Les trois jours à M’Bagam !

Mercredi , jeudi, vendredi :

Au réveil, Alain fait la chasse à la souris et la rate, elle vient se blottir sous le tapis où sont posés les deux matelas. Nous abandonnons la recherche. Le soir, j’en parle à Moussé qui débusque l’animal et le tue. Je suis soulagée. Mais la nuit suivante, la lumière à peine éteinte, une nouvelle souris se met à grignoter. Nouvelle chasse, nouvelle planque dans la fameuse caisse. Alain me dit, ne t’inquiète pas elle ne ressortira pas. Il s’endort à nouveau et 5 mn plus tard, la bête continue son festin. J’allume la lumière et la laisse ouverte toute la nuit. Je dormirai en paix. Moussé se charge de récupérer l’animal en notre absence.

Le lendemain soir, nous rentrons tardivement de Richard Toll en voiture. Dans la lumière des phares, nous percevons de gros rats dans la cour de la MPT. Les gens rit de notre effarement de constaterr la présence de ces bestiaux dans un lieu public.

Eh, oui… La cause : un énorme tas d’ordure jouxte la maison bien que deux ans plus tôt, nous ayons profité de l’inauguration de la maison pour le faire disparaître. Un bull de la compagnie sucrière avait remis le terrain à nu. Quand on voit la femme d’un élu local venir déposer ses sacs d’ordure, que faire ?

 Les deux remorques achetées l’an dernier pour un nouveau ramassage d’ordure ne semblent pas encore entrée en fonction. Les ânes sont ils acheté ? Pas sûr. Aucune amélioration environnementale n’a vu le jour depuis le dernier chantier de jeunes. C’était pourtant une des tâches prioritaire que l’association devait prendre en compte.

Alain qui vient de faire le tour du village revient effaré de ce qu’il a vu. Les gens qui se baignent à un mètre de la pollution, des ordures, on voit fréquemment la toilette d’un animal et d’une personne dans l’eau du fleuve forcément brouillée. On rencontre partout des dépôts d’ordure. Je ne sais plus quoi faire, il n’y a rien à faire. Donc, étant donné que c’est partie du développement local n’est pas pris en compte, nos projets ne peuvent qu’échouer. Cela veut dire que la démocratie participative du développement local, pour qu’il soit réel et durable, doit exister. A M’Bagam, cela ne marche pas malgré la volonté de quelques personnes. La population est dans la passivité totale et dans la main tendue.

Nous profitons des ces deux jours au village pour faire le point de la situation, pour moi, elle est décevante. Ils ont une maison mis à part la garderie, rien ne s’y passe même si elle est mieux entretenue que par le passé. Le robinet qui coule et pour le quel j’avais laissé de l’argent à mon départ l’an dernier n’a pas été changé, la serrure à la porte n’est pas réparée, etc, etc… Personne ne me demande d’organiser une réunion pour faire le point sur le partenariat. J’en prendrai l’initiative. C’est un désastre. Les gens sont venus mais personne ne comprend rien à rien. Ils veulent redéfinir les bases du partenariat. Bases que l‘on a construites ensemble à partir de leurs demandes et dont la convention n’a jamais été signée.

C’est désolant, décevant. Ce qu’ils veulent, ce sont des sommes d’argent et rien d’autres. De l’argent dont ils disposeraient à leur gré sans aucun rendu.

Nous passons ensuite en revue les chantiers en cours. Le budget initial du mur a doublé. Où allons-nous chercher le complément. Celui du dispensaire n’est pas mieux. Il était prévu pour une salle, deux sont construites, qui va payer la fin des travaux ? C’est toujours plus. Je passe volontairement sur les détails. j’ai  peine à m’endormir après cette soirée de mise au point. Pour moi, M’Bagam, c’est fini. J’ai trop donné, il a peut être deux ans que j’aurais dû arrêter.

Le point positif à mes yeux, c’est du côté des Peuls qu’il me vient, ils ont leur école, le Chef est heureux de me la montrer, il nous le témoigne rapidement, les gens affluent en deux minutes autour de nous, c’est la joie. Nous pourrions les faire chanter et danser mais nous sommes pressés, il faut partir.

Nous restons trois jours au village. Trois jours bien occupés à rencontrer les gens, les collaborateurs, le Maire de Rosso, les enseignants et mettre au point le projet accaparement des terres dont la marche de Dakar où je souhaite qu’un maximum de personnes participent. Deux bus partiront un de M’Bagam et un de Ross Béthio.

Nos contacts avec PINORD se formalisent. Nous formalisons les rencontres avec les groupements de paysans. Nous passons à la radio pour présenter le projet. C’est bien parti. Les journalistes se proposent de relayer notre action.

Voilà pour résumer ces trois jours. Pas de sieste et un minimum de sommeil.

Samedi matin, nous partons à Dakar, chercher Lisa la femme d’Alain qui vient le rejoindre mais surtout pour préparer l’arrivée là-bas. Abdoulaye notre ami de toujours nous aide bien. Il nous confectionne une banderole et nous aide à tirer des tracts mais la cartouche d’encre est rapidement vide. Le dimanche, bien sûr, tout est fermé.

Nous repartons lundi matin à M’Bagam pour cette fois reprendre la route.

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