Mardi 4 janvier 2011 : El Argoud – Ain Berda (Tente de chantier) 83 km

Je ne peux pas dire que l’accueil à la station ait été agréable, nous avons été accepté, c’est tout. Nous avons couché dans la salle de vidange au bord de la fosse et à côté du groupe électrogène qui a fonctionné jusque minuit.

Je vous laisse imaginer les conditions dans lesquelles nous avons essayé de nous endormir. La nuit a été froide, Alain était gelé, la petite couverture qu’il a récupéré de Marie Ange n’a pas suffi à remplacer le duvet volé. Le sommeil a donc été entrecoupé par le froid, les aboiements de chien, les camionnettes qui sont venues décharger des tonneaux, les camions qui venaient faire le plein….sans oublie les cris des gens.

Mise en route lente malgré la volonté de faire vite.

Le vent que l‘on croyait avoir dans le dos souffle de côté assez fort, du coup on part à 14 de moyenne.

Je ne peux m’empêcher de temps en temps d’aller voir ce qui se passe  au bord de la mer. Un panneau indique Porto Rico, nous allons sur place, des caristes y ont passé la nuit, ils nous connaissent ! Mais ceux là n’ont pas la délicatesse de nous proposer un vert d’eau fraîche ! Pas grave.

On pense être au niveau du tropique du cancer, non, on le verra quelques kilomètres plus loin, ce n’est pas encore le bon endroit. La vue est superbe. Clic, clac…

En repartant, on se dit qu’à travers toutes ces attitudes, c’est bien le reflet de la société qui transparaît.

On continue, cette fois un panneau nous indique le tropique du cancer, c’est la bonne situation. Photo de rigueur à déclencheur automatique ! Le Maroc pourrait valoriser davantage l’endroit avec un panneau plus moderne.

On se fait doubler par d’innombrables revendeurs de voitures, français, italiens, espagnols souvent conduites par des jeunes africains issus de l’immigration.

Maintenant, nous circulons sur un immense plateau bordés de monts distants de 300 à 500 m de chaque côté de la route. L’espace est recouvert de plantes grasses rouges qui commencent à fleurir. En fonction du soleil, le sol passe au rouge, au rose, voire au grenat.

Il fait de plus en plus chaud. Cette fois, mon nez n’a pas résisté aux coups de soleil. J’ai mis aujourd’hui mes lunettes spéciales montagnes/désert avec protection nasale. Je n’ai plus le choix. Mais c’est horrible, j’ai l’impression d’avoir un bec d’oiseau de proie à la place du nez.

Nous nous arrêtons plus souvent pour boire, seulement, les ravitaillements se font rares. Nous apprenons qu’il y aurait une station service relativement proche où on pourrait manger tagine mouton. Super.

Trois 4X4 allemands nous dépassent à toute allure. Ce pourrait être des humanitaires à voir les chargements ?

Curieusement, nous les trouvons arrêtés quelques kms plus loin. Ils me filment, me photographient dans tous les sens ou sous tous les angles !  Je leur demande 20 dirhams mais ils ne comprennent pas ma plaisanterie. Alain discute déjà avec eux. Ils sont allemands mais je ne saisis pas un mot de ce qu’ils disent. J’essaie malgré tout de leur poser des questions, aucune réponse cohérente.

Puis, j’y vais franco : « Avez-vous un bon sandwich à nous offrir ?

 Rien, Brot ? Rien, si ils donnent un reste de pain ranci (on a le  même) J’abandonne. Puis l’un d’entre eux revient avec des pastilles vitaminées puis avec deux barres, puis donne une bière (pas fraîche) à Alain, et enfin arrive avec 4 saucisses de Munich. Ouf, pas sans mal. Voyez la faim où cela conduit. A la mendicité, messieurs dames à votre bon coeur….

La bière faisant son effet rapidement, ils chantent qu’ils sont de Munich Bavière avec l’air de je ne sais quelle polka ?

Sur quoi, Alain lève la jambe et entonne les petites femmes de Paris. On se croirait dans une séquence de la Grande Vadrouille. Trop drôle !!!

Nous atteindrons la station en début d’après midi, nous y mangeons, un tagine pour deux. Je bois beaucoup, coca et yaourt qu’on achète maintenant en bouteille de 350 ml au moins.

Alain s’endort sur place, moi je sors à l’ombre. Prends des notes.

Après le repas, je ne sais pourquoi, sans doute le faite de reprendre des forces, je pars dans des relais assez impressionnants (pour moi), Alain ne me dit pas ce qu’il en pense. Je suis d’une régularité sans faille, vitesse assez élevée au dessus de 20 à l’heure. Et je peux tenir une heure. C’est nouveau chez moi. Vers Laâyoune, j’avais le vent favorable, j’ai tenu 5 heures. Bon je suis contente, je découvre d’autres facettes du vélo à 64 ans !

C’est le désert dans tous les sens du terme, rien sur la route, rien à l’horizon. On ne sait pas où on va dormir, on s’apprête à bivouaquer. Un mur d’enceinte apparaît à l’horizon. Ce sont les travailleurs qui préparent les tranchées pour enfouir le réseau  câblé internet qui se prépare entre le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal qui logent dans cet espace. On nous libère une tente au fond. Un repas ultra rapide et nous tombons dans les bras de Morphée. On s’éclaire à la bougie jusqu’au moment du démarrage d’un groupe électrogène Mais celui là ne nous empêchera pas de dormir.

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