Rencontre Maison du Vélo à Valence 25 octobre

Voyage éclair avec Claude. Nous avons été très heureuses de revoir les amis qui nous avaient accueillis à notre passage, il y a un an, et en particulier Jean Martin l’ami de toujours.

José Vives et son épouse étaient là. Eh, oui, le monde est petit. Ces deux personnes nous avaient offert un petit déjeuner complet à Boujdour, dans le sud Marocain. Quand je dis petit déjeuner complet, cela s’est passé dans leur camping car, assis à une table, le luxe quoi, pain grillé tartiné,avec du vrai beurre et de la confiture. Voilà les heureuse surpises de la route. On se rencontre l’espace d’un instant, mais il se passe quelque chose et on se revoit un jour.

Merci à Pascale qui a aussi l’âme d ela voyageuse à vélo.

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Le Semaine de la solidarité internationale et les nouvelles projections du diaporama

Des dossiers de demande de subventions ont été déposés pour mettre en place toutes les projections qui auront lieux sur toute la Lorraine dans le cadre de la semaine du 12 au 25 novembre.
En attendant, petit détour par Miribel (tout près de Lyon) le 26 octobre et Valence le 25 octobre.

Projection en cours de programmation :
St Dié
Verdun
Nancy
Pont à Mousson
Metz
Bar le Duc
et les lycées de la région. (Animation possible « Sur les pas de Stéphane Hessel)

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Participation à la fête du potiron et des Droits de l’Homme (et de la Femme)

En lien l’article du journal qui relate l’animation qui régna lors de cette belle journée ensoleillée.

http://pso-ancy.pagesperso-orange.fr/rl_fpdh2011.jpg

Belle rencontre aussi avec les militants de tout âge avec qui nous avons eu des échanges très pointus.

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« Se mouiller pour des idées »

Après avoir mouillé mon tee shirt en traversant le désert pour essayer de conscientiser la population sur l’accaparement des terres, je me suis mouillée pour de bon samedi 27 pour défendre d’autres idées.

Qui fait mieux ?

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Appel urgent accaparement des terres en Mauritanie

Lors de mon passage en Mauritanie, je n’avais pas osé parler de mon projet de sensibilisation à l’accaparement des terres. D’une part, je ne pensais pas que les paysans de ce pays étaient touchés par le phènomène, et d’autre part, compte tenu de l’ambiance qui régnait, je me suis fait toute petite pour ne pas me faire remarquer. 

Début mai, les français de cette ville que j’avais rencontrés, me faisaient parvenir un article de presse relatant les faits. De grosses manifestations se déroulaient dans la capitale suite aux expropriations publiées dans la vallée du fleuve.

J’ai réussi à prendre contact  avec les agriculteurs qui m’ont fait suivre un dossier que je me suis empressée de transmettre à Peuples Solidaires. Cela s’est traduit par un appel urgent que vous pouvez tous signer sur le site :

http://www.peuples-solidaires.org/appel-urgent_mauritanie/

Merci de le transmettre à vos amis

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Lille :En marge du G 20 « agricole » à Paris

Messieurs du G 20, ne jouez pas avec notre nourriture !

Rencontre émouvante sur la confiscation des terres, la spéculation sur les matières premières agricoles et témoignage à partir de mon voyage à vélo.

Une soixantaine de personnes présentes.

Un jeune homme qui voudrait partir à vélo jusque Dakar est venu me voir à l’issue de la manifestation. (S’il me lit, je voudrais qu’il me contacte et me donne ses coordonnées ! Aller tout simplement dans contact pour l’envoi de mail)

Très belle ambiance, merci à toute l’équipe de Peuples solidaires de Lille.

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Treck dans l’Adrar

 

Lundi 17 janvier, mardi 18, mercredi 19, Jeudi 20, vendredi 21, samedi 22, dimanche 23 janvier : Nouakchott  –  ATAR en bus – village nomade – Chinguetti – Nouakchott

Lundi 17 :

Cette fois, c’est la bonne, petite nuit comme je disais, départ du Sahara en taxi, nous sommes à l’heure.

Heureusement que le chauffeur connaît la gare routière car, ce n’est pas évident d’aller à cet endroit pour la trouver. C’est à l’extrémité de la ville, en direction, d’Atar, justement. Nous sommes les deux seuls européens au milieu des locaux. Chance, la Mauritanie n’est pas le Sénégal. Nous ne voyageons pas au milieu des chèvres ou des seaux de poissons comme cela m’est arrivé à maintes reprises. J’ai même effectué Saint Louis – Dakar en taxi avec un sachet de crevette sur la plage arrière du taxi. (Sachet non hermétique) L’odeur montait avec l’avancée en kilomètres.

C’est un nouveau grand jour qui se prépare. Ce voyage en Adrar n’est pas anodin. « Découvrir l’Adrar, c’est s’imprégner du « vrai désert », ce jardin d’Allah duquel le Dieu a enlevé toute vie humaine ou animal superflu de façon à pouvoir disposer d’un lieu où il puisse cheminer en paix ». (Dicton arabe)

Dés la sortie de Nouakchott, nous sommes sur une longue route assez monotone qui longe des cordons dunaires. Les dunes sont loin de la vue, nous les distinguons à peine. Seuls quelques troupeaux de chameaux égayent le paysage. La terre n’y est pas fertile. Dommage, car sur ces longues étendues, des vergers pourraient alimenter en fruits tout le pays. A un moment donné, tout de  même le sol n’a plus le même aspect. Là, la terre, pourrait donner. Des projets seraient à l’étude, il faut des fonds et que des ONG s’y intéressent.

A 130 km, les premiers guelbs apparaissent. Pose dans la ville d’Akjoujt.  J’aime ces poses, il y a toute une effervescence qui s’installe.

Deux grandes collines à l’ouest de la ville rappellent les mines de cuivres. Elles ont été fermées, ré-ouvertes, fermées encore, et actuellement seraient à nouveau en activité dans le cadre de l’exploitation d’or par des sociétés australiennes.

Quelques kilomètres plus loin, la montagne surgit d’un seul coup, une montagne noire tout en granite. On passe du niveau de la mer à 200 mètres d’altitude. Nous franchissons le col d’Amatil. On traverse également un joli petit village : Ain Taya. La végétation s’estompe de plus en plus. Pourtant, cette année les pluies ont été si intenses que le désert n’est pas tout à fait le désert. C’est un désert entaché de verdure.

Quelques maisons en banco apparaissent. Atar approche. La plupart des habitations sont construites à partir des matériaux locaux argile et pierres.

J’ai changé de place dans le bus,  je suis dorénavant à une fenêtre, j’ouvre grand mes yeux. C’est tout simplement beau, la vue change à chaque virage. La route est goudronnée, les chinois sont encore passés par là. Nous arrivons bientôt à Atar, capitale de l’Adrar. Cette ville, c’est la plaque tournante du tourisme régional. C’était, car nous arrivons dans une ville complètement vide de tout touriste.

Amhed, le guide nous attend à la descente du bus. Il me fait un petit signe auquel je ne connecte pas. Il est jeune, la quarantaine environ. J’attendais un guide de la soixantaine étant donné que tous ceux que j’ai déjà rencontrés jusqu’ici ont à peu près cet âge là. Pardonne-moi Amhed ! Tout l’honneur est pour toi.

Aussitôt arrivés, aussitôt pris en charge. Tout est organisé. Nous arrivons dans une habitation pour y pendre le repas. Nous rencontrons d’autres guides qui expriment eux aussi  leurs problèmes : la fuite du tourisme, la fermeture des auberges, le licenciement du personnel. Que faire ? Que dire ?  Sinon compatir, dire que nous n’avons pas suivi les consignes puisque nous sommes là. Ils sont tous au courant de l’émission d’Envoyé Spécial. Pour ce gens, c’est comme une insulte à leur pays. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive alors que la vie, ici, est si tranquille.

Problèmes d’intendance réglés, Ahmed part faire les courses, nous, petite sieste. Il revient rapidement. Puis, c’est le départ vers le village nomade proche de Chinguetti. Nous partons dans une Mercédès qui roule à « fond la caisse sur la piste », c’est la conduite qu’il faut tenir pour surpasser les trous.

Nous roulons désormais dans la montagne, au milieu de paysages superbes. Nous atteingons les plateaux tabulaires, je pense, d’où s’offrent de magnifiques panoramas. N’est-ce pas dans cette contrée qu’à été tourné Fort Saganne ? C’est un site remarquable. Les sommets sont encaissés. Les seuls passages se font par les  passes : passe  de Nouatil, par exemple. C’est pour cela que d’après eux, le banditisme ne peut exister étant donné qu’il faut forcément passer par ces points et qu’ils sont gardés par les gendarmes.

C’est l’inconnu total mais nous faisons confiance à ce guide qui a l’air bien organisé. Je connais un peu le milieu nomade de par les Peuls Sénégalais. Je n’ai pas trop envie de partager ce mode de vie, je ne l’avais pas prévu. Il me manque trop de choses au niveau hygiène pour que ce soit acceptable mais c’est le souhait d’Alain, il faut qu’il s’y retrouve lui aussi.

Nous abordons ces gens au retour de leur troupeau de chèvres, nous sommes bien sûr les bienvenus. A peine descendus de voiture que la cérémonie du thé démarre. Le lait de chèvre suit et enfin un grand repas couscous est servi. C’est bon. Plusieurs femmes s’activent pour nous servir, c’est toujours aussi gênant.

Le repas terminé, on assiste chez les voisins à une soirée chant traditionnel. Mais je suis morte de fatigue, je m’endors pendant les chants, j’ai honte mais je n’arrive pas à me contenir. Il faut que je signale que je fais une allergie aux moustiques. J’ai une poussée d’urticaire. J’ai un œdème à chaque jambe.

Malgré mon état second, je comprends que la plupart des chants sont des parades amoureuses. Ce n’est pas que la légende qui le dit. Il se passe des choses parmi les nomades présents que je n’arrive pas à saisir. Cela rit, cela danse. C’est un vrai spectacle poétique sous la tente.

On dort sous la khaïma au milieu de toute la famille. Nuit horrible pour moi, j’ai l’impression que mes jambes n’existent plus et en même temps, je suis prise de démangeaisons indescriptibles. Je me pommade toutes les deux heures environ.

Mardi 18 :

Nous passons la journée dans ce village  au milieu des bêtes et des quelques familles qui ont choisi le nomadisme pour survivre à leurs besoins. Ils viennent dans ce lieu  le temps de l’hiver pour faire paitre leurs bêtes. Ils repartiront l’été revenu.

Quelques enfants pétillants de malice égayent la communauté. Je fais des photos de toutes ces personnes et le leur enverrai.

Les chevreaux gambadent de pierre en pierre. Ils sont attachés matin et soir au moment du départ et du retour du troupeau. Les chèvres, le matin ont  du mal à abandonner leurs petits, le soir, au contraire, elles accourent pour les  retrouver et peuvent ainsi être traites facilement sur place.

Mon éruption cutanée est à peine apaisée, je passe une partie du temps allongée pour éviter l’œdème. Je continue à passer de la pommade régulièrement, c’est horrible. A un moment, j’ai même pensé retourner à Nouakchott.

Ahmed part à Chinguetti pour la journée, la ministre de la culture, de la jeunesse et des sports vient rencontrer le milieu pour organiser le festival nomade de Chinguetti qui doit avoir lieu le 16 février. Ahmed est en quelque sorte le porte parole de l’association des guides de l’Adrar. Il ne rentre que tard le soir. Il me rapporte des médicaments qui devraient me soulager.

Meddy nous montre ses talents culinaires. Il nous fait un plat de spaghettis cuits à point. Le soir un nouveau couscous nous est servi, les graines sont  fabriquées par les femmes de manière artisanale. Nouvelle séance de chants mais je me couche, trop fatiguée pour y assister. En plus, je viens de me faire poser du henné sur les pieds pour réduire les écarts de couleur qui sont dû au bronzage de mes nus pieds. J’ai surtout un rond sur le dessus que je voudrais estomper, c’est plus qu’original !

Mercredi 19 janvier : Départ dans le désert.

Réveil embrouillé, j’ai suivi la lune dans sa trajectoire. Instants psychédéliques dus à la situation : ces gens autour de moi qui dorment enroulé dans d’énormes couvertures, la tente, le ciel étoilé et cette lune éclatante qui illumine toute la brousse environnante.

Quelques ronflements m’ont réveillée, à un moment j’ai même dû virer les pieds d’Alain qui étaient tombés sur moi.

Le déjeuner à peine terminé, Ahmed dit : « Préparons nous psychologiquement ». Mais c’est déjà trop tard, dans la foulée, le départ est donné. Pas le temps de dire au revoir à la famille, de remercier toutes ces femmes.

Nous commençons par traverser des étendues de pierres et d’arbustes car le désert, ce n’est pas que du sable. Il est aussi souvent recouvert de pierres, de roches. Il faut adapter son pas pour ne pas ramasser des piquants sur les orteils. Mes nus pieds vélos ne sont pas adaptés à la randonnée… Les cailloux s’estompent progressivement mais les piquants demeurent. Nous marchons à un bon rythme pendant quelques kilomètres sans doute.

A un moment, nous atteignons le puits pour faire le plein des jerricans d’eau. C’est Meddy qui est en partie chargé de la manipulation. En même temps, les premières dunes apparaissent.

Nous rencontrons des troupeaux sur notre passage, chèvres, chameaux, moutons. Longs conciliabules avec un berger. La discussion semble très animée. J’en fait la remarque à Amhed qui m’explique qu’il voulait acheter un mouton mais que le prix proposé par le berger est trop élevé. Tant mieux pour moi, je n’aime pas les tueries d’animaux.

Nous franchissons le premier cordon dunaire de la journée. Nous allons désormais monter et descendre les dunes pendant le reste du séjour.

L’heure du repas approchant, c’est la pose casse croute. Mais avant, il faut satisfaire à la cérémonie du thé.  C’est la première chose qui compte. Trois pierres sont à peine rassemblées que le feu est déjà lancé. Pour ces hommes du désert, c’est vital, le thé, c’est la récompense suprême après la marche.

Ce midi, c’est du riz qu’Amhed a prévu au menu. Il va nous le cuisiner dans le chaudron de fonte qui fait partie des ustensiles de la caravane. C’est une recette de sa Maman. Quand il en parle, son visage se transforme. C’est parait-il une femme très énergique d’une soixantaine d’années qui déborde de vitalité après avoir élevé ses 12 enfants.

Au départ, tout s’est déroulé tellement vite que je n’ai pas réalisé  ce qui m’arrivait. Maintenant, tout est différent, j’observe mes compagnons du désert. Je ne sais pas si je peux parler de caravane. Deux chameaux la compose et trois hommes : le guide Ahmed, le chamelier El Wen, et Meddy, le plus jeune, l’homme à tout faire.  Les chameaux ne sont pas toujours faciles à équiper. Chaque fois qu’El Wen passe les cordages, ils se rebellent. Le chargement terminé, ils emboitent  sans problème le pas au chamelier. C’est sans doute cette harmonie qui leur permet de faire corps avec le désert,  j’ai l’impression qu’ils parlent le même langage. Ils cheminent désormais ensemble sur ce sable imberbe de toute trace. El Wen adopte un rythme léger, il l’effleure d’un pas aérien.  Il marche principalement sur l’arête des dunes. C’est gracieux, tout simplement beau à voir.

Donc, on se met en route relativement tôt le matin et on s’arrête en fin de matinée pour préparer le repas. Après, le soleil est brûlant, on attend qu’il diminue, la sieste est alors de rigueur. Puis, tout le monde se réactive pour les derniers kilomètres à parcourir dans l’après midi. Nous marchons ainsi environ pendant une heure et demie.

Le soir, même scénario pour la préparation du repas. Les chameaux sont libérés mais entravés d’une petite corde afin qu’ils ne s’éloignent du campement, si bien qu’ils peuvent être livrés à eux-mêmes, ils cherchent eux même  leur nourriture tandis qu’El Wen du haut des dunes les surveillent régulièrement.

Nous dormons au pied du cordon dunaire. Nous nous sommes arrêtés à cet endroit car après il y a un village nomade. Je préfère que l’on soit isolé de toute civilisation, j’ai envie de respirer le désert d’une manière solitaire. J’ai besoin de solitude pour faire corps avec l’environnement. J’essaie de m’évader le plus possible.

 J’escalade les dunes, pieds dénudés, pour sentir la fuite du sable  et entendre la symphonie  de ses grains, marcher sur l’arrête, pour me remplir du désert.  Belle émotion, je veux vivre seule, librement, l’arrivée du crépuscule. La beauté du désert à cette heure n’en est qu’accentuée. Une légère bise a soufflé toute la journée. Il paraît que « les dunes changent sous l’action du vent, mais le désert reste toujours le même ». C’est ce que dit un proverbe arabe. Je veux bien le croire. Elles s’étalent là devant moi. Je sais que tout va changer, en l’espace de 45 mn, c’est rapide,  c’est le miracle qui se reproduit chaque soir. Jusqu’ici, j’ai traversé progressivement sur ma gazelle les longues étendues, le désert m’a saisi progressivement par étape, par pallier.  A Nouakchott, j’y ai été plongée en l’espace d’un instant sans que je n’y sois préparée, ce fut un bonheur intense, l’accomplissement de mon rêve, mais ce fut  trop rapide. Là, je le vis profondément. A l’instant précis, je ressens comme un chamboulement qui me vide de mes turpitudes et me remplit d’autres choses. Les reflets dorés accentuent les formes de cet océan de sable.

Après le repas du soir, El Wen nous confectionne un pain de sable. Je n’y crois pas mais c’est fait en peu de temps. Incroyable. Tout est prêt dans des petits sachets de plastique soigneusement noués, c’est-à-dire : la farine, la levure, le sel. Les rations sont justement calculées. Il pétrit la pâte avec autant d’adresse que s’il était boulanger et termine par des frappes  violentes. Elle  gonfle près du feu dans un plat couvert.

Je pose la question idiote qu’il ne fallait pas. « Mais en cuisant, il va y avoir du sable partout ? » Ahmed n’est pas content de ma naïveté. M’en fous. Lui joue avec moi.

En attendant, la cuisson, Ahmed nous compte les histoires du désert. Il a appris le conte. C’est du style de La Fontaine, il y a toujours une morale de l‘histoire. Le pain maintenant cuit tranquillement, on voit le sable qui gonfle, les odeurs parviennent à nos narines. Ce sont les tests de la bonne cuisson. A un moment, il est retourné.

Puis, c’est le final. El Wen sort une superbe miche qu’il va gratter énergiquement. Il nous la fait goûter. Il est excellent, et surprise ou magie du désert, je ne sens aucun grain de sable !

Entre temps, la lune a fait son apparition. C’est la pleine lune. Le lever est aussi remarquable que celui du soleil. Je retrouve les mêmes scènes que sur le voilier. Peut-être aussi parce que je suis dans la même harmonie avec les éléments et que je dispose de tout mon temps pour capter les moindre détails ?

On dort en carré autour du feu comme pour se protéger du froid de la nuit.  Le site est éclairé naturellement, pas besoin de lampe frontale. La nuit est fraîche, nous sommes tout simplement bien et nous dormons paisiblement sous les cieux divinement étoilés.

Jeudi :

Les premières lueurs de l’aube me réveillent.  La coloration rosée des nuages annoncent une journée prometteuse.  Le feu pétille déjà, bien que le jour ne soit pas encore levé.

Je laisse les hommes déguster le thé et avale mon petit déjeuner quelques temps plus tard. Le pain d’El Wen est grillé à la braise. El Wen et Meddy manillent la braise comme nous, nos ustensiles de cuisine. C’est impressionnant ce  qu’ils en font, ils vont même l’éteindre pour emmener le charbon afin d’activer plus rapidement le prochain feu. Ces deux là se complètent bien.

Petite toilette dans la dune, je sens le départ imminent. Pas le temps de réfléchir, c’est déjà parti. Et là, nous allons en prendre plein nos yeux. Nous franchissons une mer de dunes. Nous n’irons pas loin car le nomade proche nous attend. Tout de suite, il reproche à Ahmed qu’on ne soit pas venu dormir chez lui. Je les laisse s’expliquer mutuellement. El Wenn, se fait disputer par l’homme, puis ensuite par la femme.

Une légère brise nous accompagne. Dans le désert, le vent ne cesse que rarement. Nous continuons à marcher. Nous apprenons que l’on va manger dans une palmeraie. C’est un homme entreprenant qui a aménagé ce coin merveilleux. Tout est désormais à l’abandon avec la chute du tourisme. C’est la désolation totale. Le repas se confectionne dans un espace libre au milieu des palmiers dattiers. C’est exotique. Il y a une case pour la sieste avec des matelas, des toilettes, des puits  permettent d’arroser les palmiers. Des arbustes à fleurs très élégants prospèrent ici et là, c’est sympathique mais il manque l’essentiel, la présence d’une âme…

A un moment Ahmed dit qu’il va faire une course, il veut bien emmener Alain avec lui, pourquoi pas ? Je ne propose pas de les accompagner, je suis bien là où je me trouve. J’en profite pour flâner dans la palmeraie.  Quand je vois l’investissement en travail pour l’entretien du site, je suis désolée de constater un tel abandon.

Entre temps, El Wen est aussi parti au village, quand les hommes reviennent, je comprends tout. Ils dissimulent  un jeune chevreau tué. Ils sont respectueux de ma sensibilité et vont effectuer le dépouillage très discrètement, merci de m’avoir épargné ce sacrifice.

Nouveau repas de riz ou de pâtes, je ne sais plus ? Et bonne sieste sous l’abri réservé à cet effet. On dort bien et beaucoup. Nous repartons par les étendues sableuses, le but final n’est pas très éloigné. Nous allons dormir dans un espace qui nous attendait, c’est tout du moins ce que j’imagine quand je le découvre. C’est un creux au milieu des dunes. L’installation est aussi rapide que d’habitude. Il doit être 17 h environ, le soleil illumine le décor. C’est sublime.

La face Est abrupte, semble découpée à la scie. L’orange domine, une deuxième couche plus claire supporte le reste. En fait, je pense que ce sont les effets d’éboulement du sable qui forme des couches qui se superposent. Les trois autres côtés sont de vraies dunes. Je prends un plaisir immense à me promener dans la lumière qui commence à annoncer un couchant imminent. Mais Ahmed me sort rapidement de ma méditation du désert. La cuisine est déjà prête. Je suis à la fois surprise et ahurie. Il m’explique que c’est le premier service, il y en aura un deuxième plus tard. C’est un plat de viande unique, celle du chevreau. Il est dévoré le temps d’en parler. Je vois encore ces hommes se jeter dessus, craquer les os de la bête avec leurs dents et aspirer la moelle des os. Quel festin pour eux. Il en reste une partie dans la cocotte, elle servira à cuire le riz du deuxième service.

J’abrège les détails, nous avons droit à une nouvelle démonstration  de pain de sable avec plus d’explication sur la méthode, j’en profite pour filmer les différentes étapes de la cuisson.

Je suis aussi allongée dans le sac de couchage, je ne sais plus où est le jour et la nuit. Je n’ai pas quitté la même tenue depuis que je suis partie et je me suis à peine nettoyée, à peine rafraichi le visage, oui, c’est possible mais dire que je suis à l’aise, non, pas vraiment. Le passage vers la nuit se fait donc naturellement pas besoin de mettre de pyjama !

J’essaie de partir dans le sommeil, seulement ce soir, c’est compliqué, Alain démarre sa machine à vapeur en dix minutes, cela durera jusqu’au petit matin. Une heure plus tard, je réussis malgré le bruitage de fond à rencontrer les bras de Morphée.

Mais à une heure du matin, la locomotive doit franchir un col car les bruits s’intensifient. Je pars dans des rêves étoilés mais impossible de retrouver le sommeil. Ahmed me rejoint bientôt pour les mêmes raisons.  Devant l’impossibilité d’écouter le silence de la pleine lune et des étoiles, nous discutons dans la nuit.

Nous admirons ensemble ce clair de lune,  ses reflets sur les dunes, tout nous parle, la nuit, le silence est encore plus impressionnant, dommage qu’il soit perturbé par ce ronfleur incorruptible.

Le ciel est moutonneux et la lune se ballade au dessus, c’est un spectacle à l’envers, d’habitude, c’est ce que l’on voit de l’avion. Plus tard le ciel, retrouve sa pureté sur moitié de sa surface. La lune faisant la coupure.  Ahmed me dit que la journée prochaine sera belle.

El Wenn se réveille ensuite, tout ce petit monde se lève et vagabonde dans la nuit. Alain les apercevra mais repart aussitôt dans ses songes agités. Je me rendors vers 4 heures.

Au petit matin, je l’entends se lever en super forme et dire : «J’ai super bien dormi et vous ? ». Les Mauritaniens très polis ne répondent pas ! J’expliquerai à Alain qu’un ronfleur nous a empêchés de profiter du silence d’une nuit désertique. Il est désolé…

Je marche au radar et monte sur la plus belle dune pour faire petite toilette à l’abri des regards masculins. Quel spectacle, le soleil est sur le point d’apparaitre. J’aurais envie de passer la journée à cet endroit. Je suis pieds nus dans le sable humide, seule dans le silence. Bon j’arrête. C’est difficile de rendre compte de ses sentiments. Ce qui est vécu dans un tel environnement est tellement puissant, émouvant que les mots parfois me manquent d’autant plus que les conditions dans lesquelles j’écris sont assez hasardeuses.

Je me laisse glisser dans le sable mou en descendant et Ahmed me sort à nouveau « Prépares toi psychologiquement, on va partir. Le problème, c’est que, c’est le top du départ. Je fourre rapidement les derniers objets dans mes bagages et c’est parti. Je marche à peine droit, la marche dans le sable n’est pas évidente, je pars pieds nus les chaussures à la main, la sacoche guidon en bandoulière. Je n’avance pas beaucoup, je n’arrive pas à quitter cet endroit et le prend en photo dans tous les sens. En plus, je commence à avoir des courbatures, la marche n’utilise pas les mêmes muscles que le vélo. Le soleil monte mais le ciel est légèrement brumeux.

Nous arrivons bientôt sur l’oued de Chinguetti. Nous le suivrons sur plusieurs km. Nous  traversons  un petit village que l’on dirait miniature avec une reproduction de la mosquée de Chinguetti. Nous apercevons ici et là des palmiers. Le sol ondule de vaguelettes de toutes sortes. Je ne manquerai pas de les prendre en photos, j’ai de quoi en faire un diaporama.

El Wen s’est préparé à rentrer chez lui. Nous lui disons au revoir et le voyons s’éloigner de son pas toujours aussi leste, ses deux chameaux dans son sillage. J’aurai voulu qu’Ahmed lui traduise ce que je pensais de lui mais il n’a pas accepté parce que s’il lui arrivait un incident dans sa vie, il dirait que je lui ai porté malheur. Je voulais lui dire que j’admirais son énergie, son élégance sur le sable, sa manière de survoler le désert…  Qu’il garde sa vitalité, c’est tout ce que je lui souhaite.

Je traîne loin derrière le duo parce que je n’ai pas envie que cela se termine même si j’ai des ampoules et que mes muscles sont fatigués de mes folies ensablées. Je ne vois plus mes deux compères à l’avant. Pas grave, je marche sur leurs pas. Plus tard, à l’horizon, je vois quelqu’un se pointer. J’approche, ils sont dans une auberge, thé ou café ? Non merci, je préfère du froid. Difficile de faire comprendre à des Africains qu’on ne supporte ni le thé, ni le café.  C’est justement, le « Maure bleu. Tout le portrait d’Ahmed qui a préparé l’habit de circonstance. Nous ne manqueront pas de le prendre en photo devant la pancarte de cette auberge.

On discute avec le responsable de l’hébergement. Toujours les mêmes discussions. Personne, rien dans son auberge depuis… il ne sait plus, c’est affolant, que répondre ? Souvent, nous sommes considérés comme les ambassadeurs de la France, on nous prend à témoin pour intervenir auprès de notre gouvernement, mais là, personnellement, je ne peux plus, j’ai envie de me sauver.

Ce que l‘on fait rapidement pour aller visiter la bibliothèque de Chinguetti et découvrir les fameux livres anciens. Je m’attendais à découvrir de vastes salles de parchemins, nos esprits sont formatés par la culture française. Hélas, il n’en est rien, heureusement que le présentateur est un vrai conteur, sinon, j’aurais été plutôt déçue de la visite.

Ensuite petite visite, de la ville ou plutôt de ce qu’il en reste car nous la découvrons en ruine comme si les bombardements était passés par là. Ville déclarée au patrimoine de l’Unesco, qu’est-ce que l‘on attend pour faire le minimum de sauvegarde avant qu’elle ne disparaisse complètement  sous le sable ou avant que les maisons ne s’éboulent ? Il y a des choses que l‘on a du mal d’imaginer, il y a vraiment péril en la demeure.  Combien de chantiers de jeunes pourrions-nous organiser ?  Après 2012, quand la France aura retrouvé ses esprits ? Pourquoi pas ?

Nous dirigeons ensuite vers la maison familiale d’El Wen pour y manger et y passer la nuit. Dés l’arrivée, j’éprouve un sentiment de lassitude, le désert est déjà derrière, il n’y a plus d’intérêt à rester ici je propose que nous avancions le départ pour arriver plutôt à Nouakchott et profiter de nos hébergeurs avant qu’ils ne reprennent le travail le dimanche.  C’est chose faite. Ahmed en organisateur parfait (sauf pour la préparation psychologique du top départ) nous commande taxi, réservation des places de bus, prolongation des visas… Nous prenons à nouveau le taxi Mercédès, celui qui vole au dessus des trous de la piste. Nous partons à 4, mais nous nous retrouvons rapidement à 6 puis à 7 dans la voiture, 4 à l’arrière, dans les virages en descente, trop drôle, une impression de « bidasses en vadrouille pour ne pas dire en folie ! », nous pénétrons  à nouveau le massif montagneux, par la nouvelle route qui évite  le fameux passe d’Amogjâr, dommage. Nous mangeons et dormons à Atar.

Nuit agitée par les moustiques, les allées et venues, les bruits du toit et surtout petite nuit car notre guide vient me réveiller d’une « manière psychologique » à 4 h 30 alors que je devais me trouver dans le sommeil profond. Ceci pour prendre le bus à 8 h 30. C’est la première fois que j’ai autant de mal à faire face. Je suis hors de moi. Je m’en veux, de réagir ainsi mais trop c’est trop. Après ces temps merveilleux, il ne faudrait pas que ce retour annule l’enchantement des jours précédents.

 En plus pas de lait pour déjeuner. Il nous presse à quitter la maison, nous arrivons à la gare des bus à 6 heures du matin, pour se « préparer psychologiquement » à prendre le bus, n’est-ce pas Ahmed ? Je m’assois sur le trottoir, il fait froid. Les premiers individus n’arriveront que vers 7 h 30 ou 8 heures. Ahmed connait tout le monde, il est proche de la perfection, sauf pour le départ qu’il n’a jamais arrivé à planifier correctement ! Il est responsable de l’association des guides régionaux et prend en charge leur formation. Son sens des responsabilités en fait un référent non négligeable pour le ministère du Tourisme et de Point Afrique. Il me vient une idée, peut être devrais-je lui offrir un jour une montre, c’est peut-être le seul problème ?

Atar s’éveille, les passants nous dévisagent et nous saluent poliment. Le Mauritanien n’a pas la même jovialité que le Sénégalais. Il est gai mais n’a pas le même sens de l’humour désinvolte que ses congénères. Il nous sollicite moins et n’insiste pas dans la relation d’aumône si le touriste n’est pas disposé à répondre. J’apprécie vraiment.

Le responsable de l’agence de transport arrive sur les lieux, c’est un ami d’Ahmed, il est désolé de nous découvrir sur le trottoir et nous fait entrer dans une salle où le thé va être servi rapidement. J’essaie de me réchauffer en attendant le départ du bus. Je mange un peu et bois un jus de fruit, j’ai beau essayer de compenser, mon bol de lait me manque. Je rêve au petit déjeuner que je vais m’offrir à mon retour : lait, ovomaltine, pain grillé, beure salé de Noimoutier et confiture d’orange amère de ma production ! Oui, j’ai le droit de rêver, l’espoir fait vivre, non ?

Ahmed nous a réservé des places à l’avant du bus. C’est une bonne idée, car nous sommes encore les deux seuls étrangers, il vaut mieux que nous soyons visibles pour les formalités. Le départ est enfin donné, l’enchantement du paysage sous le soleil éclatant me transporte et me comble d’allégresse, j’ai déjà envie d’y revenir dans de meilleures conditions.  La ville de Chinguetti est en danger. Pourquoi-pas faire venir des chantiers de jeunes pour restaurer quelques maisons ? Je voudrais me ranger tranquillement mais dès que j’en ai fini avec une action, il y en a une autre qui surgit. Non, il faut que je me calme. Je peux par contre faire le lien avec des associations françaises de réhabilitation.

Nous sommes autant contrôlés qu’à l’aller, 7 à 8 fois sur 200 km, mais les gendarmes le prennent avec humour, d’ailleurs l’un d’entre eux nous rejoint dans le bus, timide au début, il se déride par la suite et finit dans la discussion avec Alain.

Nouvel arrêt à mi chemin, petit thé pour les amateurs, jus de fruits et pain artisanal pour moi. J’adore ces petits pains cuits au feu de bois. La fin du parcours laisse derrière moi une certaine nostalgie de désert. Les dunes n’ont pas complètement disparu, je les aperçois à l’horizon, des dunes sans fin. Elles m’accompagneront jusqu’à l’arrivée.

Voilà, c’est fini, j’avais soif d’infini, je viens de traverser de vastes espaces ; j’ai pénétré dans la magie du désert. Certains le reçoivent comme un parcours initiatique, pour d’autres, toute traversée du désert s’apparente à une quête. Ce qui est sûr, c’est que « Personne, après un certain temps au Sahara, n’est plus tout à fait le même » écrit Paul Bowle dans le carnet de voyage intitulé Leurs mains sont bleues. « Nul homme, après avoir connu cette vie, ne peut demeurer le même » affirme encore l’explorateur Wilfred Thesiger, il portera à tout jamais, gravée en lui, l’empreinte du désert, dont le nomade est marqué comme au fer rouge. Pas de doute, je le vis comme cela, je n’ai que le regret de n’avoir pas vécu davantage la solitude pour m’en imprégner encore davantage.

Je pense sincèrement que si on veut mettre une pause dans sa vie, se la changer, devenir autre, le désert est un véritable lieu de ressourcement. « Il t’offre son espace pour te nettoyer, il te fait chavirer, il t’ensorcelle, te fascine ». Le désert est un lieu de rêve, un lieu poétique. Pour Saint Exupéry, le désert où l’on s’égare est le lieu d’une solitude féconde et d’un retour à l’essentiel. Je le pense sincèrement mais à condition au retour de savoir mieux se retrouver.

 .

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Projection du diaporama

Projections à venir :

Bar le Duc 24 mai Centre Social de la Libération 20 H 30

 Dijon 1er juin 18 heures Siège de l’UD CFDT 7, rue Chaussier

Lille 8 juin Maison de quartier 20 H

Nancy 9 juin Maison du vélo, 54 rue Charles III 20 H

Festival du voyage lent, sud du Larzac (début août)

En projet Metz, Verdun, St Dié. A la rentrée scolaire de septembre : intervention dans les lycées et collèges.

6 projections ont déjà été réalisées :

Paris le 2 Avril

Forum Social des Villages des Monts du Lyonnais le 10 avril

Nancy 13 mai MJC Bazin (tout public)

Nancy  14 mai (FSL de Nancy)

Ligny en Barrois 18 mai

Naix aux Forges le 20 mai

Ce diaporama relate bien sûr le périple en vélo entre Nancy et Dakar. Il présente les différents objectifs du projet :

- Montrer aux citoyens qu’un  » autre monde est possible  » et que chacun peut le changer à son niveau.

- Sensibiliser la population à la défense des droits économiques, sociaux et culturels des pays du Sud.

- Proposer des actions pour faire pression sur les décideurs par le biais des appels urgents et les campagnes de lettre de Peuples Solidaires.

- Présenter les actions engagées dans le cadre du G8 – G20

Toute association ou tout groupe de personnes intéressés par ce diaporama peut me contacter par le biais de ce site pour une projection (en fonction de mes disponibilités).

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Mon cadeau de Noël à Pâques !

Les cloches viennent de m’apporter mon cadeau de Noël. Embourbé dans la neige, le traineau de Père Noël a fait du faire sur place. Il n’a pas pu me le livrer à temps. Il est allé faire un détour par Tan-Tan au Maroc et sûrement grâce à la complicité d’un jeune postier  de la localité, il a été retourné à son expéditeur Natalie. Dommage, il aurait été le bienvenu et m’aurait peut être évité certains désagréments, en voici le contenu :

De la lecture, le N.Obs du 9 au 15 décembre.

Des produits de survie de toutes sortes :

-        Un bracelet anti moustique,

-        Un gel douche surgras (Klorane)

-        Un petit flacon « fleur de vigne », eau fraîche énergisante (vinothérapie)

-        Une série de cinq petits pots de confiture « bonne maman »

-        Un tube de végébom du dr Miot

-        Deux paquets de gâteaux

-        Un flacon « belle color » pour faire disparaître mes mèches de couleur orange.

-        Un tube de protection pour les lèvres

-        Et un bocal de foie gras accompagné d’une demi-bouteille de Sauternes…

Merci Père Noël d’Hangenbieten, dommage que je n’ai pu me servir de tous ces bons produits et déguster toutes ces petites douceurs.

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Jeudi 3 février : Saint Louis – Darussalam 90 kms

Hier, nous sommes restés à St Louis. Nous avions un jour d’avance, mieux valait le passer à la ville où il y a à découvrir que d’arriver en banlieue de Dakar où la vie n’est plus ce qu’elle était. Alain et Lisa sont allés au parc du Djoudj. Pendant ce temps, j’ai réglé tous les rendez-vous avec les syndicats, avec le responsable Régional de Pinord (Programme d’appui à l’accès aux Initiatives du Nord) notre partenaire qui se prénomme Sacoura. L’après midi, mise à jour des textes et cyber café.

Aujourd’hui, la nuit  fut perturbée, cauchemars, je suis tombée dans un grand trou où grouillaient des dizaines de rats et souris. J’ai hurlé et réveillé toute la chambrée. C’est vous dire, que l’environnement maison pour tous m’a bien perturbé…

A 6 heures,  réveil brutal ! Ce sont les « Bidochons  à la découverte du Sénégal », des touristes français  qui ne peuvent se passer de leur pastis et de leur whisky. Ils ont tout simplement oublié qu’ils se trouvaient dans une auberge de jeunesse et n’étaient pas seuls au monde.

Petit déjeuner de pain blanc allégé, la baguette est loin de peser 250 grammes. Où sont les petites boules fraîches du Maroc ?

Nous pourrions partir au lever du jour mais nous attendons Amadou qui vient nous saluer. Enfin il arrive. Alain lui pose une question sur les syndicalistes et c’est parti pour de longues théories. Je fais constater ce que j’ai vécu, entendu depuis que je roule avec lui. Sa femme  compatit. Au petit matin, j’aime ma tranquillité d’esprit pour prendre la route dans les meilleures conditions et profiter au maximum de l’environnement -poétique- qui m’est offert.

Un groupe  de vendéens avec qui j’ai bien discuté se trouve également  dans l’auberge. Ils partent visiter la région du fleuve. Amadou les invite à Kassack, je leur conseille également M’Bagam. C’est parti, les filles prennent rendez-vous avec les gens du village. Ils visiteront également la CSS (Compagnie sucrière du Sénégal).

Il y a des gens qui entrent dans l’auberge qui regardent, je trouve bizarre. Je croise le regard d’un gars qui ne me semble pas inconnu. Je me dis qu’il ressemble à un gars que je connais de Grenoble. Il s’avance vers moi sans rien dire, eh oui, c’est bien David Delhommeau, de Ritimo (Réseaux d’information à la solidarité internationale), je le côtoie régulièrement au niveau d’Educasol , la plate forme d’éducation au développement du CRID.  Drôle non. Enfin, non, il vient comme moi au forum social, sauf qu’il est venu en bus de Dakar et en avion pour arriver à Dakar. Il vient participer à la journée sur l’économie solidaire qui doit avoir lieu en amont du FSM à Saint Louis le 4 février.

Alain et moi repartons tranquillement, passons sur le pont Eiffel toujours en réhabilitation. La partie ancienne n’est pas facile à passer car à chaque instant la roue peut se coincer dans les fentes et lacérer le pneu.

Nous prenons quelques photos en passant et c’est parti. Nous avions oublié le vent, en bord de mer, nous le retrouvons de pleine face. Je fais avec…

La circulation est acceptable malgré mes craintes. Le paysage de verdure est reposant. Tout baigne. Je connais bien le secteur puisque je suis venue avec la communauté de communes du canton de Void (Meuse) pour démarrer un jardin d’enfant. Je traverse Rao en pensant au Sous Préfet de l’époque avec qui j’avais bien sympathisé, il en est passé deux depuis.

Nous atteignons Fas (30 km au sud de Saint Louis) dans un temps raisonnable, je souhaite m’y arrêter pour voir comment cela fonctionne. C’est magnifique, le plus bel accueil de petits que j’aie jamais  rencontré au Sénégal.

La directrice me reconnaît, elle ne comprend pas pourquoi je ne suis jamais revenue, ni pourquoi les jeunes et les élus n’ont pas donné suite. Son Mari et elle n’avaient pas nos coordonnées, sinon, ils nous  auraient contactés. Ils n’ont pas compris pourquoi le groupe n’a pas terminé les travaux. Je lui explique que je suis venue moi-même apporter l’argent, plus de 3 000 000  de CFA à l’époque, que j’ai remis cette somme au maçon, au ferrailleur pour la porte et le reste au Chef, qu’ils  ont refusé que j’achète les matériaux, etc,etc. Elle n’en revient pas, le chef ne leur a remis qu’une somme de 100 000 CFA et leur aurait dit que l‘on a pas donné suite. Ahurissant, mais véridique. Ce couple d’enseignants ne se sont pas démobilisés, après bien des difficultés et des recherches, ils ont trouvé la ville de Monaco pour terminer le mur et construire deux autres salles de classe. Aujourd’hui, l’ensemble que l’on peut comparer à une école maternelle se compose de trois classes, un bureau pour la directrice, des toilettes et d’un patio. Le tout est agrémenté de fleurs bien vivaces, c’est la bonne surprise.

Pourtant, là, pendant le chantier, le Conseiller Général – Maire, André Jannot  avait fait le déplacement en personne avec la Vice Présidente de la Communauté de Commune. Je n’étais pas seule, parce que l’on me dit régulièrement : « tu es une femme, les affaires en Afrique, elles se traitent entre hommes… ». Et André en imposait. Je connais peu de site où les partenaires européens sont satisfaits. Souvent, ce sont des choses qui arrivent, en moins important peut être, d’un point de vue financier, et souvent les objectifs fixés ne sont pas atteints. C’est cela l’Afrique…

Il faut accélérer, nous avons rendez-vous à Louga et la route est encore longue. Zut Alain crève. Une de plus. J’en profite pour aller me rafraichir à l’alimentation du village mais je ne reconnais personne.

Les trois personnes que j’aurais envie de revoir ne sont pas là. Le copain de Michelle, Babacar, aussi mais il travaille à Ross Bethio, et le vieux Sarr mais celui là c’est un bandit. Ce serait pour lui dire ses quatre vérités. Il fait partie de ceux qui ont détourné l’argent.

La crevaison réparée, nous enfourchons à nouveau le vélo. Louga, c’est encore loin, il nous reste plus de 30 km  à parcourir. On vous dit 50 mais les km sénégalais n’ont pas la même distance que ceux de France ! Il faut toujours en ajouter. Donc, pour ce qui nous concerne, il faut plutôt prévoir 70 que 50. Les responsables syndicaux sont en réunion pour la matinée, justement, ils préparent leur participation au forum. En attendant notre arrivée, Lisa résume notre action, Fatou doit traduire. C’est bien, tout le monde s’y met. Pendant ce temps là, nous essayons d’accélérer, mais la chaleur prend des proportions différentes, j’ai tout simplement chaud et je bois énormément. Nous arrivons à Louga, pas vraiment exténués mais dans un drôle d’état. Nous mangeons puis, je présente l’action à l’assemblée. Ils sont nombreux, sûrement plus d’une trentaine et sont très intéressés car tout le monde est conscient que l’accaparement des terres, c’est une nouvelle forme de colonialisme.

C’est devenu le nouveau fléau actuel.

Plusieurs personnes témoignent dont l’un d’entre eux .Ce dernier  ne veut pas arrêter de parler ! Tout le monde rit, la traduction en français est abrégée, l’humour ne ressort pas, dommage. Trois responsables restent après la rencontre et me donnent un témoignage précis sur  ce qu’ils vivent et connaissent de la situation. Je filme l’intégrité de leur discussion.

Un président demande quelle suite nous donnerons à cette action. Pour l’instant, je ne sais que répondre. Je découvre que le phénomène s’amplifie de jour en jour.  Si les responsables des associations de paysans sont sensibilisés, ils ne sont pas entendus par la base, c’est à ce niveau que nous devons agir. La distribution de milliers de tracts n’est pas impossible si je trouve une voiture pour les faire transiter de France au Sénégal. Il faut attendre le déroulement du FSM et faire connaître les décisions prises par rapport à l’accaparement des terres. La  suite restera à définir.

Je n’ai pas vu passer le temps, quand nous repartons, il doit être 17 heures. Le responsable nous a trouvé un hébergement dans un village proche. Il y a encore une dizaine de kms pour y arriver mais il faut sortir de Louga, des routes ensablées. C’est plus fatiguant de trainer le vélo sur quelques centaines de mètres que de le chevaucher pendant une heure sur une route normale.

Nous avons mal compris le lieu de rendez-vous. Au village pressenti, personne ne peut nous renseigner, nous ne trouvons pas nos accompagnateurs. Nous irons trop loin. C’est la première fois du périple que nous revenons sur nos pas, c’est drôle ! Nous sommes hébergés dans le local de la fédération des associations paysannes de la région de Louga. Encore un hébergement de fortune, mais mon matelas n’est pas mauvais, c’est cool, Fatou et Fatima nos deux interprètes woolofs ne peuvent en dire autant, les ressorts sont détendus et leur pétriront le dos toute la nuit.

On nous confectionne un repas cannibalesque à base de bœuf. Dommage qu’il ne soit pas accompagné du traditionnel riz. Le soir, le président de la fédération locale vient nous rendre visite et nous exprime les mêmes inquiétudes que celles que nous avons reçues cette après midi. Il dit que quelqu’un est venu avec une lettre comme quoi on lui avait donné de la terre (en pot de vin), un député serait venu lui demander 200 ha pour installer une usine de transformation de céréales, lesquelles ? Tout se fait dans des conditions souterraines. Rien n’est officiel.

En arrivant au Sénégal, je me demandais si je n’allais pas faire de l’ingérence en m’immiscent dans ces problèmes d’accaparement. N’était-ce pas une obsession de « toubab » (surnom donné aux blancs par le sénégalais) ? J’avoue que j’avais quelques angoisses qui se sont complètement levées depuis que l’action s’est réellement engagée  à Ross Bethio avec les partenaires de Pinord.

Je m’endors tranquillement, il reste deux étapes à parcourir. L’arrivée approche.

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