Nuit pas très bonne, j’ai l’impression d’avoir entendu des bêtes tourner autour de la tente. J’ai essayé d’en parler à Alain, mais lui dormait d’un profond sommeil.
Mauvais réveil avant 6 heures, mon rythme physique n’est pas adapté au lever tôt. Je ne tiens pas debout dans le noir, j’ai l’impression de vertiges.
En plus la tente est mouillée, il faut la défaire et la plier dans cet état.
Je fais mon petit déjeuner, enfin, j’essaie, le lait déborde, il faut remballer les gamelles sales… Et quand je ne suis mal réveillée, je ne peux rien absorber. Je pars donc l’estomac mal callé.
Heureusement, la route me remet en phase. Le lever de soleil renforce les couleurs sur les montagnes. L’ocre des restes de kasbahs en pisé étincelle sous le soleil. Tout est beau.
Je fais quelques photos dont celle où « je pédale plus vite que mon ombre ». Vous savez mes chevilles n’enflent pas, au contraire elles n’ont jamais été aussi fines qu’en ce moment !
On passe un genre de col assez rapidement. C’est dur mais c’est beau. Quelque fois, le cyclo prend le large, c’est bien comme cela, surtout dans le désert.
Je me sens de mieux en mieux, j’ai l’impression de trouver la plénitude que je suis venue chercher. Les kilomètres se déroulent pour le mieux et me vident l’esprit. J’ai l’impression qu’ils laissent derrière moi toute ma vie professionnelle et peut être même la vie militante. Je pense à tout ce que j’ai donné à mon ministère, à la vie associative. Je pense aux collègues, ce sont les seules personnes qui ne me font fait aucun signe. Le travail, le déménagement de la DR n’expliquent pas tout. Je pensais y avoir de vrais amis. En faite, on est peu de choses dans la vie professionnelle. Les années précédentes les retraités étaient invités au moins une fois par an au rendez-vous de l’amicale du personnel, cette année, rien, j’aurais aimé revoir tout le monde avant mon départ… Bon, il en est ainsi, c’est tout.
Heureusement, mes deux anciens directeurs restent très présents et m’encouragent régulièrement.
Cela ne roule pas trop mal jusqu’à ce que le vent arrive, un vent de la mer pratiquement de face. J’ai dit à Alain de partir devant, on se rejoindra à Tan Tan, il pourra ainsi aller au cyber en m’attendant.
Les montées et descentes sont toujours aussi belles. Et le paysage toujours aussi grandiose. On pourrait y jouer facilement aux cow-boys et aux indiens, c’est tout à fait le type de paysage des Western, qui aurait dit trouver cela dans le désert africain ?
Je vais quitter incessamment sous peu l’Anti Atlas, non pas que je n’aime pas ces barres de montagnes, au contraire, en fait ces chaines, je les ai tant admiré depuis le hublot de l‘avion en allant au Sénégal que je ne suis pas dépaysée. Je me sens même en pays connu. Ce qui me fatigue, c’est de les monter !
Tan Tan approche, c’est une ville si j’ai bien compris qui a été découverte par des nomades qui cherchaient de l’eau. En remontant l’ustensile, le bruit contre la paroi faisait tan tan, d’où le nom donné à la ville !
L’entrée de la ville est accueillante. Deux superbes chameaux donnent le ton. Nous sommes en pays des chameliers, des touaregs. D’ailleurs, les gens ne sont plus habillés de la même façon. L’Afrique noire approche.
Cette ville est renommée pour ses conserveries de sardines, il y aurait 5 usines, je passe devant l’une d’entre elles.
En arrivant, j’entre à la poste où j’attends un paquet de médicaments et des rayons au cas où ma roue me lâcherait. Il y a un monde fou. Malgré le système de numéro électronique, tout le monde passe devant tout le monde. C’est fou. Quand, c’est un vieux grand père qui doit venir de la campagne profonde, que dire ? Rien, je regarde tout cela d’un œil curieux.
Mon tour arrive, point de paquet à mon nom. Il y en a tellement peu que cela se verrait ! Le préposé me dit de voir le chef d’agence, très poli, très à l’écoute, il me promet de me faire savoir quand les colis arriveront. Je laisse nom et numéro de téléphone.
En sortant, un jeune m’interpelle, il me demande pour être photographie avec moi, car il veut faire un voyage à vélo lui aussi. C’est son grand rêve, alors « Yassine, si tu en a envie, fais-le un jour. » On s’échange adresse et numéro de téléphone. Je lui donne le nom du site. Il y a tous les jours de belles rencontres, sincères et fraternelles. J’aime le coté insolite de ces échanges.
Un petit tour au cyber, ni Alain, ni moi ne pouvons accéder à free pour compléter le site, un peu gênant mais bon cela attendra, je suis pratiquement à jour sauf pour les photos.
Puis, nous cherchons un restaurant, en entrant, j’ai vu un resto chinois, qui pourrait nous changer du traditionnel poulet rôti. Hélas, il n’en a que le nom et le lampadaire, nous cherchons ailleurs, finalement, je mangerai poulet, frites comme d’habitude….
Nous enfourchons les vélos pour les derniers km, il en reste 25 environ, nous pensions les faire dans la facilité, hélas, dés la sortie de la ville nouvelle montée dans les travaux, grande et forte montée, mais avec un peu de patience, cela monte.
Alain repart devant, et m’attendra à l’entrée de la ville, il est devant le premier camping tenu par une française, mais je ne me vois pas entre quatre murs, lui, il sort moi pas, j’ai envie de mer, finalement nous trouvons le camping du soleil d’or conseillé par un couple de français rencontré dans le rue marchande.
A notre arrivée, nous sommes accueillis par un grand noir et son homme à tout faire. Ils connaissent un grand gars de la France qui est déjà venu avec une remorque comme cela mais elle était blanche, oui, un certain Gérard, il est resté ici. J’éclate de rire et je réponds qu’effectivement c’est la sienne qui a changé de couleur. J’appelle Gérard au téléphone, c’est trop drôle pour lui raconter l’anecdote et lui faire un coucou en même temps !
Bonne et longue douche, shampoing, après deux jours sans eau, elle est encore plus appréciée ….
Nous sommes accueillis d’une manière très sympathique par deux couples de Français en camping car dont un nous invite pour le café. Mais je tombe de fatigue, je dois aller me coucher tôt.