Le terrain de camping, le voisinage, l’ambiance, la ville invite au repos d’une journée mais la raison l’emporte, la route s’annonce longue et difficile. Un vent horrible souffle, bien sûr pas dans le bon sens.
Quelques courses avant de quitter cette ville, un petit coup de cyber où la femme me ferait payer une somme folle par rapport au quart d’heure passé devant la machine.
Direction Tarfaya que nous devrions réaliser en deux étapes avec bivouac entre les deux. Nous longeons le bord de mer sous un soleil étincelant. Rien à dire, je m’évade de plus en plus.
Je ne cesse de scruter le ciel en espérant y trouver des indices qui vont permettre un changement de direction du vent. C’est dur, les pointes de vitesse c’est 14 à l’heure.
Il y a des moments, j’ai l’impression qu’Alain voudrait filer. Ce qu’il fait aujourd’hui. On roule dans des efforts considérables. Je l’appelle pour manger point de réponse, ma voie dans le vent ne porte pas. Son téléphone n’est pas branché. Tant pis, je m’arrête sur le bord de la mer, je m’engouffre rapidement un sandwich à la terrine à la pimienta, reste de l’Espagne. C’est exquis. Fruits compléteront cet excellent repas pris à mon rythme.
Les kilomètres ne s’affichent pas rapidement au compteur.
Heureusement, en haut d’une côte, je suis fascinée par ce qui s’étend devant moi. En bas se trouve l’Oued Chebeika. Une bande de dunes le sépare de la mer. J’ai mon coup de cœur de la journée. J’arrête net et je photographie.
Une vaste étendue de sable jaune s’étale là devant mes yeux. Les oiseaux complètent ce décor de rêve.
Tiens le cyclo que j’apercevais à l’horizon a disparu. Une côte à remonter et contrôle de gendarmerie, fiche à remplir, où allez-vous ? Fiche à remplir…
Et Alain réapparaît pour me dire qu’il vient d’aller voir les sources d’eau chaude. Je n’apprécie pas du tout. A quoi sert ce voyage à deux si ce n’est pour partager ou du moins s’informer de ce qu’il y a à voir sur le chemin.
Les formalités remplies, je pars, il me dépasse quelques instants plus tard et je ne le rejoindrai plus de l’après midi. Je préfère ma solitude, même si je me sens fragile dans ce vent qui ne cesse de m’assaillir, de me souler, de me déstabiliser.
Je fais rapidement le vide, plus de repères, que de lointains horizons qui contrastent avec la mer qui s’étale à ma gauche.
Ce soir, je vais bivouaquer seule, quand le soleil décline dans le ciel, je vais me poser à proximité de campings cars qui stationnent sur un promontoire. Ces personnes charmantes du Tarn et Garonne m’accueillent avec plaisir dans leur environnement. D’ailleurs si elles lisent ce texte, j’aimerais les recontacter directement, peuvent-elles me donner leur coordonnées sur le contact du site ? J’oublie de le leur demander. Nous échangeons un moment, d’autres personnes viennent voir l’extra terrestre que je suis. Deux lorrains de Forbach reviennent de la pêche et passent également. Même un Suisse en Land Rover vient à ma rencontre quelque temps après. Je ne sais pas d’où il surgit celui là ? Tout se sait dans le désert. Vous croyez être seule mais vous êtes bien surveillée !
La tente bien arrimée pour qu’elle résiste au vent, une paix s’installe en moi. Assise face à la mer au dessus de falaises qui ressemblent à celles d’Etretat en plus petit. J’admire. J’installe le camping gaz et tente de faire chauffer de l’eau pour cuire une platée de pâtes. Soudain, je relève la tête, c’est un spectacle hors du commun qui s’offre à moi. La lune vient de se lever, j’assiste à un feu d’artifice permanent. La lune se lève reflète sur la mer, le ciel illumine la roche des falaises, c’est magique. Deuxième choc de la journée. Je suis touchée au plus profond de mon âme et ne regrette pas la solitude que je viens de m’offrir.
La nuit est bonne malgré le vent violent qui secoue la tente toute la nuit.