en dirai un peu plus dans la soirée peut être, c’est du non stop.
Voilà aussi quelques photos
Irène
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L’accueil à l’arrivée
L’arrivée à la porte du troisième millénaire n’est pas l’effet du hasard. Le Sénégal lutte depuis longtemps pour les droits de la femme, mais c’est au troisième millinaire que cela s’est concrétisé par le vote des lois sur la parité et que leur rêve s’est presque réalisé. Cette porte qui s’ouvre au monde sur la mer montre vraiment qu’un autre monde est possible.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai choisi de terminer mon « odyssée » à cet endroit.
La dernière étape a été assez bien réglée puisqu’elle n’a amenée vers 16 heures aux portes de Dakar.
A 16 h 30, nous atteignons la grande porte. Toute la délégation de Peuples Solidaires est là, les amis, les accompagnateurs. Chants, photos, films, que d’émotion… C’est encore trop frais pour vous dire ce que l’on a vécu. Le groupe s’est senti tellement bien qu’il est resté là presque deux heures. Nous avons déjà partagé de nombreuses bribes de notre voyage avec les personnes qui l’ont souhaité.
Je mets quelques photos pour que vous ayiez un apperçu. Après j’ai déliré, dans la joie et la bonne humeur, heureuse de la fin de l’aventure.
Tous mes amis sénégalais n’ont pu être présents, certains, malades d’autres retenus par des engagements. Mais Siddik Traoré vient de m’appeler et m’a fait un discours au téléphone qu’il est prêt à refaire en public si on lui en donne l’occasion. Des paroles poétiques et philosophiques.
L’aventure n’est pas finie, la marche de demain sera l’ultime fin de mon histoire vélo mais les images n’ont pas fini de défiler dans ma tête et les pages ne sont pas encore totalement noircies.
A bientôt
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Dernier appel au peuple
Nos actions sénégalaises sont commencées, voir journal de bord.
la mobilisation est effective, le malaise agricole est profond. Un jeune me disait hier, j’ai fait une formation, je suis agriculteur et je n’ai pas de terre à exploiter, tout m’est refusé…
Nous faisons deux présentations par jour. Une en fin de matinée, l’autre à l’arrivée de l’étape.
Je pensais boucler le budget avec les 1000 euros recueillis, en faite, il manque 200 à 300 euros, pour être à l’aise les subventions refusées auraient été les bienvenues…
Recettes :1000 euros = 650 000 CFA
Dépenses : 440 000 bus et nourriture, 150 000 location de voiture des accompagnateurs pour relai avec les locaux. 40 000 film pour télévision,30 000 alimentation des accompagnateurs et hébergement.
Voilà où j’en suis, la vie est chère, le téléphone aussi.
Mais bon, l’action fonctionne, c’est le principal.
Prochaines interventions : Louga et Kebemer demain
après : Mekhé et Thiès et samedi arrivée à Dakar.
Nous avons été filmé par Wolf FM, on passe à la télé de St Louis au journal télévisé et à la radio.
Si ce n’était l’angoisse de l’argent, tout irait bien.
Amitiés à tous.
Irène
PS : je devrais avoir le lien pour regarder l’émission de télé
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Les trois jours à M’Bagam !
Mercredi , jeudi, vendredi :
Au réveil, Alain fait la chasse à la souris et la rate, elle vient se blottir sous le tapis où sont posés les deux matelas. Nous abandonnons la recherche. Le soir, j’en parle à Moussé qui débusque l’animal et le tue. Je suis soulagée. Mais la nuit suivante, la lumière à peine éteinte, une nouvelle souris se met à grignoter. Nouvelle chasse, nouvelle planque dans la fameuse caisse. Alain me dit, ne t’inquiète pas elle ne ressortira pas. Il s’endort à nouveau et 5 mn plus tard, la bête continue son festin. J’allume la lumière et la laisse ouverte toute la nuit. Je dormirai en paix. Moussé se charge de récupérer l’animal en notre absence.
Le lendemain soir, nous rentrons tardivement de Richard Toll en voiture. Dans la lumière des phares, nous percevons de gros rats dans la cour de la MPT. Les gens rit de notre effarement de constaterr la présence de ces bestiaux dans un lieu public.
Eh, oui… La cause : un énorme tas d’ordure jouxte la maison bien que deux ans plus tôt, nous ayons profité de l’inauguration de la maison pour le faire disparaître. Un bull de la compagnie sucrière avait remis le terrain à nu. Quand on voit la femme d’un élu local venir déposer ses sacs d’ordure, que faire ?
Les deux remorques achetées l’an dernier pour un nouveau ramassage d’ordure ne semblent pas encore entrée en fonction. Les ânes sont ils acheté ? Pas sûr. Aucune amélioration environnementale n’a vu le jour depuis le dernier chantier de jeunes. C’était pourtant une des tâches prioritaire que l’association devait prendre en compte.
Alain qui vient de faire le tour du village revient effaré de ce qu’il a vu. Les gens qui se baignent à un mètre de la pollution, des ordures, on voit fréquemment la toilette d’un animal et d’une personne dans l’eau du fleuve forcément brouillée. On rencontre partout des dépôts d’ordure. Je ne sais plus quoi faire, il n’y a rien à faire. Donc, étant donné que c’est partie du développement local n’est pas pris en compte, nos projets ne peuvent qu’échouer. Cela veut dire que la démocratie participative du développement local, pour qu’il soit réel et durable, doit exister. A M’Bagam, cela ne marche pas malgré la volonté de quelques personnes. La population est dans la passivité totale et dans la main tendue.
Nous profitons des ces deux jours au village pour faire le point de la situation, pour moi, elle est décevante. Ils ont une maison mis à part la garderie, rien ne s’y passe même si elle est mieux entretenue que par le passé. Le robinet qui coule et pour le quel j’avais laissé de l’argent à mon départ l’an dernier n’a pas été changé, la serrure à la porte n’est pas réparée, etc, etc… Personne ne me demande d’organiser une réunion pour faire le point sur le partenariat. J’en prendrai l’initiative. C’est un désastre. Les gens sont venus mais personne ne comprend rien à rien. Ils veulent redéfinir les bases du partenariat. Bases que l‘on a construites ensemble à partir de leurs demandes et dont la convention n’a jamais été signée.
C’est désolant, décevant. Ce qu’ils veulent, ce sont des sommes d’argent et rien d’autres. De l’argent dont ils disposeraient à leur gré sans aucun rendu.
Nous passons ensuite en revue les chantiers en cours. Le budget initial du mur a doublé. Où allons-nous chercher le complément. Celui du dispensaire n’est pas mieux. Il était prévu pour une salle, deux sont construites, qui va payer la fin des travaux ? C’est toujours plus. Je passe volontairement sur les détails. j’ai peine à m’endormir après cette soirée de mise au point. Pour moi, M’Bagam, c’est fini. J’ai trop donné, il a peut être deux ans que j’aurais dû arrêter.
Le point positif à mes yeux, c’est du côté des Peuls qu’il me vient, ils ont leur école, le Chef est heureux de me la montrer, il nous le témoigne rapidement, les gens affluent en deux minutes autour de nous, c’est la joie. Nous pourrions les faire chanter et danser mais nous sommes pressés, il faut partir.
Nous restons trois jours au village. Trois jours bien occupés à rencontrer les gens, les collaborateurs, le Maire de Rosso, les enseignants et mettre au point le projet accaparement des terres dont la marche de Dakar où je souhaite qu’un maximum de personnes participent. Deux bus partiront un de M’Bagam et un de Ross Béthio.
Nos contacts avec PINORD se formalisent. Nous formalisons les rencontres avec les groupements de paysans. Nous passons à la radio pour présenter le projet. C’est bien parti. Les journalistes se proposent de relayer notre action.
Voilà pour résumer ces trois jours. Pas de sieste et un minimum de sommeil.
Samedi matin, nous partons à Dakar, chercher Lisa la femme d’Alain qui vient le rejoindre mais surtout pour préparer l’arrivée là-bas. Abdoulaye notre ami de toujours nous aide bien. Il nous confectionne une banderole et nous aide à tirer des tracts mais la cartouche d’encre est rapidement vide. Le dimanche, bien sûr, tout est fermé.
Nous repartons lundi matin à M’Bagam pour cette fois reprendre la route.
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Mardi 1er février : M’Bagam – St Louis 103 km
Départ à huit heures. Personne n’est là pour nous dire au revoir ou accompagner vers notre action militante mis à part les deux jeunes filles qui partent avec nous pour s’occuper des problèmes d’intendance et faire lien avec les gens du pays. Trois exceptions : Moussé téléphone de son travail et les deux enseignants qui me sont fidèles.
M’Bagam risque de ne jamais me revoir.
Nous devons être à Ross Béthio pour midi où nous devons rencontrer les groupements de PINOR au siège de leur association. Sur la route, des Suisses s’arrêtent pour discuter avec nous. Nous discutons un moment avec René, personnage très sympathique qui se promet de nous interpeller sur le site. Il est mis résident sénégalais – Suisse. Nous sommes photographiés, eh oui, encore et on se fait tous photographier, ces moments de rencontres insolites sont tellement fort qu’il faut les graver et les faire partager.
Simultanément, je reçois un appel d’Antoine de Peuples Solidaires, nous envisageons les modalités pour l’arrivée à Dakar. Je constate que je suis complètement déconnectée de beaucoup de choses. Je m’y perds dans les dates, je n’ai pas le programme du FSM. Tout cela n’est pas grave, nous allons synchroniser les choses au fur et à mesure qu’elles se présentent.
Nous sommes partis avec une légère crainte quant à l’état de la route. Elle est en restauration entre Rosso et St Louis, il nous faut emprunter régulièrement des pistes et éviter les trous mais finalement c’est plus facile que ce que nous imaginions.
Pour midi, nous atteignons notre objectif des 50 km avec l’entrée à Ross Béthio. L’accueil des gens de Pinord est sympathique, nous ne nous connaissons pas encore vraiment mais nos motivations sont identiques, cela facilite le dialogue. Avec la présentation de nos projets respectifs, la glace est rompue.
Nous prenons un repas riz poisson dans un petit restaurant que Fatima nous a trouvé, puis nous partons pour la suite des manifestions. Je trouve que lorsque j’absorbe du riz le midi, je suis assurée d’un bon parcours pour le reste de la journée. C’est donc sans fatigue que nous atteignons St Louis. Mais là, pas le temps de se mettre en condition, un attroupement en liesse nous barre la route, c’est le siège à St louis, des jeunes, beaucoup de jeunes et des femmes nous attendent. Présentation du projet devant une télévision privée et présence de journalistes.
J’ai retrouvé Amadou Tidiane qui était à ma fête l’an dernier, il nous aide aussi pour mobiliser les partenaires. Il vient nous rejoindre à Saint Louis et passera la soirée avec nous. C’est important de retrouver les gens que l‘on connaît. Il y a tout de suite une meilleure synergie avec le milieu d’accueil.
Nous décidons de coucher dans une auberge de jeunesse à St Louis, nous mangeons dans un petit restaurant, celui où j’ai l’habitude d’aller, ce n’est pas cher et c’est bon.
Je m’offre un plat de crevette à la Saint Louisienne et un vrai lit J’en ai marre des cafards, des souris, du manque de table et de manger par terre, des repas au plat où tout le monde touche à tout. Pardonnez moi, je ne suis pas bégueule mais cela dure depuis plusieurs moi, j’ai besoin de retrouver une certaine hygiène tout simplement.
Je croyais ma journée terminée. NON. Le responsable de Pinord devait nous rejoindre avec un journaliste pour affiner l’interview. Coup de téléphone, à plusieurs reprises, ils arrivent, non, ils n’arrivent pas, j’ai sommeil, je m’endors debout. Finalement, je comprends que Djibril ne vient pas, il est réquisitionné par des gens qui viennent au FSM et qui en profite pour découvrir des projets. Par contre, Sacoura est là. Puis les journalistes arrivent. On recommence une séance caméra, je ne le savais pas, je suis fatiguée, il est 23 heures, je n’en ai plus envie. Et pourtant je m’y plie, pas le choix. A minuit, je pourrai me coucher mais pas avant d’avoir déboursé une certaine somme parce qu’ici, il faut payer les journalistes pour avoir une chance de passer à la télé ou d’avoir un article dans un quotidien…
Décidemment avec le Sénégal, j’ai encore beaucoup à découvrir.
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Mardi 25 janvier : Tiguent – Rosso M’Bagam 107 km
Il y a des endroits où l’on se sent mieux que d’autres pour séjourner, pour dormir, pour manger. Aujourd’hui, c’est le cas, mais d’un point de vue négatif. Je n’ose même pas demander où sont les « petits coins » (Il paraît que j’ai eu raison !)
Petit déjeuner presque complet puisque je réussis à avoir pain local, méthode artisanale cuit avec de la bonne farine, de la confiture, il ne manque que le beurre, mais il ne faut pas être trop gourmand. Je me sers de mon camping gaz qui est tout de suite convoité par « l’agent secret ». Je lui dis que l‘on ne trouve pas ce type de bouteille mais il ne veut pas m’entendre car il doit déjà se voir avec mon petit appareil dans le désert en train de faire son thé. Il me dit qu’il voyage beaucoup et que cela lui serait bien utile. Il veut me le racheter. Bien sûr, il est nullement question que je le lui cède. Je lui promets de lui envoyer un autre système adapté aux recharges de Mauritanie. Par contre, il faudra qu’il m’envoie une adresse postale.
Nous partons pour notre dernière étape mauritanienne, ce que nous ne savons pas encore qu’elle va être superbe. Tout de suite, nous traversons des villages aussi traditionnels que ceux que nous avons rencontrés la veille à la fin du parcours. Ils nous apparaissent paisibles et sont situés souvent au fond de petites vallées.
Ce qui change de la veille, ce sont les montées, elles sont bonnes mais après ce que nous avons grimpé au Maroc, nous les passons facilement.
Puis, la brousse aidant, je fais un arrêt sanitaire devant un site un peu particulier où se nichent des bâtiments au fond d’une nouvelle vallée aussi belle que les précédentes et où les sables de plusieurs tons se mélangent. Ce que nous ne savons pas, c’est que c’est une base militaire et que la zone est interdite. Bientôt deux soldats approchent dont l’un, mitraillette en position de tir, nous dis de partir au plus vite que c’est interdit de stationner. Ce n’est pas marqué, comment le savoir ? Nous déguerpissons tranquillement, plus rien ne nous affecte, nous avons tellement rencontré de militaires qu’ils ne nous impressionnent plus.
Les gens sont hyper sympathiques, nous sommes accueillis comme des coureurs du tour de France, cela en devient même gênant. Des applaudissements des adultes, des cris d’enfants qui déboulent du haut des villages, les vieux qui n’en croient pas leurs yeux, oui, c’est tout cela que nous recevons sur notre passage. Mais l’environnement est tellement calme que cela ne nous marque plus, je ne sais ?
Pourtant, à un moment, je passe devant un groupe de trois jeunes filles, l’une d’elle me parle fort et me balance un morceau de bois, je le prends sur la cuisse et suis égratignée sur une douzaine de cm. Si elle écrivait ses mémoires, ce seraient celles d’une « jeune fille dérangée », mais elle ne doit pas savoir écrire la pauvre.
Alain lui, se trouve encerclé par les jeunes sortant de l’école. Ils lui prennent gourde, Avatar et compagnie Mais le lui rendent aussitôt, c’est un jeu. Dommage, ils auraient pu garder son objet fantôme, celui là, je l’ignore maintenant mais j’ai eu envie de le foutre à la mer ou de le brûler à plusieurs reprises, il me fait peur son pantin articulé.
Les villages resplendissent sous le soleil. C’est beau, même très beau, c’est très paisible aussi malgré ces deux anecdotes.
Et puis, des voitures de rallye nous dépassent à gros coup de klaxon, cela aussi nous impressionne. En plus, ils s’arrêtent, un peu plus loin, filme et photographie comme de bien entendu ! Tous ces jeunes gens me félicitent et me prennent même les pieds en photo, tellement mon bronzage les amuse. Ils sont 250 voitures pour un rallye Bucarest – Bamako. Un rallye humanitaire pour un village du Mali, ils emmènent médicaments, livres scolaire ou stylos. Je n’ai pas relevé mais quand on voit les dépenses qu’une telle organisation peut engager cela me fait sourire. En plus, pour ceux qui ne le savent pas, le don de médicaments est maintenant interdit et se trouve régit par une loi. L’Afrique n’a pas besoin de ce type de projet, cela ne peut qu’encourager le mythe du « Toubab, donne – moi cadeau »
Ce matin, est-ce l’on ressent l’aboutissement de quelque chose ou que nous n’avons pas envie de quitter ces gens si chaleureux, je ne sais, nous n’avançons pas. Nous avons fait 20 km en démarrant à une heure raisonnable. Quand Alain me propose de manger vers midi, je lui conseille de rouler encore une dizaine de km pour ne pas en avoir trop à rattraper l’après midi. A une heure, nous nous posons sous un tamaris, un endroit enchanteur au pied d’une des dernières dunes au sable orange.
Avant de partir ce matin, je me suis fait ouvrir la fameuse boite de crabe. Le produit est infect. Des miettes dégueulasses. J’aurais mieux fait de prendre du thon…
Un homme passe et fait une halte avec nous, il nous pose énormément de questions sur le voyage. Un homme qui nous apparaît droit et censé comme nous avons l’habitude d’en rencontrer en Mauritanie. Après la discussion habituelle et qui deviennent lassantes sur les relations de nos deux pays, il nous dit que nous avons encore deux ou trois « montagnes » à passer et ce sera terminé. Il se trompe, des côtes, nous en aurons pratiquement jusqu’au bout du parcours.
La verdure augmente au fils des km. Beaucoup d’acacias, beaucoup de tamaris bordent la route. Nouveauté : des oasis apparaissent avec beaucoup d’eau dans leur creux.
Nous appuyons sur les pédales car nous n’avons pas suffisamment avancé ce matin. Le dernier contrôle de police est bientôt devant nous, un dernier coca et c’est parti pour les 14 km restants. Allons-nous arriver à l’heure pour prendre le dernier bac. Il nous reste les formalités de douane à remplir. On réussi, nous parvenons à la porte du bac à 17 h 40. Elle est cadenassée, il règne une mauvaise ambiance, c’est comme s’il fallait entrer dans un bunker. On nous laisse passer difficilement mais là c’est la première fois du voyage que l’on ne se sent pas en sécurité.
Je me fais arnaquer sur le prix du billet du bac, je paye trois fois plus cher que le prix normal. Mais je n’ai pas le choix. Un policier nous prend papiers, tout le monde est excité et plein de gens convoitent nos vélos. C’est vraiment galère : La folie sénégalaise après la diversité et la tranquillité de cette étape, quel contraste.
Nous n’avons pas le temps de nous préparer au passage que le bac démarre déjà. Un type prend mon vélo, j’ai juste le temps de sauter dessus et c’est parti. Préparation des appareils, caméra et autres pour un souvenir de l’évènement. L’accueil est là. J’aperçois les Fatima, Fatou, Moussé, Paco, Abdoulaye qui sont là avec des grands tableaux pour nous accueillir mais j’ai du mal de débarquer du bac, en plus il y a 50 cm d’eau à passer, il faut marcher sur des pneus. Nous en avons la larme à l’oeil. C’est beau, c’est sincère, la joie de se retrouver explose. Photos, bien sûr, puis nous partons vers M’Bagam. Les jeunes en calèche et nous derrière. Paco nous accompagne en vélo.
Sur la route, d’autres jeunes nous rejoignent en courant, d’autres s’étonnent de me voir débarquer et n’en croit pas leurs yeux ! Quand nous approchons la maison, on dit ouf, quelle journée, surtout la fin de parcours, la piste, le sable dans le village…
Repas sénégalais et discussion avec la petite équipe qui m’expliquent les difficultés quant au projet et la gestion de la maison pour tous. La discussion se prolonge tardivement. La nuit pourrait réparer la fatigue mais à peine couché une souris se mets à déguster je ne sais quelle denrée. J’ai peur qu’elle vienne sous ma moustiquaire comme lors du dernier chantier. Elle rentre dans une grosse caisse mais je ne suis pas tranquille bien qu’elle n’en ressorte pas.
La nuit n’est pas de tout repos….
Publié dans Traversée de la Mauritanie
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