Mardi 25 janvier : Tiguent – Rosso M’Bagam 107 km

La joie de l'arrivée au Sénégal !

Il y a des endroits où l’on se sent mieux que d’autres pour séjourner, pour dormir, pour manger. Aujourd’hui, c’est le cas, mais d’un point de vue négatif. Je n’ose même pas demander où sont les « petits coins » (Il paraît que j’ai eu raison !)

Petit déjeuner presque complet puisque je réussis à avoir pain local, méthode artisanale cuit avec de la bonne farine, de la confiture, il ne manque que le beurre, mais il ne faut pas être trop gourmand. Je me sers de mon camping gaz qui est tout de suite convoité par « l’agent secret ». Je lui dis que l‘on ne trouve pas ce type de bouteille mais il ne veut pas m’entendre car il doit déjà se voir avec mon petit appareil dans le désert en train de faire son thé. Il me dit qu’il voyage beaucoup et que cela lui serait bien utile. Il veut me le racheter. Bien sûr, il est nullement question que je le lui cède. Je lui promets de lui envoyer un autre système adapté aux recharges de Mauritanie. Par contre, il faudra qu’il m’envoie une adresse postale.

Nous partons pour notre dernière étape mauritanienne, ce que nous ne savons pas encore qu’elle va être superbe. Tout de suite, nous traversons des villages aussi traditionnels que ceux que nous avons rencontrés la veille à la fin du parcours. Ils nous apparaissent paisibles et sont situés souvent au fond de petites vallées.

Ce qui change de la veille, ce sont les montées, elles sont bonnes mais après ce que nous avons grimpé au Maroc, nous les passons facilement.

Puis, la brousse aidant, je fais un arrêt sanitaire devant un site un peu particulier où se nichent des bâtiments au fond d’une nouvelle vallée aussi belle que les précédentes et où les sables de plusieurs tons se mélangent. Ce que nous ne savons pas, c’est que c’est une base militaire et que la zone est interdite. Bientôt deux soldats approchent dont l’un, mitraillette en position de tir, nous dis de partir au plus vite que c’est interdit de stationner. Ce n’est pas marqué, comment le savoir ? Nous déguerpissons tranquillement, plus rien ne nous affecte, nous avons tellement rencontré de militaires qu’ils ne nous impressionnent plus.

Les gens sont hyper sympathiques, nous sommes accueillis comme des coureurs du tour de France, cela en devient même gênant. Des applaudissements des adultes, des cris d’enfants qui déboulent du haut des villages, les vieux qui n’en croient pas leurs yeux, oui, c’est tout cela que nous recevons sur notre passage. Mais l’environnement est tellement calme que cela ne nous marque plus, je ne sais ?  

Pourtant, à un moment, je passe devant un groupe de trois jeunes filles, l’une d’elle me parle fort et me balance un morceau de bois, je le prends sur la cuisse et suis égratignée sur une douzaine de cm. Si elle écrivait ses mémoires, ce seraient celles d’une « jeune fille dérangée », mais elle ne doit pas savoir écrire la pauvre.

Alain lui, se trouve encerclé par les jeunes sortant de l’école. Ils lui prennent gourde, Avatar et compagnie Mais le lui rendent aussitôt, c’est un jeu. Dommage, ils auraient pu garder son objet fantôme, celui là, je l’ignore maintenant mais j’ai eu envie de le foutre à la mer ou de le brûler à plusieurs reprises, il me fait peur son pantin articulé.

Les villages resplendissent sous le soleil. C’est beau, même très beau, c’est très paisible aussi malgré ces deux anecdotes.

Et puis, des voitures de rallye nous dépassent à gros coup de klaxon, cela aussi nous impressionne. En plus, ils s’arrêtent, un peu plus loin, filme et photographie comme de bien entendu ! Tous ces jeunes gens me félicitent et me prennent même les pieds en photo, tellement mon bronzage les amuse. Ils sont 250 voitures pour un rallye Bucarest – Bamako. Un rallye humanitaire pour un village du Mali, ils emmènent médicaments, livres scolaire ou stylos. Je n’ai pas relevé mais quand on voit les dépenses qu’une telle organisation peut engager cela me fait sourire. En plus, pour ceux qui ne le savent pas, le don de médicaments est maintenant interdit et se trouve régit par une loi. L’Afrique n’a pas besoin de ce type de projet, cela ne peut qu’encourager le mythe du « Toubab, donne – moi cadeau »

Ce matin, est-ce l’on ressent l’aboutissement de quelque chose ou que nous n’avons pas envie de quitter ces gens si chaleureux, je ne sais, nous n’avançons pas. Nous avons fait 20 km en démarrant à une heure raisonnable. Quand Alain me propose de manger vers midi, je lui conseille de rouler encore une dizaine de km pour ne pas en avoir trop à rattraper l’après midi. A une heure, nous nous posons sous un tamaris, un endroit enchanteur au pied d’une des dernières dunes au sable orange.

Avant de partir ce matin, je me suis fait ouvrir la fameuse boite de crabe. Le produit est infect. Des miettes dégueulasses. J’aurais mieux fait de prendre du thon…

Un homme passe et fait une halte avec nous, il nous pose énormément de questions sur le voyage. Un homme qui nous apparaît droit et censé comme nous avons l’habitude d’en rencontrer en Mauritanie. Après la discussion habituelle et qui deviennent lassantes sur les relations de nos deux pays, il nous dit que nous avons encore deux ou trois « montagnes » à passer et ce sera terminé. Il se trompe, des côtes, nous en aurons pratiquement jusqu’au bout du parcours.

La verdure augmente au fils des km. Beaucoup d’acacias, beaucoup de tamaris bordent la route. Nouveauté : des oasis apparaissent avec beaucoup d’eau dans leur creux.

Nous appuyons sur les pédales car nous n’avons pas suffisamment avancé ce matin. Le dernier contrôle de police est bientôt devant nous, un dernier coca et c’est parti pour les 14 km restants. Allons-nous arriver à l’heure pour prendre le dernier bac. Il nous reste les formalités de douane à remplir. On réussi, nous parvenons à la porte du bac à 17 h 40. Elle est cadenassée, il règne une mauvaise ambiance, c’est comme s’il fallait entrer dans un bunker. On nous laisse passer difficilement mais là c’est la première fois du voyage que l’on ne se sent pas en sécurité.

Je me fais arnaquer sur le prix du billet du bac, je paye trois fois plus cher que le prix normal. Mais je n’ai pas le choix. Un policier nous prend papiers, tout le monde est excité et plein de gens convoitent nos vélos. C’est vraiment galère : La folie sénégalaise après la diversité et la tranquillité de cette étape, quel contraste.

Nous n’avons pas le temps de nous préparer au passage que le bac démarre déjà. Un type prend mon vélo, j’ai juste le temps de sauter dessus et c’est parti. Préparation des appareils, caméra et autres pour un souvenir de l’évènement. L’accueil est là. J’aperçois les Fatima, Fatou, Moussé, Paco, Abdoulaye qui sont là avec des grands tableaux pour nous accueillir mais j’ai du mal de débarquer du bac, en plus il y a 50 cm d’eau à passer, il faut marcher sur des pneus. Nous en avons la larme à l’oeil. C’est beau, c’est sincère, la joie de se retrouver explose. Photos, bien sûr, puis nous partons vers M’Bagam. Les jeunes en calèche et nous derrière. Paco nous accompagne en vélo.

Sur la route, d’autres jeunes nous rejoignent en courant, d’autres s’étonnent de me voir débarquer et n’en croit pas leurs yeux !  Quand nous approchons la maison, on dit ouf, quelle journée, surtout la fin de parcours, la piste, le sable dans le village… 

Repas sénégalais et discussion avec la petite équipe qui m’expliquent les difficultés quant au projet et la gestion de la maison pour tous. La discussion se prolonge tardivement. La nuit pourrait réparer la fatigue mais à peine couché une souris se mets à déguster je ne sais quelle denrée. J’ai peur qu’elle vienne sous ma moustiquaire comme lors du dernier chantier. Elle rentre dans une grosse caisse mais je ne suis pas tranquille bien qu’elle n’en ressorte pas.

La nuit n’est pas de tout repos….

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