Après une journée de répit dans un petit hôtel de Guelmim, nous reprenons la route. Comme c’était repos, il n’y aura pas de compte rendu particulier pour la journée de samedi qui s’est déroulée dans le calme. Lessive le matin, mise au point des textes l’après midi et dépôt sur le site, très tardivement pour moi. Alain n’y parviendra pas.
Ah, si il faut spécifier que les deux hommes sont allés aux marchés aux chameaux. Cela aurait pu m’intéresser mais je sais trop comment ces pauvres bêtes sont malmenées, j’ai donc préféré m’abstenir de voir des souffrances inutiles.
Sylvain est revenu avec un touareg qui voulait nous inviter à manger un tagine chameau. J’ai posé une ou deux question, et il me dit qu’il fait du commerce de voiture avec la Mauritanie. Il propose des cartouches de cigarettes à Sylvain. Cela me rappelle, un scénario identique que Gérard racontait sur son site l’an dernier. Je le lui montre. Le touareg n’est pas très à l’aise, je décline donc l’invitation, Sylvain me remercie de l’information.
Sandwich le midi et restaurant le soir (poulet frites à 3 euros)
Dimanche :
Départ un peu retardé, pas de cyber ouvert. Le manque de connexion Free nous perturbe énormément. Cela aurait été intéressant qu’Alain puisse aussi compléter son site, cela ne marchera pas.
Nous disons au revoir à Sylvain qui lui, part pour d’autres horizons, d’autres rencontres, il a bien raison.
Direction Tan Tan : Dés la sortie de la ville, nous sommes confrontés au changement de paysage, il faut se rendre à l’évidence, nous sommes bien maintenant dans le désert. Il n’y a plus de végétation, la route se situe au milieu d’une immense plaine au milieu des deux derniers remparts de l’Anti Atlas.
Il me semble que ma vraie traversée commence à ce stade, maintenant, il s’agit de parcourir ces grands espaces d’un point à un autre !
La circulation n’a rien à voir avec ce que l’on a connu auparavant, c’est dimanche, ce qui doit la limiter encore plus. La température est agréable, la petite pluie d’hier a rafraichi l’atmosphère et surtout, il n’y a pas de vent. Nous n’en avons plus l’habitude.
Nous nous arrêtons tous les dix kms. Cigarette pour Alain, petite pause pour moi. Photo également dés que j’aime un paysage. Nous n’en revenons pas d’être enfin dans ces étendues, c’est la joie de la journée. Enfin. Après tous ces efforts, ces rêves, ces préparatifs, j’y suis enfin.
Nous devons en parcourir, vingt, ou ving cinq, la faim me stimule rapidement, je voudrais que le cyclo s’arrête, il le fera sur une place qui ressemble à un parking où se trouve deux camping cars dont les participants doivent également prendre leur repas. L’un d’entre eux tire les rideaux à notre arrivée. Alain le remarque et part à nouveau dans une tirade des grands jours : « Oui, tu vois, ta génération, les 30 glorieuses, ce que cela donne. Je me demande ce qu’ils viennent chercher ici. Aucun contact avec la population. Etc… » Enfin quelque chose de ce style.
Je me sens attaquée et surtout pas concernée. Je réponds que si j’ai une maison, elle a été retapée par les bras de la famille, que je donne mon temps depuis plus de quarante ans (donc une partie de mon argent) aux autres, que je suis membres de diverses associations pour faire « bouger le monde » Je vais d’ailleurs participer au forum social dans ce sens.
En plus, je roule en 206 d’occasion, d’ailleurs je ne vois pas pourquoi je me justifie. Je conclue par : «Tu as 47 ans et tu l’as bien ta maison. »
Cela gâche les sensations que nous recevons sur ce site de couleur ocre. Des enfants arrivent rapidement. La discussion est limitée à cause de la langue. Ils savent pourtant demander un ballon.
Les occupants des campings cars discutent entre eux et nous font un petit signe. Si j’avais été à leur place, il est vrai que j’aurais sans doute proposé de l’eau fraîche à ces deux cyclistes qui ne sont pas en perdition, seulement par sympathie.
On repart rapidement, le repas à peine ingurgité, il passe mal ! Quelques km plus loin, Alain s’arrête devant un genre de café en pleine nature, cela peut exister. Si le scénario précédent est plutôt raté, celui-ci va compenser, ce que nous n’avons pas reçu précédemment.
Deux à trois personnes nous accueillent dans un dénuement total et nous ouvrent leur cœur. Nous consommons thé pour Alain, il va le partager avec un monsieur qui d’ailleurs lui fait tout le cérémonial et Coca pour moi. Et oui, je suis tombée depuis le début du périple dans la consommation de ce breuvage ultra multi nationaliste, mais il me permet de me désaltérer et me redonne les calories qui manquent quelques fois sans compter qu’il aurait des effets favorables pour réguler le transit ?
Des commerçants qui reviennent du souk de Tan Tan avec un tagine chameau veulent à tout prix nous faire partager leur repas. Ce n’est pas possible pour moi. Je ris beaucoup, je me détends, je compense avec ces personnes là la contrariété précédente.
Je sors la caméra que j’ai trop délaissée. Il faut faire quelques prises de vue.
Un peu plus loin, je découvre que j’ai perdu la clef de la remorque, c’est un coup dur. J’ai essayé à deux reprises d’en faire refaire une sans résultat. Alain réussi à l’ouvrir, il peut aussi la refermer. Bon, je vais bien trouver une solution, ne t’en fais pas Gérard, je vais réparer. Il me reste à être encore plus vigilante par rapport au contenu de mes affaires. Je pense que contrariée par la discussion précédente, j’ai perdu le contrôle de mes actes.
Alain a reçu un message de Claire et Jérémie (Les jeunes cyclos de Lyon) qui dit de s’arrêter dans une maison abandonnée à 80 km, qu’une surprise nous y attend. La fin de la journée se déroule comme dans un jeu de piste, nous cherchons des indices que nous ne trouverons pas. Nous nous installons pourtant entre les murs d’un bâtiment, rien sinon quelques traces de roues de vélo qui nous laissent supposer que c’est le bon endroit. Alain a dû oublier d’enregistrer la photo, il ne la retrouve pas.
La soirée et le repas se déroulent autour d’un petit feu qui réchauffe l’atmosphère. Les tentes sont installées à l’intérieur des murs, je suis sous les étoiles mais je dormirai mal, la route est proche, les bruits nocturnes perturbent mon sommeil en plus, la nuit sera courte…