Départ tranquille ce matin après une nuit pas très chaude. La température est douce mais le vent est frais et rentre sous la tente si bien que la nuit, on se refroidit. J’ai pensé à sortir la couverture de survie, du coup, j’ai été bien protégée. Je la remets d’office ce soir. J’ai oubliai plusieurs anecdotes ou constats des étapes passées.
La flore est transformée : murs de cactus, volubilis, bougainvilliers, les lauriers roses sont également toujours en fleur.
Depuis un certain nombre d’étapes, les bords de route et fossés sont tapissés de fleurs jaunes, blanches, bleues. Cela nous donne l’impression d’un deuxième printemps. Après la sécheresse de l’été, les plantes revivraient-elles ? Je suis terre à terre me direz-vous ? Sans doute, mais en flânant le long des routes, nous avons le temps d’en voir des choses et de rentrer dans les détails de la nature. La pauvre, elle souffre beaucoup plus dans le sud que dans notre région. Je ne sais si c’est l’afflux de touristes ou que les services sont moins développés mais les routes sont beaucoup plus sales que celles de Lorraine.
De même, nous avons découvert de superbes villas avec des devantures qui ressemblaient plus à des dépôts d’ordures. Des détritus de toute sorte, notamment le long du canal du midi. Nous avons les sens beaucoup plus développés qu’à l’état normal. Notre odorat est ainsi beaucoup plus sensible que d’ordinaire. On passe des odeurs de quiche aux poireaux, de croissants chauds à des odeurs de purins. Ici, en Espagne, nous avons déjà eu notre part.
Dimanche dans le Las Véga de la Costa Brava, rencontre un peu psychédélique d’une femme au vélo bleu vif. Cheveux platine, très élégante, veste de cuir blanc, sac à main assorti, pantalon bien coupé et talons aiguilles blancs très haut. Elle se débattait avec sa bicyclette ! Vu la taille de ses échasses, je doute qu’elle y soit arrivée. En tout cas, on rencontre de drôles de personnages. Il y en a comme cette femme qui me traverse l’esprit.
Ce matin, c’est un couple de Québecquois, à la réception du camping.
Une femme nous interpelle à la réception du camping. Elle a besoin d’être rassurée sur la visite de Barcelone, le train, ce qu’il y a à voir, etc. A son accent, on comprend vite qu’elle nous vient d’ailleurs. En effet, avec son mari, ils ont acheté un camping car à Amsterdam, le vendeur n’a pas été très délicat, ils ont déjà eu quelques désagréments. En dix minutes, nous nous faisons plein de confidences, on s’échange nos cartes et nous leur donnons l’adresse de notre site après avoir parlé de notre expérience de la veille. Peu de choses, mais échange très sincère avec photo pour finir. Dommage que nous soyons en train de partir.
Nous reprenons la route parcourue deux jours plutôt pour cette fois gagner Barcelone, nous longeons la mer et la voie de chemin de fer. Puis nous tombons sur la célèbre diagonale qui traverse la ville, nous l’empruntons. Quelques centaines de mètres plus loin, nous tombons sur la tour « Jean Nouvel », Paris a la tour Eiffel et la tour Montparnasse, Barcelone a la sienne, en forme d’ogive, qui change de couleur en fonction du temps. C’est fabuleux de traverser cette belle ville avec nos bécanes. La remorque interpelle toujours autant. Nous nous faisons photographier par des touristes du « Barcelona bus touristic » (bus à ciel découvert), ainsi que par un jeune homme argentin qui voyage à pied, c’est gai. C’est gai mais la distance ne se parcoure pas aussi vite qu’on le souhaiterait, il faut faire des détours pour traverser les carrefours, descendre, remonter les trottoirs et faire attention. Nous retraversons cette belle ville olympique d’une autre manière.
Repas sur un banc, toujours sur la diagonale, au menu, part de quiche, courgettes, épinards, tomates. Sandwich pâté de campagne, kiwi, chocolat… Essai de variance chaque jour.
Après ces moments bien agréables, il nous faut sortir de la ville pour gagner notre prochain terrain de camping. On cherche, on tourne, on demande, un jeune homme en scooter nous conseille et nous attend aux feux rouges, on contourne, il faut se résoudre à prendre ces Autovia. Nous n’y arrivons pas, pourtant il le fallait. Dix minutes plus tard, un cycliste bien confirmé nous entrainera pendant 14 km, sur ces routes un peu particulières de l’Espagne. Il nous fait aussi prendre des raccourcis dans tous les sens, ainsi nous traverserons tous les terminus de l’aéroport, du jamais vu ! Sans lui, je me demande comment, nous nous en serions sorties.
J’ai dû m’accrocher, je peux vous dire que remorque ou pas, j’ai appuyé sur les pédales, 17 à 24 km heures au compteur avec mes 30 kg à traîner. Hou la, la…
Nous voilà ce soir au camping Estrella de Mar à Castelldefels. L’étape est courte par ce que la traversée de Barcelone a été difficile et nous a pris beaucoup de temps. On s’est arrêté dans cette ville, car les kilomètres qui suivent devraient être très mouvementés, Claude les préfère après le petit déjeuner, moi c’est après le gouter, comme quoi, l’être humain est bien différent l’un de l’autre !!! Donc pensez à moi demain matin.
J’oubliais de dire : avons eu des nouvelles d’Alain, il est déjà sur la route de Corfou. Si cela continue, il va avoir 15 jours d’avance sur moi.