La marche a rassemblé quelques 70000 personnes, nous y étions avec Alain, nous avons marché à côté de nos vélos avec notre délégation de Sénégalais derrière nous.
Le FSM de Dakar, c’est bien un événement mondial ! C’est ma première participation à une telle manifestation et je ne le regrette pas. Pour vous situer l’ambiance, c’est un peu la même que celle des universités d’été mais à l’échelle mondiale. Les différents modules organisés notamment sur les grands thèmes appellent à l’union.
C’est important, car chacun développe souvent les mêmes thématiques que l’autre, il y a des pertes d’énergie et un certain éparpillement. Le forum permet donc souvent de présenter ses actions dans le cadre d’un partenariat. C’est dans ce sens que Peuples Solidaires, le CCFD, les Amis de la Terre… portent le module sur l’accaparement des terres dans le monde.
Chacun d’entre nous peut faire entendre sa voix, partager ses idées.
Ce qui me surprend et me réjouit à la fois, c’est le nombre des activités qui sont présentées, sans doute plus de 1000, toutes les formes d’expression sont permises, nous assistons donc à de grands débats mais aussi à des manifs de rue, ce midi, c’était les Marocains qui s’exprimaient pour dénoncer les prisonniers politiques incarcérés, mais aussi toutes sortes d’animations d’ordre culturel. Les concerts sont nombreux, mais quand ils commencent, je suis déjà rentrée avec la délégation de Peuples Solidaires. Il y a tous les soirs une rencontre de synthèse autour de la piscine de l’hôtel.
Les femmes, elles animent souvent des stands, pas seulement de manière commerçante mais plutôt de manière promotionnelle et de valorisation de leur produit. Puisque je parle des femmes, j’en profite pour dire qu’elles sont très présentes dans ce forum et qu’elles participent activement aux débats. Ceux réservés aux violences faites aux femmes sont particulièrement remarqués, eh oui, on assiste à une recrudescence des cas de viol et de violence et pas seulement dans les pays en guerre, même au Sénégal.
Parmi les créneaux qui sont largement discutés ; je citerai sur le G8, G20 puisque la France porte ces manifestations en 2011, les accaparements des terres où 40 débats sur le sujet ont eu lieu le deuxième jour. J’ai participé à ceux organisés par Peuples Solidaires et le CCFD sur le sujet, bien sûr. Ce que j’y ai entendu me conforte par rapport à ce que j’ai essayé de mettre en lumière. Ce phénomène est bien plus grave que je ne l’imaginais au départ
C’est un cri de détresse qui est lancé par les paysans. Pour les Sénégalais, ce sont des pratiques esclavagistes. On assiste à une disparition de la paysannerie, me dit Amadou Tidiane, l’ami de Kassak Nord. « Un crime de l’humanité » dit un jeune agriculteur. Ou cet autre de Saint Louis qui vient me voir pour expliquer qu’il a fait toutes les formations et qu’il ne peut obtenir aucun lopin de terre. C’est actuellement 50 millions d’ha qui sont accaparés dans le monde. « Il faut que les paysans soient indemnisés, c’est une véritable spoliation, », dira un autre.
Le changement climatique est largement abordé avec pour conséquence la souveraineté alimentaire. Un paysan, victime de la disparition de la terre dit qu’il ne peut plus assurer que deux repas sur trois à sa famille.
A Dakar, secteur de la patte d’oie, je vois des gosses venir acheter à crédit 1/3 de baquette (qui est loin de peser 250 g). Si le commerçant fait crédit, c’est que la famille peut payer. Cela veut dire aussi qu’il y en a de nombreuse qui ne peuvent plus en acheter, me dit Abdoulaye. Son salaire de conseiller pédagogique à l’IDEN ne lui permet plus de payer que l’eau et l’électricité du mois. C’est un exemple qui montre comment le niveau de vie a augmenté au Sénégal.
Le journal d’hier propose différents leviers pour sortir de l’impasse. Notamment dans le domaine de l’agriculture, il reprend les propositions de PSO en disant qu’il faut revenir à une agriculture familiale et abandonner celle qui est orientée vers une économie marchande.
Le thème des migrants est aussi largement évoqué. Voilà un aperçu de ce forum. Le côté négatif, c’est l’organisation mais la désorganisation permet quelques fois de belles surprises, les participants sont passés au dessus de ces problèmes. Les étudiants sont de plus en plus participatifs, ils profitent aussi de cet espace pour protester sur leurs conditions. D’autres sur leurs impasses.
Le recteur trop conciliant avec les organisateurs du FSM aurait été débarqué il y a quinze jours et remplacé par un nouveau (anti FSM) qui ne cesse de tout remettre en cause, d’où les nombreuses difficultés. Les étudiants n’ont pas été mis en vacances entre autre, du coup pas assez de salle pour les interventions.
Hier, j’ai rencontré les deux femmes qui avaient assisté à l’information faite à Langres juste après on départ. Elles m’avaient promis de venir au FSM, nous avons donc déjeuné ensemble hier, c’était bien sympathique, de se retrouver.
Aujourd’hui, dans le débat de cette après midi, un agriculteur de la vallée du fleuve demandait à Action Aid d’intervenir dans le Nord du pays. Je suis allée le remercier pour son initiative et lui expliquer que j’en formule une identique depuis un moment. Je lui parle de ce que j’ai fait, il me tape dans la main et m’explique qu’il était dans son champ et qu’il m’a vu passer.
Bon, je vais arrêter là mon bavardage.